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Marc Teyssier d'Orfeuil, Com'Publics : "Les contraintes financières doivent mener à des stratégies de mutualisation"

Publié le 5 novembre 2021

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Organisateur des Rencontres internationales du véhicule écologique (Rive), Marc Teyssier d'Orfeuil analyse le déploiement des bornes en France. Par ailleurs directeur général de l'agence d'influence, Com'Publics, il exhorte les sphères publique et privée à coopérer davantage.
Marc Teyssier d'Orfeuil, directeur général de Com'Publics

Journal de l'Automobile. Le cap des 100 00 bornes ne sera pas franchi en 2021, est-ce une déception ?

Marc Teyssier d'Orfeuil. A l'époque, Ségolène Royal parlait de 7 millions de bornes et avait aussitôt ramener ce chiffre à 100 000 déjà. Tout cela pour dire que la France s'est toujours fixée ce cap symbolique. Nous n'y serons pas dans les temps, mais nous gardons confiance car l'écosystème technique est désormais rôdé. Il faut encore améliorer l'écosystème financier, mais cela bougera vite et je reste optimiste. Au moment où l'objectif des 100 000 bornes a été annoncé, il n'y avait pas réellement de consommateurs, maintenant il apparaît que les volumes de véhicules rechargeables progressent dans les statistiques d'immatriculations, ce qui encourage les investissements.

 

JA. Parlant des immatriculations, estimez-vous suffisante l'aide à la transition que reçoivent les flottes automobiles ?

MTO. La décision de Hertz d'acquérir 100 000 Tesla pour les mettre en location est un signal fort. Les flottes regardent essentiellement le TCO et aujourd'hui je pense que les aides suffisent à basculer. A titre personnel, je veux mener un travail de fond sur le rééquilibrage entre le Diesel et l'essence, car en installant un kit bioéthanol sur un moteur essence, il est possible d'être à la fois plus vertueux et plus économique. Les entreprises doivent être incitées et soutenues par des politiques qui faciliteront l'adoption du bioéthanol. Ce sera une bonne transition vers l'électrification.

 

JA. Pour revenir au réseau de recharge, quel regard critique portez-vous sur la stratégie ?

MTO. Il faudrait désormais avoir une meilleure cartographie des trous dans la raquette. Ainsi, les soutiens aux collectivités pourraient être mieux ciblés et nous apporterions un meilleur maillage du territoire aux conducteurs. Aussi, il est indispensable d'avoir une interaction plus fluide entre les domaines public et privé pour que les équipements de recharge soient ouverts à tous en fonction des possibilités d'accès. Le concept de mutualisation des financements au profit de la qualité de service délivré offre des marges de manœuvre aux candidats à la présidentielle.

 

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JA. A quoi tient cette évolution ?

MTO. Je suis assez bien placé pour dire que cela tient au manque de communication entre les sphères. Les contraintes financières qui pèsent sur tout le monde doivent pousser à mener des stratégies de mutualisation. En la matière, les acteurs de la filière hydrogène sont en train de donner de bons exemples de coopération. Dans certaines villes, l'opérateur de transport public et la société privée de ramassage de déchets parviennent à financer et partager les équipements.

 

JA. Les barrières sont-elles légales ?

MTO. Pas uniquement. La culture des entreprises et les perceptions sont aussi des freins. Mais de plus en plus de consommateurs vont exprimer un besoin et les réponses devront être adaptées. Nous avons vu que des entreprises présentent des solutions intégrant la borne de recharge dans le mât de l'éclairage public. Voilà une forme de coopération qui présente de l'intérêt quand on sait que dans certaines communes, il y a un lampadaire tous les 50 m à peine.

 

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JA. Cela étant dit, il est important de souligner que le véhicule électrique n'est pas la seule carte à abattre, selon vous…

MTO. Oui, il y a aussi le sujet des véhicules hors d'usage (VHU). Je pense que nous mettons à la casse des véhicules essence qui mériteraient d'avoir une vie un peu plus longue grâce au bioéthanol ou au GPL. Au lieu de faire un chèque, que je considère comme conjoncturel et non structurel, pour encourager à se débarrasser d'un véhicule âgé, il y aurait plus de sens à miser sur l'économie circulaire. Pourquoi détruire quand certains de nos concitoyens n'ont pas les moyens de se payer un véhicule ? Il serait intelligent de transformer ces véhicules destinés à la casse pour les donner aux plus démunis un accès à la mobilité. Ce qui rime parfois avec une possibilité de retour à l'emploi. Nous savons que les ZFE seront excluantes. Trouvons un moyen d'aider les gens dépendants du diesel à réaliser leur transition.

 

JA. Avez-vous une estimation de volume potentiel ?

MTO. J'ai mené des recherches, mais je ne parviens pas encore à avoir des données fiables sur le nombre de véhicules essence qui ont été détruits dans le cadre de la prime à la casse. J'ai exposé mon idée à plusieurs parlementaires et aucun d'entre eux ne l'a remise en cause. Le Club que je représente va donc en faire un sujet prioritaire au cours des mois à venir.

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