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Industrie

Le plan de relance de l’automobile ? Simple, massif mais incomplet

Publié le 27 mai 2020

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
La filière automobile se montre satisfaite des mesures annoncées dans le plan de relance automobile. Mais distributeurs et industriels regrettent l'oubli de l'entretien-réparation qui aurait permis d'aider les revenus les plus modestes.
Les professionnels de l'automobile se montrent satisfait du plan de relance mais regrettent que l'après-vente ait été oubliée.

 

Après l’annonce d’une aide globale de 8 milliards d’euros pour la filière automobile le 26 mai 2020 par Emmanuel Macron, les professionnels du secteur se sentent soulagés. "Ce plan pragmatique permet à la fois de préserver les entreprises et de transformer la filière automobile. Il répond à l'urgence absolue, tout en réinscrivant les différents acteurs industriels et de services dans une perspective commune. Le coup de fouet apporté dès le 1er juin 2020 devrait favoriser un déstockage indispensable pour apporter de l'oxygène aux entreprises", avance Xavier Horent, délégué général du CNPA.

 

Pour rappel, à compter du 1er juin 2020, le bonus pour les véhicules électriques et les véhicules hybrides rechargeables est renforcé : 

- le bonus portant sur les véhicules électriques pour les particuliers est porté à 7 000 euros pour les véhicules d’un montant inférieur ou égal à 45 000 euros (au lieu de 6 000 euros à ce jour) ;

- le bonus portant sur les véhicules électriques à destination des flottes d’entreprises est porté à 5 000 euros (au lieu de 3 000 euros à ce jour), pour les véhicules particuliers et les véhicules utilitaires légers ;

- les véhicules hybrides rechargeables d’un montant inférieur à 55 000 euros pourront bénéficier d’un bonus de 2 000 euros, pour les particuliers comme pour les personnes morales.

 

S’agissant de la prime à la conversion, un élargissement du dispositif sera mis en œuvre à compter du 1er juin – cette mesure "coup de fouet" s’appliquera aux 200 000 premiers véhicules, neufs ou d'occasion. Les trois quarts des Français seront éligibles à cette nouvelle prime à la conversion.

- Afin d’augmenter le nombre de ménages pouvant bénéficier des hausses de primes sur les véhicules thermiques, électriques et hybrides rechargeables, le seuil de revenu fiscal de référence par part sera porté de 13 500 euros à 18 000 euros ;

- Les critères d’éligibilité pour la mise au rebut d’un véhicule seront assouplis pour intégrer les véhicules Crit’Air 3 (véhicules essence immatriculés avant 2006, et véhicules diesel immatriculés avant 2011) ;

- Le montant de la prime sera porté à 3 000 euros pour l’achat d’un véhicule thermique et 5 000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable ;

- Pour les personnes morales, la prime actuelle sera doublée pour les véhicules électriques et les hybrides rechargeables ;

- Les véhicules rétrofités seront éligibles à la prime à la conversion ;

- Une surprime de 2 000 euros, cofinancée par l’Etat et les collectivités, sera accordée aux personnes qui habitent ou travaillent dans une zone à faibles émissions.

 

Ainsi, côté distribution, les professionnels se montrent satisfaits du soutien apporté et de l’intégration des véhicules thermique neufs ou d’occasion dans le dispositif de la prime à la conversion. Pour Alexis Padioleau, Country Manager chez Qarson France, "le plan de 8 milliards annoncé par l'Etat est un signe positif et démontre l'importance de la reprise de notre activité. Les efforts notamment concernant la prime à la conversion sont significatifs, en élargissant les conditions d’éligibilité et en passant le montant de 1500 à 3000 euros pour les véhicules thermiques qui constituent aujourd'hui la majorité du stock, les consommateurs vont pouvoir bénéficier de conditions particulièrement intéressantes."

 

Enormes enjeux industriels

 

"C’est un plan simple, rapide, massif qui couvre aussi bien la demande que l’offre. Les sommes engagées sont de très bon aloi, le tout concourt au renouvellement du parc", souligne Claude Cham, président de la Fiev.

 

"Concernant le fonds d’investissement doté de 600 millions d’euros, la mesure doit être saluée mais je me demande si cette dotation sera suffisante. La crise va être longue et les enjeux sur la robotisation, le big data, les nouvelles technologies et l’évolution de la mobilité, vont nécessiter beaucoup d’argent et c’est la raison pour laquelle nous militons pour une baisse des impôts de production", poursuit le président du syndicat des équipementiers. De cette manière, la France pourra garder sa souveraineté et baisser sa dépendance face à une production délocalisée.

 

Selon la PFA (Plateforme de l'automobile) l'objectif présidentiel de produire plus d'un million par an d'ici cinq ans de véhicules électrique ou hybride est totalement réaliste. "Des engagements ont été pris par les constructeurs, les équipementiers, de localiser un certain nombre d'investissements. Dans ce plan, il y des mesures pour capter les investissements du futur: l'hydrogène, la batterie, le véhicule connecté", a précisé Luc Chatel, son président, en indiquant qu'avant même la crise sanitaire le "marché automobile mondial était en retrait, en pleine transformation".

 "Au travers de ce plan, Valeo va sécuriser la transition de l'activité de sites industriels majeurs en France (...) en créant de nouveaux emplois et en dynamisant le tissu économique local", a, pour sa part, réagi dans un communiqué l'équipementier Valeo, dont l'usine d'Etaples a accueilli l'intervention du jour du président Macron.

 Faurecia, précise dans un communiqué que ce plan va notamment lui permettre de créer "600 emplois à haute valeur ajoutée", qu'il représente "un potentiel de 200 millions d'euros d'investissements favorisant la localisation industrielle de technologies de rupture" et va agir comme un "accélérateur des programmes de neutralité carbone".

 

 

L'après-vente oubliée

 

Seul regret de l’ensemble de la filière : que l’après-vente automobile ait été totalement ignorée. "Aucune mesure de soutien n’est prévue pour favoriser l’entretien et la réparation automobile, qui joue pourtant un rôle majeur en matière de sécurité routière, de réduction des émissions des véhicules, et permet de répondre aux besoins des Français qui n’ont pas forcément les moyens d’acquérir un nouveau véhicule", regrette le CNPA qui avait ainsi proposé l’adoption d’un chèque réparation, ou une baisse de fiscalité pour les pièces de réemploi.

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