Carlos Tavares craint un démantèlement du groupe Stellantis

"Si j'avais eu le talent, j'aurais été pilote automobile de profession, pas patron". Presque une année après avoir été obligé de démissionner de Stellantis, Carlos Tavares sort du silence et de sa semi-retraite au Portugal. "Semi", car l'inactivité n'est pas dans les habitudes de celui qui a redressé PSA et organisé la fusion avec FCA. Dirigeant d'un domaine viticole, associé dans une société de restauration de voitures anciennes d'un côté et de conception de voitures de course de l'autre, acquéreur d'un domaine hôtelier et pourquoi pas futur actionnaire d'une compagnie aérienne portugaise, Carlos Tavares a la retraite pour le moins active !
Mais cela ne l'a pas empêché de se pencher sur son parcours, chez Renault mais aussi l'ex-PSA, son salaire, son rapport aux politiques, français et européens... Mais c'est aussi et surtout sur ce qu'il pense de la nouvelle équipe dirigeante que les lecteurs, automobiles, l'attendent. Et ils ne vont pas être déçus !
Dans un avant-dernier chapitre, baptisé Risques et opportunités pour Stellantis : mes conseils bienveillants, Carlos Tavares pointe les dangers auxquels devra faire face son remplaçant Antonio Filosa.
"Il est clair que beaucoup de décisions prises ces quatre dernières années ont été inversées ou annulées après mon départ. Je n'en suis pas spécialement meurtri, c'est la règle du jeu. Le problème est que l'énergie mise à le faire peut conduire Stellantis à une forme d'immobilisme et de panne stratégique temporaire", explique-t-il, prodiguant ainsi son premier conseil : s'attaquer au fond.
Or, la direction engagée vers plus de poids donné à chacune des grandes régions, l'Europe d'un côté et les États-Unis de l'autre, "remet en cause la capacité à mutualiser et faire baisser les coûts de manière collective". Tout comme "l'éparpillement et la fragmentation de l'offre et de motorisations". Son deuxième conseil porte sur la préservation, essentielle, de l'effet de taille du groupe, sous peine d'une interrogation de la pertinence d'un ensemble aussi puissant.
La décadence des États-Unis et de l'Europe face à la montée en puissance des chinois
"La grande faiblesse de Stellantis, c'est que le groupe est exposé à la décadence – je pèse mes mots – des États-Unis et de l'Europe et à la montée en puissance des Chinois à l'affût d'opportunités", analyse Carlos Tavares qui craint un éclatement de l'empire qu'il a construit, comme celui vécu par l'Alliance Renault-Nissan.
La crainte de celui qui est devenu actionnaire à hauteur de 21 % dans le constructeur Leapmotor est qu'un acteur chinois s'empare des activités européennes. Que celles sur le sol des États-Unis passent dans le giron d'un constructeur américain et que "l'équilibre entre l'Italie, la France et les US soit rompu".
De quoi donner des sueurs froides à John Elkann, président du groupe, et à Antonio Filosa. Et pourtant y a-t-il vraiment un équilibre ? Pas évident, d'autant que les profits se font sur le sol américain mais que les prises de décisions se déplacent de l'autre côté des Alpes.
Pas question non plus d'échapper à la fermeture d'usines. Celui qui se qualifiait lui-même de psychopathe de la performance estime que trois usines sont en trop en Europe et au moins une aux USA. Une opération à haut risque compte tenu des liens du groupe avec le gouvernement italien.
L'intégralité du texte à retrouver dans Un pilote dans la tempête par Carlos Tavares, en collaboration avec Bertille Bayart et Dominique Seux, paru chez Plon.
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