AutoTechnica, un salon national de grande envergure
Difficile pour les Français de se passionner pour un salon de pièces automobiles aussi proche de chez eux et aux acteurs connus : 90 % des visiteurs viennent d’ailleurs de Belgique, un peu des Pays-Bas, et encore un petit peu de France. Pourtant, à y regarder de plus près, on compte bien des différences entre les deux marchés qui peuvent intéresser les Français. La fiscalité encourage les véhicules de société, qui forment un marché de belles voitures intéressantes comme les allemandes ou les asiatiques. La proximité de la France appelle un parc de véhicules français important quand, parallèlement, la part des asiatiques ne cesse de monter au point de déclencher de nombreuses décisions de décoration de stands dédiés aux pièces asiatiques. Mais il n’y a pas que cela : la Belgique étant un petit pays, la distribution observe beaucoup moins d’inertie qu’en France. La question des plates-formes, des relais, des problèmes logistiques passe derrière une bonne connaissance des distributeurs en place et surtout des deux grands faiseurs, le Belge Doyen et le Hollandais Van Heck ! Qui sont des interlocuteurs à la fois très courtisés et craints pour leur proximité avec le marché français. Leur puissance de feu ne va-t-elle pas les conduire à inonder l’Hexagone de pièces à des tarifs très avantageux ? Bien que les fournisseurs rappellent que les tarifs de base sont ceux de la France et que les frontières sont bien marquées, des souvenirs de ligne Maginot hantent encore certains professionnels. Pas de quoi, pourtant, freiner les ardeurs, puisque, selon Luc Missante, le directeur général de Federauto, “l’édition 2011 compte 65 nouveaux exposants, 95 % de ceux de 2010 se sont réinscrits, et on a observé une croissance de 30 %”. Croissance qu’il attribue “à la communication, mais aussi au choix d’une meilleure période, fin mars, loin des ponts de mai et des communions” ! A noter : des initiatives propres à la taille du pays comme l’ouverture l’après-midi et en soirée et non le matin, ou l’envoi des catalogues aux visiteurs dix jours avant le salon. On peut venir, en effet, sans problème de toute la Belgique. Quant aux animations, elles étaient nombreuses, l’organisateur offrant des m2 supplémentaires aux exposants effectuant des démarches en ce sens. En somme, un marché structuré et porteur, qu’il ne faudrait pas négliger sous prétexte qu’on le connaît trop bien…
Cerner le distributeur de toutes les Belgique
Venir sur un salon de la pièce et de l’automobile à Bruxelles n’a rien d’étonnant en soi. En revanche, qu’y viennent chercher des exposants internationaux entre un Equip Auto parisien et la grosse machine allemande, Automechanika Frankfurt ? Draguer Doyen ou Van Heck ? Pas inintéressant, mais insuffisant au regard du travail mené par les équipes commerciales tout au long de l’année. Comme pour les énergies alternatives, les réponses sont multiples et correspondent aussi à l’image fédératrice de Federauto, confédération aux multiples visages et professionnels. Pour Eric Burban, la cause est entendue puisque Corteco, la maison dont il est directeur commercial France et Benelux, a dressé pour la troisième fois consécutive son stand sur le salon : “Nous sommes, bien entendu, intéressés par les deux grands distributeurs que sont Doyen et Van Heck, et nous travaillons bien, déjà, avec ce dernier sur l’antivibratoire. Cependant, notre politique consistant à nous appuyer sur les réseaux de distribution ou les plates-formes spécialisées (distributeurs plus axés sur le moteur, en étanchéité par exemple, qui s’appuient sur des rectifieurs), nous venons à la rencontre de tous nos clients pour apporter de l’information. Et c’est très pratique ici, parce que, compte tenu de la taille du territoire, nous pouvons voir beaucoup de distributeurs en direct, et ce sont de très bons interlocuteurs parce qu’ils n’ont pas de relais de distribution, à qui il faudrait retransmettre les informations.” Autre intérêt non négligeable pour Corteco, la physionomie du parc automobile qui correspond bien aux atouts du groupe. Filiale aftermarket de Freudenberg, la société bénéficie, en étanchéité comme en antivibratoire, des pièces européennes, mais aussi asiatiques, Freudenberg possédant plusieurs usines au Japon notamment. Or, le parc comprendrait autour de 40 % de véhicules asiatiques (japonais, coréens, etc.). Peu d’acteurs autres que Corteco peuvent s’enorgueillir de stocker des gammes très longues pour ce type de pièces. Du coup, AutoTechnica se veut un bon vecteur de communication à ce sujet.
