ElectriCity fait monter Renault en tension
Pour Renault, l’ère de l’électrique passe à la vitesse supérieure. Avec l’arrivée en concession de la Mégane E-Tech, son nouveau modèle 100 % électrique, le constructeur pose la deuxième brique de son plan de reconquête du segment C en Europe. Pour ce faire, la marque au losange met les bouchées doubles pour parvenir à tenir ses exigences en matière de volume.
Dans le Nord (59), la manufacture de Douai a assemblé depuis sa création en 1970, 10 millions de véhicules et 17 modèles différents. Cette usine, c’est en quelque sorte la chrysalide de la marque au losange qui cherche à muer en un groupe 100 % électrique à l’horizon 2030. Elle est l’une des pierres angulaires de son nouveau pôle ElectriCity lancé en juin 2021, réunissant les trois sites de Douai, Maubeuge et Ruitz.
Élaboration "d'écosystèmes"
"Avec ElectriCity, partie intégrante du plan Renaulution, nous avons pour objectif de créer le pôle d’excellence électrique avec une ambition de 500 000 VE par an d’ici à 2025", précise Luciano Biando, directeur industriel du pôle Renault ElectriCity.
A Douai, le site va être entièrement repensé. Cent quarante-quatre hectares seront vendus pour accueillir des partenaires du groupe Renault. En partenariat avec la startup Verkor, située à Dunkerque (59), ils accueilleront une Gigafactory Envision AESC qui assemblera sur place les batteries dès 2024. Les travaux commenceront dès septembre prochain.
Le deuxième point de cet écosystème porte sur les fournisseurs "classiques" de Renault. "80 % d'entre eux seront situés dans un rayon de moins de 300 km d’ElectriCity", précise LucianoBiando. Enfin, le dernier point concerne la formation du personnel approfondie avec la création de 700 emplois directs entre 2022 et 2024 et le développement d'un pôle universitaire.
La Mégane E-Tech, première d'une longue série
Pour le moment, la Mégane E-Tech est le seul modèle produit à Douai, mais cinq autres suivront d’ici à 2025. "Un véhicule sera mis en production fin 2023, deux autres sont programmés en mai et fin d'année 2024. Ils seront suivis par deux modèles en 2025, informe Luciano Biando. Il s'agit de deux modèles dont la production n’a pas encore été annoncée officiellement, une voiture sur la base de la Megane E-Tech et deux autres véhicules dont la Renault 5 déjà communiqué." Le Kangoo viendra rejoindre également les lignes de production.
L'ex-directeur de l'usine Toyota d'Onnaing est un habitué du "Made in France". "Il est important de préciser que nous ne "relocalisons pas", mais plutôt que nous "localisons", explique-t-il. Notre compétitivité, nous la tirons des synergies créées dans cet écosystème. Aujourd’hui dans le monde, il n’y a pas d’usine automobile où la production des batteries est aussi proche de la ligne d'assemblage. Nous partons d'une usine qui a 50 ans pour en faire ce qu’il y a de plus moderne."
Des étapes repensées
Sur place, difficile de réaliser que l'usine de Douai est demi-centenaire. Tout a été modernisé pour accueillir la production de la Mégane E-Tech. Dans la partie tôlerie, une nouvelle ligne d’assemblage de la caisse a été mise en place depuis la fin d’année 2020. Elle est basée sur le process standardisé du groupe Renault, nommé ASL. Automatisé à 98 %, l’espace comprend 1 200 robots et 300 employés dont une centaine est affiliée à la fonction support.
Côté montage, l'activité a vu ses effectifs passer de 238 à 438 postes. La ligne forme un U d’un kilomètre de long sur un seul niveau, l’étage supérieur étant à présent le nouvel atelier batterie d’une vingtaine de personnes. Des zones sont dédiées à la préparation des kits à proximité de la ligne de montage. Près de 500 robots autoguidés AGV (Automated Guided Vehicles) acheminent les kits à des postes différents. Une logistique qui ne date pas d’hier, mais qui est particulièrement poussée et optimisée à Douai. Luciano Biando sourit : "Pour le moment les batteries sont acheminées de Pologne en camion, demain elles seront amenées par AGV à quelques centaines de mètres."
Actuellement, les Mégane E-Tech sont produites à un rythme de 30 véhicules par heure, soit 210 voitures par jour. Mais l'usine devrait doubler la cadence avant la fin du mois pour atteindre les 60 véhicules par heure. À noter que la production de la Talisman a été arrêtée récemment. Seuls quelques Scénic et Espace sont encore produits pour le moment à une cadence de 20 à 30 véhicules par jour. Les robots de ces lignes seront récupérés pour les futures productions.
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