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Un Bac +3 pour l’après-vente

Publié le 14 mai 2004

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Dès la rentrée prochaine, la branche des services de l'automobile aura à sa disposition un diplôme de niveau II. L'Anfa vient en effet de présenter l'architecture de la licence professionnelle "Management après-vente automobile". Loin d'être anecdotique, cette initiative amorce un travail...

...de fond pour former des cadres de l'après-vente.


Le secteur de l'après-vente automobile a-t-il réellement besoin d'un diplôme de niveau II ? Afin de battre en brèche cette objection initiale, les membres de l'Anfa (Association nationale pour la formation automobile) ont présenté, en guise de préambule, un argumentaire minutieux justifiant la création d'une licence professionnelle. D'une part, l'application du règlement 1475-95 a eu pour corollaire d'intensifier les mouvements de concentration des entreprises, entraînant une augmentation de la part des cadres parmi les catégories socioprofessionnelles (+ 20,8 % de cadres entre 1996 et 2001). En outre, les entreprises doivent d'ores et déjà prendre en compte la vague massive de départs à la retraite qui interviendra dès 2006 (30 % des cadres de la branche ont plus de 50 ans). D'autre part, du point de vue des compétences à proprement parler, les métiers de l'après-vente sont devenus beaucoup plus complexes au cours des dernières années et, par rapport à une problématique d'encadrement, le candidat idoine est celui qui fait valoir des qualités de technicien et de manager. Bref, le lancement de cette licence ne tient pas de l'épiphénomène et répond bel et bien à un besoin des entreprises de la branche. L'Anfa a d'ailleurs été mandatée par les partenaires sociaux (organisations professionnelles et organisations syndicales de salariés) pour initier la création d'une licence professionnelle et, comme le rappelle Bertrand Mazeau, président de l'Anfa, "cette dernière est aussi le résultat d'une large consultation des entreprises du secteur"*.

L'Anfa a mis en place cette licence avec l'université de Marne-la-Vallée et a pu compter sur le soutien du GNFA et de RFA

Pour élaborer le cahier des charges de la licence professionnelle, l'Anfa a notamment travaillé en étroite collaboration avec le GNFA et Renault France Automobiles. Le contenu de la licence (programmes et modalités de mise en œuvre) a, lui, été défini en collaboration avec l'université de Marne-la-Vallée. Bien que le diplôme soit récent (2000), cette université possède une expérience significative dans le domaine des licences professionnelles, puisqu'elle en accueillait 29 à la rentrée 2003. "Notre investissement s'explique par le fait que la professionnalisation des formations est aujourd'hui un enjeu capital pour les universités. En outre, la licence s'inscrit dans le schéma LMD (Licence-Mastère-Doctorat) qui sera la colonne vertébrale du plan d'harmonisation des diplômes à l'échelle européenne", indique Yves Lichtenberger, président de l'université de Marne-la-Vallée. Le corpus de la formation mise en oeuvre par ces différents acteurs se décline en six volets principaux : gestion & organisation, maîtrise des règles de droit appliquées à l'après-vente, stratégies marketing, vente en service après-vente, management, mise en place et suivi des démarches qualité. "Avec ce diplôme universitaire de niveau Bac +3, l'objectif est de développer des compétences de haut niveau et de favoriser l'insertion immédiate dans le monde professionnel", expliquent de concert Olivier Calvet, responsable de la licence professionnelle pour l'université de Marne-la-Vallée, et Valérie Toutin-Lasri, responsable de la licence professionnelle pour l'Anfa, avant de préciser que "l'enseignement général, comme l'anglais, la qualité d'expression ou la comptabilité par exemple, sera l'objet d'un soin particulier avant le début de la formation à proprement parler". Eu égard aux exigences de la licence, le recrutement des candidats sera donc sévère. Après une présélection sur dossier scolaire, curriculum vitae et lettre de motivation, les candidats passeront un entretien de validation, puis un nouvel entretien de "mise en situation" devant un jury composé d'universitaires et de professionnels. Ainsi, pour le lancement de la licence à la rentrée 2004, seuls deux groupes de 12 étudiants, le premier sous statut scolaire et le second en alternance, sont programmés. On peut d'ores et déjà affirmer que les titulaires d'un BTS Mava partiront avec une longueur d'avance sur les autres candidats. L'encadrement de la formation sera aussi très rigoureux. Chaque étudiant sera suivi via un livret et un dialogue permanent avec ses tuteurs en entreprise et à l'université. En outre, il devra conduire un "projet tutoré" dont l'objet sera préalablement défini par les enseignants et les membres de l'entreprise. "Nous éviterons ainsi les sujets "bateaux" qui restent dans le vague et ne sont jamais individualisés ", indique Olivier Calvet. Pour l'obtention du diplôme, chaque étudiant devra enfin réussir deux soutenances devant un jury mixte (professionnels, universitaires et formateurs). "La première sera consacrée aux compétences à proprement parler, tandis que le seconde sera focalisée sur le projet tutoré et permettra au jury de juger la capacité d'analyse du candidat ", explique Valérie Toutin-Lasri. En somme, le référentiel de la licence et les modalités d'examen témoignent qu'il s'agit d'un diplôme exigeant, voire élitiste. Une garantie nécessaire quand l'objectif est de former des cadres de l'après-vente et d'assurer qu'ils seront presque immédiatement opérationnels lors de leur entrée dans le monde du travail. Par rapport à ce dernier point, on peut d'ailleurs penser que la licence en alternance séduira plus d'entreprises que la licence préparée sous statut scolaire. Pour être complet, il faut d'ailleurs ajouter que le projet d'ouverture de cette licence en formation continue pour la rentrée 2005 est actuellement en cours de finalisation.


(*) Délibération paritaire 3-02 datée du 13/11/2002. Ndlr : La semaine prochaine, retrouvez dans nos colonnes l'analyse des modalités d'application de la licence au sein des entreprises.

Alexandre Guillet

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