L’axe asiatique, une voie impériale
Un axe que privilégie également Laurent Dumont, directeur de la rechange France et Belgique de NTN-SNR, qui, comme l’indiquent les lettres de son groupe, dispose des gammes asiatiques les plus complètes pour les roulements, les kits, etc. : “Nous venons pour la première fois sur AutoTechnica et en challenger, parce que nous ne sommes pas encore très présents sur ce marché. Aller sur AutoTechnica, pour nous, c’est une manière d’écouter le marché, de voir comment il est organisé. Il y a une place à prendre, notamment au vu de la dualité du parc, comprenant des véhicules français et asiatiques, sans oublier les allemands chez lesquels nous sommes très bien placés en première monte.” Quant à la distribution, elle s’avère bien verrouillée autour des deux grands groupes, qui ne laissent pas de no man’s land en termes de logistique. Une situation bien différente de la France où il faut s’appuyer sur des plates-formes régionales pour assurer une livraison quotidienne. “En Belgique, comme le remarque Laurent Dumont, on peut livrer de nuit, très tôt le matin, et les garages sont ensuite livrés 4 fois par jour, une autre dimension…” Pour revenir sur l’attrait des pièces du Soleil Levant, d’autres exposants en faisaient leurs choux gras, comme Valeo, qui n’hésitait pas à exhiber son Asian Range : “Avec la nouvelle gamme asiatique Asian, précise le communiqué, Valeo réagit intelligemment à la croissance rapide du parc automobile asiatique dans le Benelux (+ 20 %) avec la couverture la plus large des véhicules asiatiques.” Et Valeo de proposer en plus des lignes habituelles, une gamme d’essuie-glaces, d’embrayages, de démarreurs & alternateurs, de radiateurs et condensateurs. Non loin, Van Heck Interpieces avait consacré un stand entier à son concept Nipparts dédié aux pièces asiatiques, concurrencé par l’espace de febi Bilstein, dont la marque Blue Print est dédiée… à l’Asie ! En clair, en Belgique, l’Asie est reine.
Lancements de produits, toujours l’un des fondamentaux
Bien que beaucoup d’exposants professent venir pour la notoriété, la présentation des nouveaux produits reste, heureusement, l’apanage des salons professionnels. C’est ce qu’explique, avec assurance, l’équipe de Ceteor (fabricant belge de Harze) : “Nous sommes déjà venus sur AutoTechnica, mais nous n’étions pas à la précédente édition parce que nous estimions que nous n’avions pas assez de nouveautés à présenter. Or, cette année, nous avons tellement de produits, d’innovations (boosters) à faire découvrir aux distributeurs, que nous devions venir. En plus de toucher des prospects, nous en profitons pour rappeler à nos clients l’ampleur de la gamme, ou si nous avons un produit qui existe désormais en 12 ou 24 volts, etc.” En l’occurrence, l’une des stars du stand était – pour nous ! – le concept “Propulstation”, qui se compose d’un puissant booster de démarrage à batterie AGM (disponible en 760 ou 1 200 ampères) et d’une station de rangement dans laquelle le booster se positionne et se recharge après l’utilisation (le booster reste ainsi toujours opérationnel. Et il sera bientôt monté sur roue pour plus de facilité d’utilisation) !
Une autre offre se révélait très intéressante par son implication dans le marché, celle de Corteco dans le joint de boîte de vitesses automatique. En effet, Freudenberg disposant d’une usine spécialisée sur ce type de joints aux Etats-Unis (marque Transtec), Corteco livre directement Ganzeboom, qui est peut-être le plus gros rénovateur de boîte de vitesses automatique, comme le précise Eric Burban : “Nous livrons des kits de rénovation pour boîtes de vitesses automatiques, les soft parts en fait (joints toriques, etc.) à Ganzeboom qui est situé en Hollande. Or, la plupart des distributeurs de ce type de produits sont basés aux Pays-Bas et livrent toute l’Europe.” A part ce produit spécifique, Corteco en a profité pour sortir quatre nouveaux catalogues sur l’étanchéité (joints), les butées d’amortisseurs, les bagues d’étanchéité, les flexibles de freins, et vanter les nouveaux kits poulie Damper avec vis et rondelles de montage.
Ah les kits ! Une spécificité bien française qui franchit les frontières, par exemple dans les valises de NTN-SNR, qui sortait pour l’occasion ses kits de distribution avec pompes à eau, soit 22 références, tout en dévoilant sa nouvelle gamme de poulies à roue libre d’alternateur. L’Italien Saleri y allait aussi de son kit de distribution avec pompe à eau, associé pour l’opération à l’allemand Schaeffler. Donc, des nouveautés, il y en avait sur AutoTechnica, jusqu’à Promauto, qui sortait de sa manche un mastodonte de l’essuie-glace, l’Américain Trico, dont il distribue officiellement maintenant les produits (sans être toutefois exclusif). Antoine Aliberti, le président du groupe, avait d’ailleurs défrayé la chronique il y a trois ou quatre ans en sortant et diffusant une gamme de batteries, tout seul, enfin presque, avec ses 15 commerciaux sur le terrain.
A quelques allées de là, le géant Bosch – premier équipementier mondial, s’il vous plaît – vantait les mérites de la formation 2.0. Un sujet que Thierry Leblanc, directeur général après-vente, avait à cœur de promouvoir et le plaisir aussi, tant les mécaniciens-réparateurs du Benelux se familiarisent bien avec les supports Internet : “Nous avons mis au point le Bosch Injection Systems 2.0 afin que le garagiste puisse en un premier temps travailler avec un appareil de diagnostic KTS et utiliser l’ESI [Tronic], le test des capteurs et des actionneurs.” Bosch présentait d’ailleurs une pléiade de produits et de services destinés aux réparateurs, comme de nouveaux bancs de freinage, 5 testeurs de diagnostic KTS différents, plus le KTS Truck, des tablettes d’ateliers, mais aussi des services adaptés comme le service en ligne de réparation des composants automobiles électroniques, etc. En fait, comme le souligne Thierry Leblanc, “Bosch est là pour aider les garagistes sur des véhicules toujours plus complexes. Ce qui explique les efforts accomplis en matière de diagnostic et de formation”. Une mission qui n’occulte cependant pas quelques intérêts commerciaux, comme en témoignait la présentation de nouvelles bougies, ou de batteries AGM et EFB, entre autres. Bref, rien ne manquait sur ce salon vivant et très concurrencé.