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Industrie

La Norvège au sommet du monde électrique

Publié le 5 janvier 2021

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Les véhicules électriques ont représenté 54,3 % des immatriculations norvégiennes en 2020. Un record que le pays souhaite battre dès cette année, en visant une part de 65 %.
L'Audi e-tron a été le modèle le plus vendu en Norvège en 2020.

 

La Norvège est devenue en 2020 le premier marché où les voitures électriques ont représenté plus de la moitié des nouvelles immatriculations, un jalon qui place le pays sur les rails pour son objectif de décarboner tous ses véhicules neufs dès 2025. Malgré la pandémie de Covid-19, qui a retardé le lancement de nouveaux modèles, l'électrique s'est arrogé une part de marché de 54,3 % contre 42,4 % un an plus tôt, selon les chiffres du Conseil d'information sur le trafic routier (OFV), publiés mardi 5 janvier 2021.

 

Inégalées dans le monde, les ventes ont connu un coup d'accélérateur en fin d'année : en décembre 2020, la part de marché de l'électrique a battu un nouveau record mensuel, à 66,7 %. "C'est une tendance extrêmement positive", s'est félicitée Christina Bu, secrétaire générale de l'Association norvégienne des véhicules électriques, qui promeut le "zéro émission". "Nous sommes presque sur la voie pour atteindre les objectifs de 2025", a-t-elle ajouté.

 

La Norvège, qui est paradoxalement le plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, affiche l'ambition que toutes ses voitures neuves soient "zéro émission" - électriques et à hydrogène - à compter de cette année-là. Avec plusieurs longueurs d'avance sur d'autres pays européens, pourtant ambitieux, comme le Royaume-Uni, qui vient d'avancer à 2030 la date d'interdiction des ventes de voitures essence et diesel. La France, elle, devrait atteindre ce cap en 2040.

 

L'Audi e-tron en tête des ventes

 

Pour atteindre son objectif, la Norvège met en œuvre une politique fiscale extrêmement avantageuse même s'il a commencé à rogner certains des passe-droits accordés aux voitures électriques, tels que la gratuité des péages urbains ou la possibilité d'emprunter les couloirs de transport collectif. Contrairement aux voitures diesel ou essence très lourdement taxées, les voitures propres y sont exemptes de quasiment toute taxe, ce qui les rend plus compétitives à l'achat.

 

C'est un SUV électrique, qui aurait normalement été hors de portée de la plupart des bourses, qui a dominé le classement des ventes norvégiennes l'an dernier - l'Audi e-tron avec un coût de départ d'environ 47 000 euros - devant trois autres modèles électriques, la Tesla Model 3, la Volkswagen ID.3 et la Leaf de Nissan.

 

Objectif de 65 % de VE en 2021

 

Malgré ces performances sans égales, l'Association norvégienne des véhicules électriques dit rester sur sa faim, elle qui s'attendait à voir l'électrique accaparer près de 60 % du marché l'an dernier. "On y serait arrivé s'il n'y avait pas eu le coronavirus", a souligné Christina Bu. "Mais le virus a retardé plusieurs lancements". Pour l'année en cours, l'association dit tabler sur une part de marché de 65 %. "Pour la première fois, on s'attend à ce que le nombre de lancements de modèles électriques, jusqu'à 40, dépasse celui des autres véhicules, moins d'une trentaine, y compris en comptant les hybrides rechargeables", a souligné Christina Bu.

 

Même si elle progresse à des rythme record, l'électrification du parc automobile norvégien reste très progressive : fin 2019, 9 % des véhicules du royaume roulaient à l'électrique. Et les avantages accordés à l'achat de l'électrique ont aussi un coût pour les caisses de l'Etat : selon le ministère norvégien des Finances, le manque à gagner fiscal a approché l'an dernier 20 milliards de couronnes (près de 1,9 milliard d'euros). "Ce n'est pas très bien conçu", souligne Bjart Holtsmark, un chercheur de l'institut de statistique SSB, critique à l'égard des subventions publiques. "Ces subventions ont fait que le véhicule le plus vendu l'an dernier est un gros 4x4 de 2,5 tonnes qui nécessite beaucoup d'énergie pour se déplacer et dont le poids fait qu'il occasionne une pollution sonore et des particules fines nocives", ajoute-t-il. Mais ses partisans font valoir l'intérêt de ce mode de locomotion pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris, dans un pays qui tire la quasi-intégralité de son électricité de sources hydrauliques. (avec AFP)

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