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Les auto-écoles s'inquiètent de l'ubérisation de leur métier

Publié le 23 juin 2021

Par Romain Baly
4 min de lecture
Durement touchés par la pandémie, les professionnels de l'apprentissage auto sont aujourd'hui confrontés à une profonde remise en question de leur métier. Surmonter la crise et s'adapter à la concurrence du digital constituent deux défis majeurs à relever.
65 % des auto-écoles partagent leur inquiétude face à la montée en puissance des acteurs en ligne.

 

2020 restera comme une année noire pour les dirigeants d'auto-écoles. Contraints de ralentir voire de stopper leur activité lors des différents confinements, ces derniers ont été particulièrement impactés par la crise sanitaire. Pour les élèves, cette situation s'est aussi traduite par l'arrêt des cours de conduite et des retards massifs aux examens du permis de conduire. Dans ce contexte, Opinion System, organisme reconnu par les pouvoirs publics pour accompagner les auto-écoles dans la validation du label "Qualité des formations au sein des écoles de conduite", a tenté de dresser le panorama du secteur en interrogeant les différentes parties-prenantes.

 

Côté professionnels de l'apprentissage, l'heure n'est paradoxalement pas à la morosité. 87 % des auto-écoles ont retrouvé un niveau d’activité quasi-normal ou normal et 67 % des dirigeants se déclarent optimistes sur les perspectives économiques pour 2021. Ils sont par ailleurs 84 % à avoir eu recours aux aides de l'Etat pour soutenir leur trésorerie. Cet optimisme est toutefois contrebalancé par des inquiétudes plus latentes.

 

Une concurrence renforcée

 

34 % du panel interrogé se déclare inquiet sur sa capacité à surmonter la crise et à résister dans la durée. Au niveau des bilans 2020, 38 % des auto-écoles estiment que la pandémie a eu un impact modéré sur leur chiffre d'affaires (baisse de moins de 10 %), 41 % disent avoir perdu entre 10 et 30 % de leur activité et 21 % plus d'un tiers de leur CA. Malgré les aides, 1 auto-école sur 10 a envisagé de fermer définitivement ses portes.

 

Aujourd'hui, ce secteur doit donc surmonter les effets de cette crise tout en repensant son modèle. Le Covid-19 n'est ainsi pas l'unique source d'inquiétude des patrons d'auto-écoles. Le digital en est une autre et l'ubérisation du métier déplait forcément aux acteurs traditionnels. "Si plus d’un dirigeant d’auto-école sur 3 (39 %) déclare qu’avec la crise la concurrence s’est accrue avec les autres auto-écoles géographiquement proches, ils sont près de 9 sur 10 (89 %) à témoigner que la concurrence s’est renforcée avec les auto-écoles en ligne. Une source d’inquiétude pour 65 % des auto-écoles", précise l'étude d'Opinion System.

 

Les avis en ligne gagnent en importance                 

 

Pour contrer ce phénomène, une grande majorité d'entre elles ont accéléré leur digitalisation. 81 % des auto-écoles ont déployé de nouveaux outils de formation à distance (visio, site web). Elles sont également 85 % à être désormais plus attentives aux avis clients sur le web. Cela semble d'autant plus justifié que, côté élèves, le bouche-à-oreille et la réputation (recommandation par des proches, avis en ligne) demeurent des critères fondamentaux à l'heure de faire son choix. 38 % des gens ayant eu recours aux services d’une auto-école ont ainsi regardé les avis clients. Un réflexe plus répandu en région parisienne et chez les 25-34 ans.

 

Plus globalement, les élèves attribuent en moyenne une note de 7,4 sur 10 à leur auto-école. Une note qui se détaille de la façon suivante : 7,7/10 pour la qualité du matériel pédagogique (salle de cours, véhicule), 7,4/10 pour l’efficacité et le respect du parcours de formation, pour la qualité du dispositif d’accueil, l’écoute et la prise en charge, et enfin pour la disponibilité et les compétences de l’équipe pédagogique, et 7,3/10 pour la transparence de l’offre et le rapport contenu/prix. A noter que cette moyenne varie sensiblement entre la région parisienne (6,9/10) et les communes rurales (7,9/10).

 

"Des offres souvent trop belles pour être vraies..."

 

"Dans un marché qui manque encore parfois de transparence, faire son choix n’a rien d’évident. Pour se forger une conviction, les Français ont depuis toujours le réflexe du bouche-à-oreille, ce dernier se complète désormais par un bouche-à-oreille numérique, c’est-à-dire les avis clients sur internet qui deviennent peu à peu un réflexe de la vie quotidienne", note Jean-David Lépineux, dirigeant d’Opinion System.

 

"Les professionnels savent bien que les habitudes de consommation passent désormais par internet que la satisfaction client est un élément clé pour se démarquer, a fortiori dans le contexte difficile que nous connaissons. Avec la pandémie, ils sont nombreux à avoir saisi les opportunités offertes par le digital pour maintenir leur présence auprès des élèves même à distance, et s’affirmer face à la concurrence croissante des acteurs en ligne, qui affichent des offres souvent trop belles pour être vraies...", conclut-il.
 

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