Une tarification des bornes de recharge trop opaque selon l'Autorité de la concurrence
Depuis quatre ans, les bornes de recharge pour véhicules électriques pullulent aux quatre coins de la France et le nombre d’acteurs dans ce secteur n’en finit plus d’augmenter. Dans la jungle de prix au kWh et d’abonnements, difficile de s’y retrouver. En conséquence, l’Autorité de la concurrence s’est autosaisie dans l’objectif d’examiner le "fonctionnement concurrentiel des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE)".
Ce 11 juin 2024, l’institution a publié un avis sur le fonctionnement du secteur en pleine effervescence. Cette dernière juge que l'information tarifaire des bornes de recharge est "particulièrement opaque" et formule 40 recommandations à destination des pouvoirs publics, des régulateurs et des acteurs du secteur.
Un manque de transparence sur les tarifs
Dans son avis, le gendarme français de la concurrence constate notamment "un déficit informationnel des consommateurs" concernant le tarif de la recharge, à la fois avant de recharger pour comparer les prix, mais aussi "pour connaître le prix effectivement payé".
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Les différents modes de recharge sur une même borne (avec ou sans abonnement et selon les opérateurs) "participent à cette opacité financière", tout comme les paramètres variés du prix de la recharge (à la minute, au kilowattheure, éventuels frais) et leurs variables (puissance de la borne, caractéristiques du véhicule), déplore l'Autorité de la concurrence.
Association et pouvoirs publics se saisissent du sujet
Une étude de l'association UFC-Que choisir a récemment attiré l'attention sur des tarifs fortement variables entre deux usagers sur une même borne, en fonction des abonnements qu'ils ont ou non souscrits.
Une proposition de loi transpartisane, présentée en février 2024, entendait également contraindre les opérateurs à mieux informer les usagers sur les tarifs des bornes de recharge et à généraliser la possibilité de payer par carte bancaire. Elle souhaitait aussi obliger les gestionnaires d'autoroutes à installer des panneaux sur les bords de routes pour informer les usagers des tarifs, sur le modèle de ce qui se fait pour les prix à la pompe.
Imposer une tarification de la recharge au kWh
L'Autorité de la concurrence recommande dans son avis "d'imposer" aux opérateurs "une tarification de la recharge au kilowattheure", ainsi que la transmission et la "mise à jour en temps réel, par point de recharge" de ces tarifs dans la base de données gouvernementale actuelle. L'Autorité suggère également d'expérimenter l'affichage du prix de la recharge "en amont de la station et aux entrées principales d'autoroutes", comme pour les carburants traditionnels.
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Le gendarme de la concurrence préconise aussi "d'obliger" les opérateurs à "procéder, à la fin de toute session de recharge, à l'affichage instantané du prix effectivement payé par l'utilisateur du véhicule électrique sur la borne".
"Si cette intensification de la transparence tarifaire pourrait accroître le risque de collusion sur le marché, l'information du consommateur prime aujourd'hui, dans ce secteur émergent", considère l'Autorité de la concurrence. La France vise un objectif de 400 000 points de recharge en 2030 contre 100 000 en 2023.
Des acteurs de la recharge ultrarapide revoient leur abonnement
Récemment, deux acteurs majeurs de la recharge rapide ont remanié leur formule d’abonnement. Ainsi, Ionity a lancé deux nouveaux abonnements avantageux pour les gros rouleurs (les électromobilistes roulant 150 ou 300 km par mois). Il en est de même pour Tesla qui a réajusté les abonnements de ses superchargeurs tout en ajoutant une formule annuelle.
Depuis avril 2024, le règlement européen sur les infrastructures de carburants alternatifs (AFIR) est entré en vigueur. En autres, celui-ci oblige les opérateurs de bornes égales ou supérieures à 50 kW d’afficher aux stations de recharge le prix par kWh pour que le conducteur puisse comparer facilement les prix avant une recharge. Chaque point de recharge doit avoir les prix visibles sur l’écran ou par le biais d’un autocollant.
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