Conduite autonome : tout le monde à bord !

Il a régné un parfum de compétition autour de la voiture autonome, laissant supposer que le temps du “show-off” est révolu. Les ingénieurs laissent place aux industriels. Les constructeurs et les équipementiers en parlent avec le plus grand sérieux. “Nous ne serons pas les premiers à commercialiser une voiture à conduite autonome, mais nous allons démocratiser la technologie”, a pris pour engagement Mark Fileds, le P-dg de Ford Motor, même si la communication du constructeur portait en priorité sur l’officialisation de son programme Ford Smart Mobility et sur le système SYNC3.

A la faveur du calendrier, Mercedes a pu ouvrir le feu quelques heures avant ses concurrents directs, dont Audi. Dieter Zietsche, invité à faire l’intervention pré-salon, a présenté le concept F 015 Luxury in Motion. Selon le P-dg de Daimler, il convient d’y lire la vision prospective de la marque en matière de révolution automobile. Mais, de manière plus concrète, “dans les mois à venir, nous aurons aussi un concept de poids lourd à conduite autonome”, a promis Dieter Zetsche.

De la Californie au Nevada

Entre-temps, Mercedes compte poursuivre ses expériences sur routes ouvertes. Des tests qui seront, en partie, menés entre la Californie et le Nevada. Les deux Etats mitoyens de l’Ouest américain ayant en effet modifié leur législation, ils offrent un vaste terrain pour les constructeurs.

Audi ne s’y est pas trompé. La marque aux anneaux a déjà effectué un premier rallye entre la Silicon Valley et Las Vegas. Le prototype auteur de cet exploit a achevé sa course sur la scène du stand Audi. “Comme la démonstration sur le circuit d’Hockenheim, ce trajet représente un pas considérable dans l’avancée de nos travaux”, commentait Ulrich Hackenberg, membre du directoire d’Audi en charge du développement technique.

Dans les rues de Las Vegas, s’est donc organisée une session d’essai de la conduite autonome. En particulier grâce à Valeo et Delphi, qui ont dû faire une demande spécifique pour l’occasion, dans la mesure où les voitures embarquaient des passagers extérieurs aux entreprises respectives. Après Park4U (en 2007 et 2010) et Auto Park4U (2013), Valeo proposait un circuit à bord d’un véhicule équipé de Cruise4U, soit la nouvelle appellation désignant la conduite automatisée du Français. Surtout, l’équipementier a annoncé la disponibilité, d’ici la fin d’année 2016, de Park4U Remote. Pour mémoire, il s’agit de la possibilité de piloter le stationnement depuis son smartphone.

Quant à Delphi, les aménagements techniques ont été réalisés sur une Audi SQ5, sans contribution de la marque. Là encore, une batterie de capteurs, un radar et un Lidar donnent une vision à 360° pour capter et interpréter l’environnement. “Nous avons un programme européen qui attend d’être mis en application. Nous évoluons aux côtés de Volvo et en fonction de la progression de la législation, nous pourrions en faire la démonstration à Francfort”, promet John Absmeier, directeur de la division Automated Driving de Delphi et du Delphi Labs @ Silicon Valley.

“Le feu vert des constructeurs”

Pour chacun des équipementiers, le coût aurait été abaissé à “quelques milliers d’euros”, grâce à l’économie d’échelle sur la plupart des composants. Non démonstrateur, mais néanmoins exposant, Denso s’est déclaré “en posture d’attente” quant à la technologie. “Nous avons une solution finalisée, industrialisable et qui n’attend que le feu vert d’un constructeur”, s’accordaient à dire les ingénieurs.

D’autres, tout aussi intéressés par la révolution, mais pas forcément au même stade, prennent le problème sous un autre angle. C’est le cas de TRW, par exemple. En pleine possession des moyens nécessaires, sans pour autant pouvoir les matérialiser au-delà d’une maquette, le groupe parlait de gains de sécurité. La future reprise du groupe par l’Allemand ZF pourrait mettre un coup de boost au développement. Cela dit, rien ne presse. A la faveur de l’attentisme généralisé, les retardataires ont tout loisir de recoller au peloton.