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Constructeurs

Entretien avec Stéphane Labous, directeur général de Chrysler France.

Publié le 24 octobre 2008

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
"Nous allons nous recentrer sur des axes de développement prioritaires"Touché de plein fouet par l'écotaxe, le groupe Chrysler et son réseau vont connaître une année 2008 difficile. En attendant une salve...

...de nouveautés prévue pour 2010, l'année 2009 sera celle de la réorientation du business afin de traverser sans trop de dégâts cette période délicate.

Le Journal de l'Automobile. Au printemps dernier nous avions évoqué la situation relativement délicate du marché français et celle du groupe Chrysler. Qu'en est-il à fin septembre ?
Stéphane Labous. Le marché est toujours délicat, car au-delà de l'effet des mesures fiscales, l'économie n'a fait que se détériorer. Officiellement, tout le monde parle de crise. Cette situation fait naître beaucoup d'attentisme et le niveau général de la demande s'en ressent. Les ventes de petits véhicules ont toutefois augmenté, mais nous ne sommes pas présents, pour l'heure, sur ces segments.

JA. Après un début d'année à 600 commandes par mois, vous étiez remontés à 850. Etes-vous toujours sur ce trend aujourd'hui ?
SL. Nous avons maintenu ce cap jusqu'à fin juin avant de connaître un très mauvais été. En revanche, le mois de septembre a été encourageant et le mois d'octobre sera crucial. Nous comptons sur le lancement du Journey. Jusqu'ici nous avons enregistré 100 à 120 commandes par mois, mais nous espérons passer à la vitesse supérieure en octobre. Dodge reste notre vecteur de croissance avec notamment la Caliber et même Nitro qui, après une chute, s'est stabilisé. Le coefficient de sympathie demeure pour ce modèle, mais aujourd'hui, ce n'est pas un axe de développement à l'inverse du Journey. Quant à Chrysler, la marque était structurellement appelée à perdre des volumes cette année quel que soit le contexte économique ou législatif. Le Grand Voyager réalise de bonnes performances mais sur un segment qui est très impacté. Les 300 C et 300 C Touring font mieux que le marché, mais cela ne représente pas des volumes importants. Le gros débat est évidemment sur Jeep, la marque la plus impactée aujourd'hui.

JA. Justement concernant Jeep, que manque-t-il aux Compass et Patriot qui ont pourtant des performances environnementales plutôt correctes ?
SL. Il y a deux choses. La première, c'est qu'ils restent encore assez méconnus et leurs performances, notamment cette consommation de 6,5 litres aux 100 km, le sont également. La seconde n'est pas directement liée à ces produits mais a également un impact important. En effet, nous passons encore beaucoup de temps, tant au niveau national que dans le réseau, à rééquilibrer les stocks et le mix. Nous avons pris de plein fouet l'écotaxe en décembre dernier et malheureusement nous avions calé notre stock sur un rythme et un mix de vente qui ne pouvaient tenir compte de cette nouvelle règle. Autant de temps et de moyens qui ne sont pas consacrés au Compass et au Patriot qui sont de véritables axes de développement. Aujourd'hui, avec ces deux produits, nous réalisons des volumes proches de l'année dernière mais ce n'est pas satisfaisant. Mais l'inertie du système fait que 2008 est une année de transition pour nous.

JA. Qu'espérez-vous pour cette fin d'année ? Allez-vous finir loin de votre objectif ?
SL. Nous avions réalisé 12 000 immatriculations en 2007 et nous devrions finir l'année entre 9 500 et 10 000 unités vendues mais pas forcément immatriculées du fait des anticipations de décembre. Nous devrions donc reculer de 20 %. Il faut également souligner que nous avons arrêté certaines ventes directes qui, dans cet environnement, n'étaient pas assez rémunératrices.

JA. Quelles sont vos ambitions pour 2009 ?
SL. Notre seul objectif pour 2009 est de consolider notre position. Il serait irréaliste d'envisager une progression significative. Nous allons nous recentrer, travailler sur des axes de développement prioritaires plus marqués que durant les derniers 48 mois. En effet, jusqu'ici la succession des lancements ne nous a pas permis de mettre en place une vraie gestion de portefeuille. Nous avons défini des priorités claires. Sachant qu'à fin 2010, nous allons avoir de nombreuses nouveautés, nous allons donc devoir adapter nos structures pendant ce laps de temps. Avec le réseau, cela se fera avec des plans locaux au cas par cas, pour être sûr d'avoir la bonne taille pour passer ce cap.

JA. Quelle sera la rentabilité de votre réseau pour cette année compliquée ?
SL. L'impact sera indéniable. Cependant, après un premier semestre difficile, il va se lisser sur l'année. Mais la rentabilité de cette année sera faible. C'est une passe délicate, nous soutenons notre réseau au maximum. Nous pourrons faire un meilleur travail en 2009. Dès que nous serons revenus sur un mix plus sain, tous les frais financiers liés à cela vont disparaître.

JA. Votre véhicule du segment B est toujours attendu pour 2010 ?
SL. Effectivement, ce modèle, issu d'un partenariat avec Nissan et fabriqué au Japon, arrivera en fin d'année 2010. Une année 2010 qui verra également arriver des véhicules électriques dans notre gamme. Le groupe a en effet annoncé, juste avant le Mondial, qu'il serait prêt. Peut-être plus tôt que certains ne le pensaient.

JA. Un nouveau pari pour le groupe Chrysler ?
SL. Comme tous les constructeurs, le groupe Chrysler travaille sur plusieurs axes stratégiques de développement. L'électrique sera indéniablement l'un de ces axes, comme peut d'ailleurs l'être la pile à combustible sur laquelle nous poursuivons les recherches en partenariat avec Daimler. Nous serons donc capables de proposer dès 2010 aux Etats-Unis, quelques mois après en Europe, des véhicules électriques. Il faut voir cela comme une diversification, un point très important pour nous et notre réseau.
Puis, pour conclure, dans ce contexte difficile, je pense qu'il est important de continuer à cultiver l'âme de nos marques. La Jeep Wrangler en est le parfait exemple. Nous avons sur ce modèle une clientèle fidèle malgré toutes les contraintes qui existent aujourd'hui. Nous ferons tout pour conserver et renforcer la personnalité de nos produits, pour qu'elle soit différenciatrice, afin de toujours satisfaire ceux qui cultivent un goût de la différence et du plaisir automobile.

Photo : Les Patriot Back Country et Compass Overland annoncent notamment une amélioration de la qualité dans l'habitacle.

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