Ludovic Van de Voorde, CGI Finance : "Les partenaires sont assez curieux des innovations à venir"
Le Journal de l'Automobile : Pouvez-vous nous présenter vos nouvelles fonctions.
Ludovic Van de Voorde : Je prends la responsabilité hiérarchique de quatre filiales de la Société Générale dédiées au crédit à la consommation. Elles se trouvent en France, en Allemagne et en Italie. Trois d'entre elles, dont CGI Finance, se dédient au financement automobile.
J.A. : Quelle est la finalité de la manœuvre ?
LVdV : Il s'agit d'avoir une approche la plus globale et la plus complète possible vis-à-vis des constructeurs et des concessionnaires. Ainsi, nous pourrons répondre à des appels d'offres portant sur des périmètres internationaux. Dans certains pays, nous aurons aussi la possibilité de solliciter d'autres filiales de la Société Générale locales pour parfaire le dispositif.
Le nombre moyen de visites en point de vente est remonté, passant de 1,2 à 1,7 par client
J.A. : Que cela traduit-il de l'évolution de votre secteur ?
LVdV : Cela traduit une volonté d'être le plus européen possible. Nous l'avons encore constaté durant les Grands Prix de la Distribution (GPDA) avec le trophée que Le Journal de l'Automobile a remis au groupe RCM. Les besoins évoluent en profondeur et la Société Générale doit pouvoir coordonner ses forces du mieux possible.
J.A. : Il y aura une évolution réglementaire dans le financement en 2024, comment votre filiale aborde-t-elle ce virage ?
LVdV : La volonté du client final doit toujours primer. Il nous appartient seulement de disposer des bonnes typologies de produits et de canaux de commercialisation pour que l'acheteur accède à nos offres. Nous avons développé les outils digitaux, certes, mais les indicateurs montrent que les clients ont toujours envie d'aller en concession. Depuis la fin de la crise sanitaire, nous observons même que le nombre moyen de visites en point de vente est remonté, passant de 1,2 à 1,7 par client.
J.A. : Dans un entretien récent, la direction de Renault a expliqué que la LOA n'a pas percé autant qu'espéré cette année. Rejoignez-vous ce constat ?
LVdV : Non, bien au contraire. Nous enregistrons toujours une progression. La pénétration de la LOA atteint 85 % sur les voitures neuves. Elle est de 40 % sur les voitures d'occasion en 2023 contre 35 % en 2022. Je pense que les clients comprennent de mieux en mieux les distinctions entre les types de contrats locatifs, voire l'abonnement. Ils savent alors de manière plus précise ce qu'ils veulent.
À partir de l'an prochain, nous changerons le système de Vivacar
J.A. : Il y a quelques jours, vous avez réuni des professionnels de la vente de voitures d'occasion dans le cadre de votre programme. Pourquoi avoir organisé ce débat ?
LVdV : Ces ateliers interviennent dans notre démarche "Les Clés du VO". Cette dernière s’inscrit dans la durée et est ponctuée de différents rendez-vous tout au long de l’année. L'objectif de cette démarche est de positionner CGI Finance dans un rôle de catalyseur, afin de rencontrer les différents acteurs de la chaîne de valeur. Il s'agissait, cette fois, de discuter de l'avenir de la distribution automobile. Allons-nous vers une relation renforcée entre les constructeurs et les distributeurs ? Les banques vont-elles prendre plus d'importance ? Les plateformes de distribution des voitures d'occasion vont-elles franchir un nouveau palier ? Cette journée nous a montré qu'il y a une véritable liberté d'échange entre les distributeurs et les organismes de financement.
J.A. : Que retenez-vous ?
LVdV : Chez les distributeurs, il y a une vraie préoccupation quant à l'augmentation du stock de voitures électriques d'occasion. Nous avons aussi échangé au sujet de la digitalisation du parcours. Les concessionnaires ont compris qu'il leur faut maintenant proposer une solution complète d'achat en ligne à leurs clients. Ils ont apprécié nos initiatives comme l'élargissement des conditions d'accès à l'extension de garantie ou l'accord avec Tchek pour l'inspection automatisée. Les partenaires sont assez curieux des innovations à venir. La prochaine rencontre se déroulera au 1er trimestre 2024 avec la divulgation des résultats de notre nouveau baromètre.
J.A. : Parlant de vos outils, il y a une évolution au sujet de Vivacar. De quoi s'agit-il précisément ?
LVdV : Vivacar totalisera cinq millions de visiteurs uniques cette année. La plateforme aura alors généré 30 000 leads pour un volume de vente de 1 000 voitures d'occasion environ. En 2024, nous voulons monter à 50 000 leads. À partir de l'an prochain, nous changerons le système de Vivacar et les leads seront directement orientés vers les revendeurs. Une mesure que nous prenons à la demande de ces derniers. Cela doit accélérer et fluidifier le traitement des demandes entrantes.
J.A. : Comment allez-vous remployer les ressources humaines libérées de cette tâche ?
LVdV : Nous réalisons un travail de fond sur le référencement de Vivacar et la croissance continue du nombre de leads en atteste. Une fois la nouvelle organisation mise en place, nos ressources humaines seront réallouées. Elles se concentreront sur les étapes d'acquisition de clients pour le compte des distributeurs.
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J.A. : Dans quelle direction regardez-vous pour les prochains partenariats ?
LVdV : Il est encore trop tôt pour révéler les détails des dossiers que nous étudions. Une chose est cependant claire, nous serons toujours équilibrés dans notre volonté de signer de nouveaux partenariats chez CGI Finance.
J.A. : Revenons justement aux voitures d'occasion électriques, l'un des prochains enjeux de développement des distributeurs. Il se dit que vous préparez une offre spécifique. De quoi s'agit-il ?
LVdV : Comme je le disais, les stocks de voitures électriques d'occasion sont en train d'augmenter. Nous sommes donc invités à élargir notre prestation. Nous menons actuellement des réflexions sur la typologie de véhicules à prendre en compte, sur les solutions de financement à adopter, mais aussi sur la garantie à apporter et le contrat de maintenance à associer. Comme toujours CGI Finance accompagnera du mieux possible ses partenaires.
Le marché des voitures d'occasion sera relativement baissier en 2024
J.A. : Volkswagen et Renault consentent à des efforts sur respectivement l'ID.3 et la Zoe pour maintenir la rotation. Est-ce que ce sera dans cette veine ?
LVdV : Effectivement, les constructeurs mènent des actions. Nous ne pouvons pas rester de marbre. Mais il s'agit, en plus, d'accompagner la transition écologique comme le veut notre stratégie d'entreprise. Pour mémoire, nous nous sommes engagés à avoir de l’ordre de 35 % de véhicules électriques et hybrides dans notre production en 2024, soit dix points de plus qu'en 2023.
J.A. : Pour finir, quel est votre sentiment sur le marché VO 2024 ?
LVdV : Le marché des voitures d'occasion sera relativement baissier en 2024. Nous pensons qu'il y aura une stabilisation des immatriculations de voitures neuves, contre un léger ralentissement des ventes de voitures d'occasion. Pour être plus précis, le segment des voitures récentes va souffrir de la dynamique des VN de cette année. Il nous faudra donc être en mesure d'épauler les concessionnaires qui voudront compenser en se positionnant davantage sur des voitures plus âgées.
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