Valeo a supprimé 12 000 emplois, dont 2 000 en France
Mauvaise passe pour le groupe Valeo. Dans un contexte de crise sanitaire, l'équipementier tricolore a publié ce mardi 21 juillet 2020 des résultats financiers particulièrement décevants. Celui-ci accuse une perte nette de 1,21 milliard d'euros sur les six premiers mois de l'année tandis que son chiffre d'affaire a plongé de 28 %, à hauteur de 7,06 milliards d'euros. Cette lourde perte s'explique en partie par des charges exceptionnelles non récurrentes de 622 millions d'euros liées à une dépréciation des actifs de Valeo pour tenir compte de la dégradation des perspectives du marché automobile. Mais la marge opérationnelle, plus représentative de l'activité, est aussi tombée dans le rouge (-840 millions d'euros).
Un plan de réduction des coûts de 570 millions d'euros
Les réductions d'effectifs ont touché "toutes les régions du monde", a déclaré le PDG, Jacques Aschenbroich, lors d'une audioconférence avec des journalistes. En Europe, où "un peu plus de 4 000" emplois ont été supprimés, dont "un peu moins de 2 000" en France, il n'y a cependant pas eu de licenciements secs. Il s'agit essentiellement de contrats d'intérimaires qui n'ont pas été reconduits, a précisé l'entreprise. Valeo a chiffré à 248 millions d'euros les économies liées à la réduction des effectifs mondiaux.
Les suppressions d'emplois font partie d'un plan de réduction des coûts de 570 millions d'euros mené au cours du premier semestre. Ce plan inclut aussi une baisse de l'effort de recherche et développement de 196 millions d'euros et une réduction des frais généraux de 97 millions d'euros. "Les programmes de réduction de coûts (...) sont une réaction aux conditions de marché qui sont épouvantables", a expliqué Jacques Aschenbroich. Ces "mesures exceptionnelles par leur ampleur ont été mises en œuvre pour assurer la pérennité de nos opérations", a-t-il souligné. Le dirigeant a également annoncé une "baisse des investissements et des stocks bruts à hauteur de 384 millions d'euros".
Le groupe estime faire mieux que la concurrence
L'équipementier, qui a fortement misé ces dernières années sur les moteurs électriques et revendique une position de leader mondial sur les assistances à la conduite, estime néanmoins que la crise a validé ses options stratégiques. "Avec la crise Covid, on assiste partout dans le monde, non seulement à un accroissement de la préférence pour la mobilité individuelle mais également à une accélération de la demande pour une mobilité électrique et plus sûre. C'est une confirmation supplémentaire de la pertinence de nos choix stratégiques", a estimé le PDG.
Valeo se félicite de mieux résister à la baisse d'activité qu'un grand nombre de ses concurrents. Le marché automobile a en effet chuté de 35 % au premier semestre, soit une "surperformance" d'environ 7 points pour l'équipementier français. Autre bonne nouvelle, le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) est resté positif à 202 millions d'euros, soit 2,9 % des ventes.
"On a consommé un milliard de cash"
Pour le deuxième semestre, le groupe prévoit d'augmenter l'Ebitda à environ 10 % du chiffre d'affaires et table sur des charges de restructuration "comprises entre 50 et 100 millions d'euros" pour accélérer la réduction de ses coûts. Il estime que sa croissance continuera à être supérieure à la moyenne du marché et se fixe pour objectif de générer plus de 400 millions de cash, toujours sur la deuxième partie de l'année. "Malgré les mesures d'économies, on a consommé un milliard de cash" au premier semestre, a indiqué Jacques Aschenbroich. Mais il a souligné que Valeo avait négocié pour 1,1 milliard d'euros de lignes de crédit supplémentaires et disposait d'une trésorerie nette de 2,1 milliards d'euros au 30 juin. "On a de quoi faire face", a-t-il assuré.
L'entreprise est par ailleurs engagée dans des négociations avec les partenaires sociaux en France pour améliorer sa compétitivité. Selon la CFDT de Valeo, la direction aurait mis sur la table plusieurs mesures dont l'annulation de l'intéressement, une réduction des congés, ou encore un gel des salaires et même une réduction de la rémunération de base pour les ingénieurs et les cadres. Interrogé mardi, Jacques Aschenbroich n'a pas souhaité faire de commentaire sur ces discussions en cours. (Avec AFP)