Fin du thermique : la France met en garde l’Allemagne
Clément Beaune, le ministre français chargé des Transports, a exhorté l'Allemagne à soutenir à nouveau l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l'Union européenne en 2035, regrettant une "forme de fronde" de Berlin.
"Il faut garder cet objectif. Il est très important, y compris pour nos industriels, en France, en Allemagne", a déclaré le ministre, mercredi 8 mars 2023, sur la chaîne d'informations LCI, au lendemain du report sine die d'un vote des 27 Etats membres sur ce pan crucial du plan climat de l'UE, en raison de l'abstention annoncée de l'Allemagne.
"J'ai eu hier mon homologue allemand, ministre des Transports (Volker Wissing, NDLR), puisque c'est notamment lui qui a mené cette forme de fronde contre l'objectif 2035", a confié Clément Beaune. Le blocage de Berlin est une initiative des libéraux du FDP, dont Volker Wissing est membre.
Reconnaissance des carburants de synthèse
De son côté l'Allemagne se défend : "L’approbation du compromis par le ministre des Transports en novembre 2022 était soumise à une condition : qu’il existe une réglementation pour les carburants alternatifs en dehors de la réglementation sur les limites de flotte jusqu’en 2035, a rappelé le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit. Ce fait n’a pas encore été reconnu. Des discussions sont en cours au niveau opérationnel avec la Commission afin que ce règlement spécial puisse être réalisé."
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"Il y a des inquiétudes, je crois qu'il y a des discussions internes à la coalition allemande, pour être très clair aussi un peu de positionnement politique", a commenté le ministre. Mais il a mis en garde : "si on ne garde pas cette ambition nous serons balayés sur le plan industriel et écologique (...) ce n'est pas en donnant des contre-signaux que l'on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous".
Le texte, qui imposera de fait les motorisations 100 % électriques, a fait l'objet en octobre d'un accord entre États membres et négociateurs du Parlement européen, et a été formellement approuvé mi-février par les eurodéputés réunis en plénière. Il ne peut plus être modifié.
"Ce signal était clair, il avait été soutenu, y compris par l'Allemagne. Il avait été acté sous la présidence française de l'Union européenne comme une grande ambition (...) il faut, je crois, revenir sur cet objectif qui est très important", a plaidé Clément Beaune.
Rassurer l'Allemagne ?
La validation définitive du texte par les ministres des États membres n'est toutefois pas impossible. Selon une source allemande, il suffirait que l'Union européenne annonce un calendrier ou un plan de travail sur le sujet des carburants de synthèses pour, peut-être, rassurer le parti libéral FPD et ainsi transformer l'abstention de l'Allemagne en un vote positif.
Dans cette hypothèse, la Suède qui préside l'UE pourrait remettre le texte à l'ordre du jour des ambassadeurs du 10 mars, pour une ultime validation lors du Conseil des ministres de l’Environnement du 16 mars. (avec AFP)
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