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Constructeurs

Carlos Ghosn : la sanction est tombée avant que le juge n'ait parlé !

Publié le 4 décembre 2018

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Tribune. Défendre l'industrie automobile française a toujours été l'un des principaux leitmotivs de Jacob Abbou, directeur de la publication du Journal de l'Automobile. Choqué par la garde à vue de Carlos Ghosn, il nous livre son sentiment sur cette affaire.

 

L’image d’Hiroto Saikawa accusant Carlos Ghosn, le laminant devant un parterre de journalistes japonais, laissera des traces. Comment un dirigeant qui doit tout à Carlos Ghosn peut-il sincèrement accabler son mentor et l’accuser de fraude et d’abus de biens sociaux sans un regard pour le dirigeant et le visionnaire qu’il a été et qu’il est toujours pour Nissan, Renault et l’Alliance, cette association de constructeurs totalement inédite dans le monde et surtout auréolée d’une réussite pleine et entière.

 

Souvenez-vous : au début de l’aventure de l’Alliance, en 1999, Nissan était au bord du gouffre, à la frontière de la faillite. Louis Schweitzer, alors président de Renault, construit brique après brique un nouvel empire, à la tête duquel il place Carlos Ghosn qui n’aura de cesse de l’agrandir, le consolider, le développer. La philosophie de l’Alliance est simple : si Renault prend 43 % du capital de Nissan et Nissan n’en obtient que 15 % en retour dans Renault, les économies réalisées, le succès engrangé sont partagés. Les lauriers sont pour tout le monde.

 

Douze ans plus tard, grâce à Carlos Ghosn, Renault-Nissan devient le 3e groupe automobile mondial avant de prendre la première place du classement en 2017. C’est l’heure du partage mais, cette fois, Nissan n’accepte plus les règles. Adulé par les Japonais pour avoir sauvé leur constructeur national, Carlos Ghosn est jeté aux loups sans qu’à ce jour une véritable preuve n’ait été avancée.

 

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Alors qu’Hiroto Saikawa évoque une fraude fiscale, les bribes d’informations qui nous parviennent font plutôt état d’un versement en deux fois du salaire du patron de l’Alliance : la moitié chaque année et l’autre moitié lors de son départ de l’entreprise. Mais comment un dirigeant peut-il dissimuler des revenus à son conseil d’administration ? Nissan devait forcément avoir approuvé cette stratégie et, dans ce cas, le constructeur est aussi coupable que Carlos Ghosn. On parle d’abus de biens sociaux avec des résidences dans plusieurs pays ? Mais ces résidences appartiennent à Nissan et Carlos Ghosn n’en avait l’usage que parce qu’il était président de Nissan.

 

Quelle manœuvre se cache donc derrière cette volonté de nuire et de déstabiliser l’industrie automobile française ? Car l’enjeu se niche bien ici : l’Alliance sert aujourd’hui trois constructeurs et même si Carlos Ghosn avait coutume de dire que l’intégration industrielle de Renault, Nissan et maintenant Mitsubishi était trop avancée pour être annulée, la volonté d’un rééquilibrage des forces en présence au bénéfice de Nissan met en péril toute cette industrie.

Jacob Abbou

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