75 industriels du pétrole et de l'automobile appellent à autoriser les carburants synthétiques en 2035
Alors que le trilogue européen a débuté sur certains textes du paquet climat de la Commission européenne, 75 industriels du pétrole mais aussi fédérations d'équipementiers dont la Fiev, appellent les instances européennes à reconsidérer l'utilisation des carburants non fossiles comme solutions complémentaires pour atteindre la neutralité carbone en 2035.
"Le trilogue se déroule dans un monde très différent d’il y a un an. Nous ne plaidons pas en faveur d’une réduction de l’ambition réelle de réduction des GES. Nous ne plaidons pas pour une extension de l’utilisation des combustibles fossiles dans les nouveaux véhicules à partir de 2035. Nous plaidons en faveur d’une voie technologique supplémentaire importante pour atteindre les objectifs industriels et sociaux de l’Europe en tant qu’objectifs climatiques", indiquent les industriels dans un courrier commun.
Votée par le Conseil des ministres européens, la fin de vente des véhicules thermiques s'envisage désormais dans un nouveau contexte économique : celui de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et d'une flambée des prix de l'énergie.
Les conditions géopolitiques changent la donne
Dans le courrier, les signataires invoquent notamment
- L’augmentation des prix des matières premières pour les batteries et les contraintes d’approvisionnement compromettront la disponibilité de voitures abordables pour de nombreux citoyens et retarderont donc le renouvellement du parc. Cela risque d’accroître la demande de combustibles fossiles et de ralentir le rythme des réductions des émissions de GES.
- L’accès aux matières premières nécessaires pour les batteries est un défi, avec des préoccupations quant à la réduction de la dépendance à l’égard de sources non européennes.
- En réponse à la crise énergétique, qui remodèle la politique énergétique en Europe, l’intensité moyenne en GES de l’électricité de l’UE pourrait augmenter à mesure que l’utilisation du charbon devrait augmenter. Rien ne garantit que nous disposerons de suffisamment d’électricité renouvelable pour satisfaire la demande croissante de transport électrifié, avec le risque que la consommation marginale d’électricité provienne même du charbon. Les normes actuelles sur les véhicules, fondées uniquement sur les émissions d’échappement, ne font rien pour empêcher cela, au détriment de la réduction globale des émissions de GES.
- Le déploiement d’infrastructures de recharge dans toute l’Europe se développe, mais un réseau de recharge suffisamment dense dans l’ensemble de l’UE n’est pas encore garanti. Cela crée de l’incertitude qui empêche de nombreux conducteurs de passer à l’électromobilité.
Les carburants neutres en CO2 sont des solutions complémentaires
Ces nouveaux facteurs exigent une refonte difficile des hypothèses sur la meilleure façon d'atteindre la neutralité climatique en 2050.
"Étant donné que la transition vers une mobilité entièrement électrique sera progressive, les biocarburants durables, les carburants renouvelables et les carburants électroniques constituent une solution fiable pour réduire les émissions du secteur des transports à court, moyen et long terme, tout en garantissant l’utilisation du parc existant et des infrastructures", précisent les auteurs du courrier.
Les représentants de l'industrie automobile et pétrolière demandent ainsi à ce que les carburants neutres, avec une norme de certification, soient soutenus lors de ce trilogue.
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