Laurent Radix, ParuVendu : "L'intelligence artificielle fera l'objet d'une option payante"
Le Journal de l'Automobile : Quelle analyse faites-vous du marché français des voitures d'occasion ?
Laurent Radix : Les stocks ont véritablement tendance à se recomposer depuis septembre. Avant cela, les professionnels avaient diminué l'offre de 28 % entre décembre 2022 et juin 2023, à en croire nos statistiques. Nous voyons de plus en plus de voitures électriques et hybrides apparaître sur nos serveurs. Leur pénétration est passée de 8 à 15 % dans les annonces publiées sur ParuVendu. Mais il n'y a rien d'étonnant à ce phénomène puisque cela va dans le sens de l'histoire.
J.A. : Quelle incidence cela a-t-il sur les statistiques sur votre site ?
L.R. : L'électrification et l'afflux de voitures récentes exercent une réelle influence. Le prix moyen des voitures d'occasion a significativement grimpé pour atteindre 28 000 euros, contre 24 000 euros auparavant. Nous observons cependant que des voitures comme les Mercedes Classe A ou l'Audi A3 sont sorties du top des recherches pour laisser la place à des modèles plus modestes. Il faut savoir que 40 % des requêtes ciblent des VO de 6 000 à 10 000 euros contre 12 000 à 15 000 euros avant la crise. Enfin, nous constatons un ralentissement de la rotation. Les annonces restaient en moyenne 35 à 45 jours. Maintenant, il faut en moyenne 60 jours pour trouver un acheteur.
Le trafic a subi une baisse de 4 % en 2023, mais il remonte progressivement
J.A. : Autobiz prédisait récemment un retour à la normale pour le marché…
L.R. : Nous sommes alignés avec eux. Le marché va se réguler de lui-même et la consommation devrait repartir en 2024. Je suis d'autant plus confiant que les banques annoncent une baisse des taux.
J.A. : Mais les consommateurs se tourneront-ils toujours vers vous les infomédiaires ?
L.R. : Les concessionnaires ont mené de nombreuses expérimentations depuis le début de la crise. Ils ont imaginé se tourner vers des plateformes dont ils ont la maîtrise, mais ils ne sont pas satisfaits. Le schéma opérationnel et le modèle d'affaires sont compliqués. La chaîne de valeur se dilue, tandis que le chiffre d'affaires ne progresse pas autant qu'ils le souhaitent.
J.A. Comment ont évolué vos propres chiffres en la matière ?
L.R. : La plateforme ParuVendu cumule sept millions de visiteurs uniques par mois, dont 2,5 millions pour la rubrique automobile. Le trafic a subi une baisse de 4 % en 2023, mais il remonte progressivement. Là encore, cela prouve que des jours meilleurs nous attendent. Cependant, il faut rester prudent.
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J.A. : Qu'est-ce qui vous met en alerte ?
L.R. : Depuis onze ans que nous sommes à la tête de l'entreprise, nous nous sommes employés à rester dans le top 3 des infomédiaires. Cela requiert des investissements conséquents, mais il n'y a pas d'autres moyens de subsister. Cependant, au cours des derniers mois, les particuliers ont de moins en moins recours aux services des infomédiaires.
J.A. : Comment l'expliquez vous ?
L.R. : Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Les particuliers sont davantage sollicités par des concessionnaires pour du rachat cash ou s'en remettent plus souvent à la reprise de leur véhicule dans le cadre d'une transaction en point de vente. Aussi, le verrouillage du cycle de vie par les organismes financiers commence à avoir un effet notable. Il ne faut pas oublier les franchises d'intermédiation et les start-up, même si ces entreprises sont plus exposées depuis la fin de l'argent magique pour soutenir leur activité.
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J.A. : Pour garder de la valeur, quelle est la feuille de route ?
L.R. : Nous allons lancer la nouvelle version de notre application ParuVendu, en février prochain. Après huit ans de service, il était temps de la moderniser. Elle gagnera en fluidité, en fonctionnalités et en intuitivité. Mais notre véritable innovation relève de l'intelligence artificielle. Nous menons des tests pour optimiser le référencement des annonces grâce à l'IA. Elle sera capable d'analyser les photos pour sélectionner les plus pertinentes et elle interviendra sur le texte à améliorer.
J.A. : À quand une commercialisation ?
L.R. : Quelques points de vente participent à l'expérimentation et nous serons prêts en février. L'intelligence artificielle fera l'objet d'une option payante, à environ 20 euros. Un choix que nous assumons afin de ne pas avoir à commercialiser les données des distributeurs pour supporter le coût des licences. Dans notre branche immobilier, la technologie a permis de générer 20 % de leads en plus. Nous sommes donc confiants pour les revendeurs automobiles.
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