Xi Jinping à Paris : la France contrainte de trouver un compromis
Soixante ans de relations diplomatiques, pour le meilleur et pour le pire. À l’occasion de la visite de Xi Jinping à Paris pour commémorer cet anniversaire, le moins qu’on puisse dire est que l’ambiance est tendue entre les présidents chinois et français.
Les sujets qui fâchent ne manquent pas : le soutien à la Russie dans sa guerre à l’Ukraine, la question des Ouïghours, la situation au Proche-Orient… Mais c’est probablement sur la question de l’automobile que les relations sont les plus crispées.
A lire aussi : Voiture électrique : le ministre chinois du Commerce veut convaincre la France
Taxes douanières et représailles
Pékin estime que l’enquête conduite par la Commission européenne contre les subventions publiques chinoises à la production de voitures électriques aurait été notamment poussée par Paris. Or, les Chinois sont très fortement courroucés par cette enquête qui pourrait aboutir à l’instauration de taxes douanières sur les importations chinoises.
A lire aussi : Bruxelles avance des preuves contre les subventions chinoises
Il y a moins de trois semaines, le chancelier allemand Olaf Scholtz était à Pékin pour tenir un tout autre discours et assurer l’empire du Milieu de son soutien. Berlin craint que la Chine applique des représailles aux Européens… Cette hypothèse serait catastrophique pour l’Allemagne dont la Chine est le premier débouché pour les exportations automobiles. D’autant que les Chinois raffolent des voitures premium allemandes et contribuent ainsi largement à gonfler l’excédent commercial de Berlin.
Emmanuel Macron attaque l'Allemagne
D’ailleurs, dans une interview à La Tribune Dimanche, le président Emmanuel Macron a attaqué son partenaire allemand : "certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés (...) nous voulons obtenir la réciprocité des échanges (...) je plaide pour un aggiornamento parce que la Chine est devenue surcapacitaire dans beaucoup de domaines et exporte massivement vers l’Europe".
Paris estime que les surcapacités automobiles subventionnées en provenance de Chine menacent directement l’industrie européenne avec des véhicules entre 20 et 30 % moins chers.
L'Italie fait les yeux doux
En réalité, la France est condamnée à trouver un compromis car la Chine contrôle l’essentiel des approvisionnements de matières premières nécessaires à la production de batteries électriques. En outre, Paris souhaiterait attirer les investissements chinois sur son territoire. BYD a par exemple préféré s’installer en Hongrie (où le président Xi Jinping se rendra tout de suite après son passage en France).
Pour le constructeur automobile chinois, le choix de son implantation industrielle dépendra de la qualité de l’accueil du pays sur ses produits. À ce petit jeu-là, l’Italie s’est déjà montrée extrêmement polie avec les constructeurs chinois puisque Rome discute avec BYD et Chery.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.