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Ford : vers une fermeture de Blanquefort

Publié le 15 octobre 2018

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Le constructeur américain privilégierait la fermeture de l'usine girondine plutôt que le plan de reprise par Punch. De quoi déclencher l'ire des responsables politiques nationaux et locaux.
Ford privilégierait la fermeture de l'usine de Blanquefort à la reprise par Punch Powerglide.

 

Le feuilleton dure depuis des années et il pourrait bientôt prendre fin. Au grand désespoir de Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie. En effet, ce dernier a manifesté sa colère après avoir appris que Ford préférait, pour l'heure, fermer l'usine de Blanquefort plutôt que de la céder à un repreneur. "J'ai eu le président de Ford vendredi dernier au téléphone et il m'a annoncé qu'entre une reprise du site par Punch et la fermeture de l'usine, l'option privilégiée par Ford était la fermeture de l'usine. Je suis en désaccord total avec ce choix", a indiqué le ministre à Bordeaux, à l'issue d'une réunion avec des élus locaux et des représentants des quelque 850 salariés. Il a jugé cette position du constructeur américain "indéfendable".

 

Bruno Le Maire a dit avoir téléphoné au Secrétaire au Trésor Steve Mnuchin et au conseiller économique du président Donald Trump pour "obtenir leur soutien" et qu'ils alertent "la direction de Ford sur ce qui se passe actuellement sur le site de Blanquefort". Pour le ministre, "si Ford prenait la décision de fermer sèchement l'usine de Blanquefort, le coût serait supérieur à une reprise", un choix "incompréhensible".

 

Un avis nuancé par Philippe Poutou, délégué CGT de l'usine, pour qui l'Américain "préfère fermer l'usine que favoriser la reprise car cela lui coûte moins cher au global" puisqu'une reprise signifie "obligatoirement des engagements de Ford pour assurer la transition" car "le repreneur aurait un plan sérieux mais pas avant trois ans".

 

En septembre, Bruno le Maire avait en effet invité Ford "à prendre ses responsabilités", l'appelant à "participer à cette période de transition" du site qui compte 847 salariés. Le ministre avait qualifié d'insuffisant le plan de charge et souhaité "avoir des assurances sur les volumes [de commandes de boîtes de vitesses et de carters que fabrique l'usine] que Ford va laisser en 2019, 2020 et 2021". Etat et collectivités territoriales se sont de leur côté engagés ce 15 octobre à apporter une aide financière afin de permettre la réussite de cette reprise.

 

L'Etat serait prêt à investir 5 millions d'euros à Blanquefort. Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole et maire de la ville, a lui aussi dénoncé l'attitude du constructeur américain. "Ford continue à nous mener en bateau", a-t-il estimé, ajoutant que "les collectivités territoriales se sont engagées à apporter 12,5 millions d'euros". Les deux tiers seraient financés par la Région Nouvelle Aquitaine et un tiers par la Métropole "ce qui est une aide considérable", a-t-il détaillé en quittant la réunion avant la fin.

 

Même colère d'Alain Rousset, le président de la région Nouvelle Aquitaine, pour qui "Ford a envie de plier les gaules" ce qui est "totalement inadmissible". Il souhaite que la Commission européenne soit interpellée afin d'examiner les aides qu'elle verse à Ford Europe.

 

Fin février, Ford avait annoncé cesser tout investissement dans son usine girondine, et rechercher un repreneur pour le site implanté dans la banlieue bordelaise depuis 1972. Selon Philippe Poutou, sur les 847 salariés du site, 390 souhaitent partir en pré-retraite et un maximum de 400 pourraient être repris par Punch, une société qui fabrique elle aussi des boîtes à Strasbourg après avoir repris l'ancienne usine GM. (avec AFP)

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