L'automobile devra recruter plus de 8 500 jeunes par an d’ici 2030
Quel est le besoin réel de main d’œuvre dans le commerce et la réparation automobile ? C’est la question à laquelle répond l’Anfa dans le second volet de son étude prospective sur les perspectives d’emploi dans l’automobile à l’horizon 2030. Pour rappel, lors de la présentation du premier volet de son étude, l’Anfa détaillait les 3 scénarios fondés sur les mesures politiques qui pourraient être à l’œuvre en post-crise (austérité, relance, et régulation écologique) et qui auraient un impact sur l’emploi. Dans ce second volet, l’organisme présente les variations induites par la mobilité intersectorielle, afin de déterminer le nombre de jeunes à recruter, selon les métiers.
89 % des effectifs sont fidèles
Pour obtenir des données sur cette mobilité intersectorielle, l’Anfa travaille depuis plusieurs années avec le Céreq, qui a accès aux fiches détaillées de l’Enquête emploi de l’Insee. Il en ressort une étonnante stabilité dans le secteur. En effet, durant la période 2014-2018, 89 % des effectifs travaillaient déjà dans le CRA (commerce et réparation automobile). Le pourcentage d’actifs qui quittent le secteur s’échelonne entre 4 et 7 % quand 5 à 7 % le rejoignent. L’étude montre également que contrairement aux idées reçues, les ouvriers qualifiés sont extrêmement fidèles.
"Très clairement, la mobilité intersectorielle joue un rôle de régulation des besoins de jeunes à qualifier. Plus le CRA a besoin de qualifier des jeunes en raison des départs en fin de carrière et de l’évolution de l’emploi (scénarios relance et régulation), plus le secteur fait appel à de la main-d’œuvre d’autres secteurs d’activité", souligne Jocelyn Gombault, responsable projets Observatoire de l’Anfa. La modélisation prend également en compte l’évolution des artisans, qui pour la plupart, sont des salariés qui se mettent à leur compte.
"Former 3 fois plus de jeunes que nos besoins"
"En évaluant l’évolution de l’emploi salarié, les départs en fin de carrière et la mobilité intersectorielle des salariés et des artisans,il est possible d’estimer le nombre de jeunes que les organismes de formation doivent qualifier pour les besoins en recrutement du secteur. Ainsi dans un scénario de relance, nous pouvons estimer que les besoins en formation avoisinent les 12 500 jeunes et dans un scénario régulation que ceux-ci tournent autour de 11 500 jeunes à former et à recruter. Avec le scénario austérité, nous aboutissons à 8 500 jeunes à former et à recruter annuellement entre 2020 et 2030", poursuit-il.
Six métiers sont particulièrement suivis pour leur importance stratégique dans le commerce et la réparation automobile :
- les mécaniciens et techniciens Véhicules Particuliers (VP) : entre 3 500 à 4 500 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés.
- les mécaniciens et techniciens VI : entre 400 et 600 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés
- les mécaniciens et techniciens motocycles : entre 70 à 200 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés.
- les carrossiers-peintre : entre 600 à 1 300 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés.
- les contrôleurs techniques : entre 200 à 500 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés.
- les commerciaux automobiles : entre 800 et 1 600 jeunes à former selon les scénarios les plus éloignés.
Toutefois, le nombre de jeunes à former et à recruter dans le CRA ne correspond pas au nombre total de jeunes à former. En effet, une forte déperdition existe entre les jeunes qui sortent de l’école, leur diplôme en poche, et ceux qui entrent effectivement dans le secteur du CRA.
"Certains sont embauchés dans les services de l’automobile, d’autres voient leurs contrats rompus ou sont embauchés dans d’autres secteurs d’activité, certains changent de voie, enfin, d’autres ne sont pas embauchés et deviennent chômeurs à la suite de leur formation", conclut Jocelyn Gombault.
Ainsi, l’on considère qu’il faut en moyenne former 3 fois plus de jeunes que les besoins réels pour pouvoir les combler. Si l’on reprend les mécaniciens et techniciens (VI, VP et motos) ainsi que les carrossiers peintres, dont les besoins varieront entre 4070 et 6 600 jeunes, il faudra donc former au total entre 15 200 et 20 500 jeunes.
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