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Constructeurs

Guerre en Ukraine : la filière automobile en alerte sur l'approvisionnement en matières premières

Publié le 3 mars 2022

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Les usines d'assemblage sur le sol russe ne sont pas les seules à subir les sanctions économiques infligées au pays. La Russie et l'Ukraine sont également des réserves gigantesques de métaux et de matières premières qui vont bientôt manquer à l'industrie.
L'Ukraine et la Russie possèdent des réserves gigantesques de métaux et de matières premières qui vont bientôt manquer l'industrie.

Nouveau branle-bas de combat au ministère de l’Industrie. Après deux années de pandémie, couplées à la crise des semi-conducteurs, qui ont entraîné le manque de plusieurs millions de véhicules produits, l’industrie doit faire face aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

Le 2 mars 2022, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, a reçu les comités stratégiques des filières concernées par la crise engendrée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

L’automobile était bien sûr intégrée à ce tour de table aux côtés de l’aéronautique, des mines-métallurgie et de l’agro-alimentaire. "Notre objectif est d’être aux côtés des filières industrielles face à l’actualité et à ses conséquences, notamment en matière de logistique, d’approvisionnement ou d’évolution des coûts de certains intrants", a indiqué la ministre déléguée lors d’un point avec la presse.

 

"Nous menons cette démarche de manière rigoureuse et organisée. Nous faisons le point sur les détails des besoins des entreprises en approvisionnement qui étaient naturellement réalisés auprès de la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie. Sur cette base, nous regardons également quels sont les niveaux de stocks disponibles, quels fournisseurs sont susceptibles de se substituer aux courants d'approvisionnement auxquels ces entreprises étaient habituées et, le cas échéant, quelles alternatives peuvent être mises en place en termes de nature de matériaux ou d'intrants pour réaliser la même fonction."

Risque sur le palladium, inflation sur l'aluminium

 

Pour aider à ce recensement, Bercy a demandé à Philippe Varin, d’étendre son rapport, rendu au début de cette année sur les métaux critiques et leur approvisionnement. Un travail déjà entamé notamment par France Industrie dans une note, que nos confrères de La Tribune ont pu obtenir. Visiblement deux composants vont prochainement manquer à l’appel, entraînant un impact considérable sur la production automobile, et pas uniquement sur les sols russe ou ukrainien.

 

Lire aussi : Les fermetures d'usines automobiles en Russie se multiplient

 

La Russie tout d’abord est le premier producteur de palladium (40 % de la production mondiale), un métal indispensable aux pots catalytiques des véhicules thermiques. Même si le cabinet Alix Partner indique que la filière dispose de trois mois de stock, évitant ainsi une paralysie immédiate, les prix commencent à flamber et personne ne peut s’avancer sur une durée du conflit et encore moins sur un arrêt des sanctions.

 

Même phénomène sur les cours de l’aluminium dont l’inflation a démarré en mai 2020. La tonne d’aluminium s’échangeait à 1 500 euros à cette date. En janvier 2022, celle-ci atteint déjà les 3 000 euros, proche du pic atteint en juillet 2008. De son côté, le gramme de palladium s’échange à plus de 80 euros contre 5 euros en 2008.

Dépendance critique

 

Selon cette même note de France Industrie, "le taux de dépendance à la Russie est de 17% pour le platine et de 15% pour le ruthénium, l'iridium et le rhodium. Ces métaux sont utilisés dans les catalyseurs automobiles, dans l'électronique, en bijouterie, et pour fabriquer des piles à combustible et des électrolyseurs d'hydrogène. Des industriels comme Symbio/Michelin, Hyvia, Stellantis … qui sont positionnées sur les piles à combustible, pourraient être impactés par la pénurie de ces métaux."

 

Le nickel pour les batteries, le cuivre pour les électrolyseurs et les piles à combustible et le cobalt pour les catalyseurs sont également jugés à risque. La Russie est le troisième producteur mondial de nickel avec 250 000 tonnes en 2021 sur une production mondiale de 2,5 millions de tonnes environ. La Russie est respectivement le septième producteur dans le monde en 2020 avec 850 000 tonnes de cuivre (sur 20 millions de tonnes environ) et deuxième producteur mondial de cobalt en 2019 avec 6 100 tonnes (sur 140 000 tonnes environ).

 

Autre zone de risque : les semi-conducteurs dont la pénurie pénalise l’industrie automobile depuis déjà un an environ.  En cause cette fois, le gaz néon qui est un composant essentiel dans la fabrication des lasers, qui permettent la production de ce composant électronique. 70 % de ce gaz provient de l’Ukraine !

 

Enfin, les importations de caoutchouc synthétique et noirs de carbone venues de Russie et d'Ukraine, qui sont des zones d'approvisionnement non négligeables, pourraient avoir un impact pour les fabricants de pneumatiques.

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