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Constructeurs

Geely : Les réalités chinoises

Publié le 3 février 2006

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Après Francfort, Geely poursuit son opération découverte à Detroit. Comme en Europe, le constructeur a annoncé son intention de débarquer sur le marché américain dès 2008, avec la CK, une petite berline à moins de 10 000 dollars US. Même isolé, dans le couloir d'entrée du...

...Cobo Hall, le petit constructeur chinois Geely a fait grand bruit. Après l'Europe, à Francfort, Geely a choisi de poursuivre son tour du monde en passant par Detroit. Un nouveau monde que l'industrie automobile chinoise veut également conquérir. Les doux sourires, voire les ricanements, de la décennie 90, ont laissé place à la perplexité et même à l'inquiétude. Depuis, Nanjing a racheté une partie des actifs de Rover, Landwind est en Europe et bientôt en France et une marque française, Hommell, bat aujourd'hui pavillon chinois ! En effet, les Berlinettes de Lohéac et les moyens de production ont pris la direction de l'Empire du Milieu. De plus, Geely fait partie des entreprises retenues par le gouvernement chinois ayant pour obligation d'exporter d'ici 2010, 30 % de leur production. La conquête est donc une obligation.

30 % d'exportation dès 2010

Après l'Europe, à l'horizon 2008-2009, comme annoncé à Francfort, le 10e constructeur chinois veut s'attaquer aux Etats-Unis dès 2008. Une fin de décade chargée attend ses dirigeants ! Il ne sera toutefois pas le premier puisque Chery (9e dans la hiérarchie chinoise) a déjà annoncé son arrivée fin 2007 avec un modèle équipé d'un V6. Chery table d'ailleurs sur une croissance rapide de ses ventes puisqu'il compte atteindre, dans les cinq années qui suivront son entrée sur le marché, le million de ventes sur le sol américain. Geely semble plus mesuré dans ses objectifs avec à l'horizon 2010, une production totale de 750 000 véhicules dont la moitié serait destinée à l'Europe et aux Etats-Unis. Son modèle de conquête devrait être la CK, une berline 4 portes à moins de 10 000 dollars, du gabarit d'une Clio Symbol ou d'une 206 Sedan. Alors si les modèles présentés à Francfort ou celui de Detroit semblent encore bien loin de nos standards, sous-estimer leurs capacités à progresser très rapidement serait une erreur. Tout s'accélère. Il aura fallu près de 30 années (notamment à cause des quotas) aux constructeurs japonais pour devenir incontournables en occident et moitié moins pour ceux battant pavillon coréen. Alors, si cette montée en puissance, annoncée depuis des lustres, "Quand la Chine s'éveillera…", est aujourd'hui une réalité, il ne faut pas y voir que des points négatifs. Certes les chinois veulent conquérir le monde, mais le monde peut aussi conquérir la Chine. Une réalité dans l'automobile. Imaginons que Geely atteigne son objectif de production en 2010, 750 000 unités, voire même 1 million pourquoi pas, et qu'il exporte 30 % de celle-ci comme le gouvernement l'y oblige, 300 000 Geely prendront la route de l'Europe et des Etats-Unis. Ce serait moins que les ventes 2005 de GM en Chine qui ont atteint 325 000 unités. C'est sûr, la Chine bouleverse et continuera à bouleverser l'ordre économique mondial, mais l'émergence d'un pays avec un tel potentiel de croissance doit être avant tout considéré comme une opportunité. D'autant que, même si les règles économiques sont encore contraignantes du fait de l'interventionnisme de Pékin, l'intégration de la Chine à l'OMC permet de normaliser et faciliter encore les échanges et les implantations sur place. Les constructeurs "installés", qu'ils soient européens, américains, japonais et même coréens, doivent donc redécouvrir le mot conquête, accélérer celle-ci, mais également se préparer à voir débouler de nouveaux acteurs dans leur pré-carrés. Bonnes ou mauvaises, peu importe, mais il s'agit des règles du jeu économique mondial.


Christophe Jaussaud

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