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Constructeurs

Dernier salon IAA pour Angela Merkel

Publié le 8 septembre 2021

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
La chancelière allemande, qui ne brigue pas de nouveau mandat, a inauguré l'IAA de Munich le 7 septembre 2021. Dans un discours, elle a défendu une industrie automobile qui fait partie de la solution au problème climatique.
Angela Merkel, le 7 septembre 2021, à l'IAA de Munich.

Régulièrement attaquée par les défenseurs de l'environnement, l'industrie automobile "fait partie de la solution" au changement climatique, a affirmé mardi 7 septembre 2021 Angela Merkel, dans un plaidoyer pour ce secteur phare de l'industrie allemande qui tient son salon professionnel à Munich.

 

La visite est incontournable pour tout dirigeant allemand : le salon de l'automobile IAA a accueilli, pour la dernière fois de ses seize années de mandat, la chancelière allemande, venue inaugurer l'évènement. Reconnaissant que la filière automobile avait longtemps "résisté" à embrasser le grand virage de l'électrification, Angela Merkel a salué les progrès accomplis alors que l'IAA fait la part belle aux nouveaux modèles à batterie. "Cela montre que l'industrie automobile n'est pas juste une partie du problème climatique, mais avant tout une partie centrale de la solution", a-t-elle défendu.

 

La dirigeante a insisté sur la nécessité d'améliorer le réseau de bornes de recharge sur le continent européen, pour généraliser l'usage des véhicules électriques, et reconnu que "la sauvegarde de l'emploi" était l'un des principaux défis liés à la sortie progressive des moteurs thermiques. Les gouvernements dirigés par Angela Merkel, qui quittera le pouvoir à l'issue des législatives du 26 septembre, ont choyé à coup de milliards d'euros l'industrie automobile mais sans toujours bien la préparer à la révolution électrique et numérique, selon les experts.

 

Un avantage fiscal sur le diesel incompréhensible

 

"Primes à la casse, primes à l'achat de voitures électriques, subventions pour la production de batteries, aide au recyclage, allocations de chômage partiel - c'est l'environnement dans lequel l'industrie a évolué pendant 16 ans", explique à l'AFP, le directeur du Center Automotive Research, Ferdinand Dudenhöffer. "Cela permet d'atténuer les problèmes économiques à court terme, mais pas de construire une nouvelle structure", observe-t-il.

 

Outre une stratégie de recherche insuffisante, ce spécialiste déplore le maintien de cadres dépassés : "l'avantage fiscal sur le carburant diesel, par exemple, est extrêmement décourageant et incompréhensible. Le boom du diesel a été alimenté par la baisse des taxes". Pour se transformer, "vous avez besoin du bon environnement", abonde Herbert Diess, le PDG de Volkswagen, dans une interview à l'AFP. "Si vous gardez le diesel bon marché (...) personne n'achètera une voiture électrique, c'est impossible".

 

A lire aussi : Pour Volkswagen, l'électrification est la seule voie d'avenir à moyen terme

 

Également sévère, le journal Süddeutsche Zeitung estimait fin août que "des années précieuses ont été perdues dans la bataille pour le retrait du moteur à combustion". Le quotidien rappelle notamment qu'après le scandale du dieselgate, parti en 2015 du système de fraude découvert chez Volkswagen, Angela Merkel a certes exprimé sa "colère" contre cette triche massive aux émissions d'oxyde d'azote. "Mais (son) gouvernement a ensuite continué à intervenir à Bruxelles contre un passage trop rapide à l'e-mobilité et les réglementations en matière d'émissions soi-disant trop sévères, auxquelles les grosses voitures d'Audi, BMW et Mercedes pouvaient difficilement se conformer", poursuit le journal.

178 000 emplois pourraient être affectés en Allemagne

 

Les plus de 800 000 salariés de l'industrie automobile en Allemagne voient peut-être différemment ces efforts de Berlin de prolonger le modèle de production traditionnel. Le déclin du moteur à combustion entraîne un bouleversement pour l'emploi. Fin 2019, Audi annonçait la suppression de 9 500 emplois en Allemagne d'ici à 2025 tandis que Daimler met en œuvre un plan de 10 000 suppressions d'ici fin 2022. En Allemagne, "au moins" 178 000 emplois pourraient être affectés d'ici à 2025 par l'avènement des voitures à batterie électrique, selon une étude de l'Institut économique l'Ifo. Une partie seulement des postes serait supprimée via des départs en retraite ou des reconversions.

 

Si les gros constructeurs ont les ressources pour mener cette transition, le réseau des équipementiers, des petites et moyennes entreprises qui irriguent le territoire allemand, est beaucoup plus menacé. Angela Merkel a présidé fin août son sixième et dernier "sommet de l'automobile", avec syndicats et patronats, débloquant un milliard d'euros afin d'accompagner la reconversion des fournisseurs dont le modèle repose sur les technologies essence ou diesel. (avec AFP)

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