Les effets de la crise
Il ne pouvait pas vraiment en être autrement. Les sociétés de crédit indépendantes ont, elles aussi, été touchées par la crise avec la baisse des ventes enregistrée au dernier quadrimestre 2008. "L'ensemble des acteurs du marché a dû faire face à un net ralentissement des flux de financement finaux", confirme Jean-Christophe Prigent, le directeur des financements auto-moto-loisirs de GE Money Bank. Toutes ces sociétés spécialisées ont, en effet, assisté à la chute des ventes auprès des particuliers et à la dégradation de l'état de santé des entreprises, ce dernier point les ayant bien sûr poussés à être beaucoup plus vigilantes. "Nous avons également dû composer avec des taux de refinancement particulièrement élevés", souligne Jean-Hugues Delvolvé, le directeur général adjoint et directeur commercial de CGI. Résultat : la production des établissements de crédit indépendants a connu un véritablement retournement de tendance sur la période octobre-novembre. "Nous avons enregistré sur octobre une baisse de production en valeur de 3,5 % ou 4 % par rapport à 2007, illustre Jean-Marie Thierry, le directeur de Viaxel (Ndlr : le mois de novembre s'est, quant à lui, terminé avec une baisse de 2 % à 10 %, avec la prise en compte ou non des deux jours ouvrés en moins disponibles sur la période). Jusqu'ici, nous avions enregistré des taux de croissance mensuels compris dans une fourchette allant de + 4 % à + 8 %. Nous ne considérons toutefois pas cette baisse comme une catastrophe, notre production ayant affiché une hausse de 3 % en cumul à la fin novembre."
Par ailleurs, aucune technique de financement n'a, semble-t-il, été beaucoup plus touchée qu'une autre. "Nous n'avons pas vraiment assisté à des changements significatifs, estime ainsi Jean-Hugues Delvolvé, de CGI. Notre production globale a continué de reposer sur de la LOA ballon à hauteur de 25 %." Et pour cause : cette technique de financement, qui permet de véritablement lisser ses dépenses, paraît avoir été privilégiée par les clients finaux, soit dans ses versions "ballon" ou classiques. Viaxel et GE Money Bank l'ont en tout cas constaté : au dernier quadrimestre, ces deux entreprises ont enregistré un développement plus rapide de la LOA en proportion. "Nous avons aussi décroché quelques dossiers de financement supplémentaires avec la suspension de certaines offres chez des captives de constructeurs", reconnaît Jean-Marie Thierry, de Viaxel. Un responsable qui a bien entendu cherché à répondre aux nouveaux besoins des concessionnaires à la fin 2008. A l'instar de tous ses concurrents.
De toutes nouvelles offres mises en place
Les concessionnaires ont vu leurs besoins de financement croître de façon exponentielle entre septembre et décembre derniers. Ils ont notamment cherché à financer leurs stocks via la sollicitation de nouvelles lignes d'encours, des sommes débloquées d'autant plus aisément par les établissements de crédits indépendants que ces derniers sont bien souvent des filiales de très grands groupes bancaires ou conglomérats. "Nous avons continué à financer normalement les stocks de nos partenaires distributeurs car nous n'avons eu aucun problème d'accès aux liquidités", confirme Jean-Marie Thierry, de Viaxel, un département de Sofinco. "Nous n'avons ni diminué ni fermé des lignes d'encours", relève pour sa part Jean-Christophe Prigent, de GE Money Bank. Il n'empêche. Les sociétés de crédit indépendantes ont aussi cherché à séduire de nouveaux partenaires via la mise en place de nouvelles offres : en décembre dernier, CGI a ainsi lancé un "produit" destiné à prendre le relais des crédits de financements de stocks - "floor plan" - des constructeurs (JA n°1067/1068). Résultat : cet établissement a fait l'objet de nombreuses sollicitations en quelques semaines, des dossiers ayant déjà été signés avec deux nouveaux partenaires distributeurs (ces deux dossiers affichent des lignes d'encours respectives de 1,2 et 1,5 million d'euros). Et ces résultats ne semblent rien devoir au hasard.
Christophe Michaëli, le directeur du marché automobile de Cetelem France, nous déclarait lui aussi récemment que son organisme avait été plus sollicité depuis septembre dernier, et notamment par des concessionnaires avec lesquels il n'avait jamais travaillé jusqu'ici (JA n°1067/1068). "Les distributeurs ont pris peu à peu conscience qu'ils avaient intérêt à travailler avec plusieurs partenaires financiers et qu'ils devaient plus que jamais privilégier des partenaires fiables", souligne Jean-Hugues Delvolvé, de CGI, ce responsable considérant aussi que les droits de tirage supplémentaires accordés récemment aux captives des deux grands constructeurs français se révéleront très vite insuffisants. "Ils ont été accordés avec un taux d'intérêt de l'ordre de 8 % et ne représentent environ que 1/30e de leurs encours", explique Jean-Hugues Delvolvé. Logiquement, il considère donc que la crise devrait être globalement bénéfique à sa société. Les autres établissements de crédit indépendants sont bien évidemment sur la même longueur d'onde, certains considérant aussi que les captives de constructeurs ont encore leur raison d'être et que le pire reste peut-être encore à venir pour les concessionnaires.
"Les captives représentent des outils stratégiques pour les constructeurs, rappelle Jean-Marie Thierry. Elles leur permettent de faire de la relation client, les constructeurs devront peut-être simplement revoir le positionnement et la politique de leurs captives dans certains pays." Les concessionnaires sont, quant à eux, appelés à éplucher avec un peu plus d'attention et de récurrence leurs comptes d'exploitation au cours des prochains mois. "Ils vont désormais devoir faire face à un faible niveau d'activité, la crise de trésorerie pouvant presque être considérée comme déjà derrière nous, prévient Jean-Marie Thierry. Les distributeurs vont devoir suivre au plus près tous leurs centres de profits et tenter de dégager des marges supplémentaires, notamment en tentant de commercialiser plus de financements ou de services additionnels et en contrôlant les taux de remises accordés par les vendeurs. Les constructeurs ne doivent pas, eux, pousser trop loin les niveaux de remises, cela pouvant déstabiliser le marché et fragiliser les concessionnaires."
Photo : Jean-Christophe Prigent, directeur des financements auto-moto-loisirs de GE Money Bank.
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