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Industrie

Cacophonie européenne sur l'interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035

Publié le 8 mars 2024

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
À trois mois des élections européennes, les prises de position sur la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035 ne sont pas à l'unisson. Si les États membres jurent la main sur le cœur ne pas vouloir revenir en arrière, le "en même temps" gagne du terrain.
interdiction de vente de véhicules électriques en 2035
Les partis européens avancent leurs pions en vue des prochaines élections européennes qui se dérouleront le 9 juin 2024. ©adobe-stock.com

L’orchestre de l’Union européenne ne joue visiblement pas la même partition sur les émissions de CO2 des voitures neuves. De part et d’autre des États membres, des voix s’élèvent pour nuancer l’interdiction de vente de véhicules thermiques à partir de 2035, tout en estimant cependant qu’un retour en arrière de cette décision du Conseil de l’Union européenne n’est aujourd’hui plus possible !

 

"2035 est un objectif clair pour nous tous" a indiqué en début de semaine l’eurodéputée espagnole Susana Solis Perez, qui fait partie du groupe libéral Renew Europe, lors du congrès Faconauto 2024 qui s'est tenu les 5 et 6 mars 2024 à Madrid. Des propos suivis de la déclaration de l’association de l’industrie automobile allemande, (VDA) qui tient à faire taire les rumeurs d’un changement de position de l’Union européenne sur cet abandon des véhicules thermiques, dans les colonnes d’Automobilwoche. Même en France, les industriels n'ont plus peur d'évoquer un possible report de cette interdiction.

 

Ces espoirs d'assouplissement réglementaire se nourrissent de petites brèches dans les textes... "Il y a une clause de révision pour que la Commission évalue en 2027 si toutes les conditions de qualification sont réunies pour atteindre cette date et maintenir l'interdiction de la vente de véhicules légers qui émettent du CO2 dans l'UE", ajoutait l'eurodéputée espagnole.

 

Peu de chance d'un retour en arrière

 

Mais selon les experts interrogés par Le Journal de l'Automobile, faire bouger cette ligne directrice a peu de chance d'aboutir. "On sent effectivement des petites nuances apparaître, mais je ne vois pas comment Ursula von der Leyen, pourrait se dédire sur le Ban 2035. Jamais l'industrie ne fera un retour en arrière. Il serait bien trop inconfortable de réintroduire cette possibilité", fait remarquer un expert proche du dossier.

 

De fait, selon le VDA, "s'accrocher à l'ancienne technologie risquerait de marginaliser l'industrie automobile européenne". D'autant que des milliards d'euros d’investissements ont déjà été dépensés dans l’électrification des gammes des constructeurs. On imagine mal Carlos Tavares revenir sur sa stratégie d'électrification massive prévue par son plan Dare Forward 2030.

 

A lire aussi : Pourquoi l'Europe ordonne le recensement des importations de véhicules chinois

 

Mais l'Allemagne, qui ne devrait pas obtenir satisfaction sur une révision du règlement pour intégrer les carburants de synthèse, espère quand même parvenir à moduler les règles du CAFE pour avoir une approche du "puits à la roue" et non plus uniquement selon un calcul effectué au pot d'échappement comme aujourd'hui.

 

Pause réglementaire

 

En attendant d'y voir plus clair, toutes les parties s'accordent cependant à mettre sur pause le catalogue réglementaire de la Commission européenne. D’ici 2030, entre huit et dix nouvelles réglementations par an viendront alourdir l’industrie automobile européenne.

 

"Près de 25 % de mon ingénierie est dédiée à gérer la réglementation que le client n’est pas prêt à payer", avançait Luca de Meo, lors du salon de Genève 2024. Un catalogue de nouvelles obligations qui renchérit considérablement le prix des véhicules neufs.

 

Ainsi, l'application du règlement GSR II (General Safety regulation) qui entre en vigueur le 1er juillet 2024 pour tous les types de véhicules devrait se solder par un surcoût de 400 euros par véhicule.

 

A lire aussi : Luca de Meo, président de l'ACEA, souhaite un choc réglementaire en Europe

 

Or, si la demande des clients ne suit plus et si les marchés ne réagissent plus comme prévu, des ajustements devront être réalisés. La clause de révision prend toute son importance à ce niveau.

 

Des élections européennes à risques

 

En attendant, les partis européens avancent leurs pions en vue des prochaines élections européennes qui se dérouleront le 9 juin 2024. Le PPE (Parti démocrate-chrétien européen), qui vient justement de réélire de justesse Ursula von der Leyen à sa tête, avait un temps laissé planer l'idée d'une révision de l'interdiction de vente des véhicules thermiques. Une idée vite abandonnée.

 

Reste que la réélection de la présidence de la Commission européenne à la tête du PPE est déjà contestée par Thierry Breton, lui-même commissaire européen.

 

Selon ce dernier, la présidente de la Commission est renouvelée à la tête du parti avec une minorité de voix (499 sur 801 délégués) et ne peut pas à nouveau gérer l'Europe pour les cinq ans à venir. Ambiance !

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