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Industrie

Caoutchouc et polymères : le SNCP tire le signal d'alarme

Publié le 10 mars 2022

Par Nicolas Girault
4 min de lecture
Le SNCP appelle à un accord rapide avec les constructeurs automobiles. Chutes des commandes et de la rentabilité ont entraîné, pour les transformateurs de caoutchouc, un bilan 2021 inquiétant, qui menace l'ensemble de la filière.
Caoutchouc et polymères n'entrent pas seulement dans la composition des pneus. De nombreuses pièces du moteur et de l'habitacle sont fabriquées avec ces matières.
Caoutchouc et polymères n'entrent pas seulement dans la composition des pneus. De nombreuses pièces du moteur et de l'habitacle sont fabriquées avec ces matières.

La chute de la production mondiale d'automobiles en 2021 a frappé de plein fouet les fournisseurs de caoutchouc et de ses dérivés. 80 % d'entre eux n’ont pas retrouvé le niveau de leur chiffre d’affaires 2019. Le syndicat national du caoutchouc et des polymères (SNCP) expose leur situation dramatique et réclame un accord rapide avec les constructeurs, pour sauvegarder cette industrie. Dans son bilan d’activité 2021, il constate que les coûts de production de dérivés du caoutchouc ont explosé l’an dernier – du fait de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie – tandis que les commandes se sont considérablement réduites.

 

La pénurie de composants a entraîné une chute de 40 % de la fabrication de véhicules en France et de 35 % en Allemagne. Au niveau mondial, ce sont 10 millions de véhicules qui n'ont pas été fabriqués en 2021. Cette situation a donc poussé les constructeurs à réviser soudainement, voir à annuler ou à décaler leurs commandes de pièces l’automne dernier. Cette baisse de la demande amoindrie considérablement l’activité des transformateurs de caoutchouc et les a d'autant plus affaibli.

 

Dans le même temps, les prix du gaz ont été multipliés par six entre 2019 et la fin 2021. Cela, alors que cette énergie est essentielle à la fabrication des caoutchouc synthétiques. Le poids moyen des matières premières pèse 30 à 50 % dans le prix de revient d’une pièce automobile en caoutchouc.

 

Entre 2021 et 2022, gommes brutes et mélanges à base de caoutchoucs ont vus leurs prix s'envoller.

Entre 2021 et 2022, gommes brutes et mélanges à base de caoutchoucs ont vu leurs prix s'envoler.

 

Problèmes en cascade

 

Mais le SNCP explique aussi cette hausse des coûts par la situation inédite de l’impact de la pandémie. Celle-ci a d’abord provoqué un goulet d’étranglement industriel : arrêt de la production en 2020, suivi par un redémarrage techniquement complexe, compliqué par l’absentéisme provoqué par les vagues de Covid-19.

 

Cette période a été suivie par une demande intense et une reprise soutenue, excepté dans le secteur automobile. Globalement, cette situation est aggravée par la désorganisation logistique maritime et terrestre. Enfin, dernier impondérable : des évènements climatiques ont affecté les infrastructures pétrochimiques aux USA (tempête Uri et ouragan Ida) et en Europe (inondation dans le Nord).

 

Côté fournisseurs, le syndicat explique qu’il devient difficile de répercuter cette explosion des coûts sur les constructeurs automobiles, au détriment des marges de ces entreprises. Conséquence : seuls 40 % de ces industries ont répercuté moins de 10 % de leurs surcoûts, l’an dernier. Le syndicat déclare que "de nombreux chefs d’entreprise reconnaissent qu’ils ne pourront tenir plus longtemps dans un contexte de travail à perte. Les risques de défaillances de livraisons, voire de défaillances d’entreprises, sont bien réels après deux années très difficiles. Si un tel scénario devait se confirmer, le gâchis serait énorme après le soutien franc et massif apporté par les pouvoirs publics aux acteurs de la filière automobile aux cours de ces deux dernières années."

 

Accord impératif

 

Le syndicat souligne aussi que l’ensemble de la menace pèse notamment sur les producteurs de pièces techniques en caoutchouc participant à la transition vers le véhicule électrique. Ces derniers peineraient désormais à mobiliser les moyens financiers et humains nécessaires à la transformation du secteur. Le SNCP indique que les discussions entre les groupes de constructeurs français et les différentes fédérations professionnelles n’ont pas cessées. Des négociations sur l’indexation de la vente des pièces sur les évolutions des prix des matières premières se poursuivent même depuis juin 2021. Mais la mise en place d’un nouvel accord reste trop lente, selon le syndicat.

 

A lire aussi : Luc Chatel, PFA : "La crise actuelle complique un peu plus cette transformation historique de l'automobile"

 

Face à l’urgence de la situation pour ses adhérents, le SNCP réclame une décision rapide, dans l’esprit du Code de performance et de bonnes pratiques pour les entreprises (CPBP), signé en 2020 sous l’égide de la PFA. Celui-ci accordait alors plusieurs groupes de constructeurs (PSA et Renault) et d'équipementiers (Faurecia, Michelin, Valeo, etc.), le CCFA, la Fédération forge et fonderie, la Fédération des industries mécaniques, la FFC, la Fiev, le Groupement plasturgie automobile et le SNCP... De fait, un accord semblable apparaît aujourd'hui d’autant plus urgent que le contexte de la guerre en Ukraine devrait encore aggraver la situation des transformateurs de caoutchouc.

 

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