Reconditionnement : derrière les murs de L'Atelier 5000

Depuis la rue, rien ne laisse deviner l'évolution récemment opérée. Pourtant, la plateforme logistique TEA de Corbas, ville de la banlieue lyonnaise (69), compte bien, depuis quelques semaines, une nouvelle activité. Outre les milliers de mètres carrés, dont plusieurs dizaines servant au stationnement des camions de transport de voitures, l'infrastructure détenue par le Groupe Charles André (GCA) compte un bâtiment à peine sorti de terre, entièrement dédié au reconditionnement des voitures d'occasion.

Le projet a été mené en collaboration étroite avec le groupe Bernard, distributeur multimarque des univers Renault-Nissan, Stellantis et Mercedes notamment. "Nous avions un projet de carrosserie centrale pour les voitures d'occasion. Mais les crises successives ont eu raison de la viabilité du concept. Nous avons trouvé un accord plus pérenne", débute la présentation Chloé Bernard, responsable de la stratégie et du développement du groupe Bernard.

Objectif de rentabilité

Il en résulte un espace de 5 000 m², d'où le centre de reconditionnement L'Atelier 5000 tire son nom. Une première équipe de 17 personnes, dont quatre femmes, a été constituée pour l'animer. À fin 2024, L'Atelier 5000 devrait compter 90 personnes. Cela permettra de passer de 10 à 50 voitures par jour, soit environ 15 000 reconditionnements par an, une fois à plein régime.

L'Atelier 5000 a commencé son activité avec une équipe de 17 personnes.

Le groupe Bernard et GCA ont pris des dispositions pour que la structure soit un centre de moyen et non de perte. "Nous voulons un PNL positif", insiste Mathieu Chalus, le directeur du site L'Atelier 5000. Ses expériences successives chez Michelin, Renault Trucks, Volvo Trucks ou encore Hermès et Aptar, lui ont donné les clés d'une gestion efficace. Pour lui donner toutes les chances de réussite, le groupe Bernard a cependant engagé de grands moyens.

Le concessionnaire qui compte parmi les mécènes de l'École 42, le campus consacré aux formations en informatique, a recruté une équipe de jeunes développeurs. Ceux-ci ont eu pour tâche de concevoir A5K, une plateforme logicielle de supervision des activités de reconditionnement. Un outil conçu de telle sorte que les collaborateurs de L'Atelier 5000 pourront piloter les chaînes, en étant en lien étroit avec les clients.

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"Les devis sont réalisés en prenant en considération tous les facteurs, explique Mathieu Chalus. Nous intégrons les éléments propres à l'acte de reconditionnement, en évaluant les frais, mais aussi les paramètres de ressources humaines". Sur les différents postes de travail, ensuite, A5K prend l'aspect d'une interface inspirée des applications mobiles et donc très intuitive en pratique.

Pour le directeur des lieux, il est clair que les outils doivent avoir vocation à amener les utilisateurs vers plus d'autonomie. Ce qui conduira à une réduction des postes à responsabilité et donc à une baisse des charges du centre de reconditionnement.

Graduation des travaux

Dans les 48 heures qui suivent leur arrivée sur site, chaque voiture d'occasion doit être expertisée. Tout commence sur la piste d'essai routier aménagée par GCA, à l'arrière du bâtiment. Par la suite, les voitures passent au lavage, puis dans le portique ProovStation, l'équipement d'analyse automatique des carrosseries, commercialisé par Cédric Bernard, l'autre descendant de Jean-Patrice Bernard.

L'intelligence artificielle (IA) tient un rôle important dans le circuit de reconditionnement de l'Atelier 5000. Celle embarquée dans le portique a été calibrée selon les critères du groupe Bernard. "Nous avons défini un système de graduation des remises en état en fonction de la typologie des véhicules, présente Chloé Bernard. Nous nous sommes appuyés sur l'expérience des responsables en point de vente. L'IA intègre ces paramètres pour nous aider en amont à établir les devis".

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Plus concrètement, les voitures sont classées dans une des quatre catégories : Or, Argent, Bronze et AB Deal. Un VO de moins d'un an ou moins de 20 000 km est remis à neuf. Au-delà de neuf ans d'âge, les équipes se limiteront aux aspects mécaniques. Quoi qu'il en soit en soit, les pièces employées ne sont jamais issues de la filière du réemploi. "Nous ne nous autorisons qu'à utiliser des pièces d'origine constructeur ou des pièces génériques", expose le directeur du site, qui fait appel au centre de distribution PR du groupe Bernard, installé à Belmont-Tramonet (73), à moins de 45 minutes de route.

Le reconditionnement des VO peut suivre deux circuits, un court et un long, en fonction des besoins. Après les postes de réparation mécanique, les voitures peuvent être amenées à passer entre les mains de carrossiers et de peintres. Ces derniers disposent de quatre cabines fournies par Weinmann Technologies, dont deux classiques, pouvant accueillir des VP et des VUL, et deux One Day Repair.

Chloé Bernard (groupe Bernard), Mathieu Chalus (L'Atelier 5000) et Yoann Rozec (Groupe Charles André).

Les véhicules reconditionnés finissent tous par se rejoindre au poste animé par Wahs&Check, le prestataire de nettoyage intérieur qui les prépare esthétiquement. Le groupe Bernard procède systématiquement à un contrôle technique avant la prise de photographies en studio. Le distributeur et le logisticien font appel aux solutions de PixMyCar et en cette fin d'année, ils achèveront les travaux d'un nouvel espace plus approprié aux séances.

Un centre de formation

Aux 5 000 m² dédiés au reconditionnement s'ajoute un autre espace. Celui-ci a été bâti pour héberger le service administratif mais pas uniquement. "Nous sommes agréés pour effectuer des formations et des reconversions professionnels. Notre dossier devrait être validé par Pôle emploi et nous pourrons accueillir des stagiaires en mécanique, en carrosserie et en peinture", se félicite la direction.

Le groupe Bernard et GCA se sont tournés vers Hupso, une société spécialisée dans la formation à distance pour construire leur projet pédagogique. Les premiers cycles seront ouverts en 2024 et les candidats suivront un parcours de formation de neuf à onze mois en fonction de la thématique. Cela va inscrire un peu plus le concessionnaire, lauréat des GPDA 2023, dans le paysage social d'Auvergne-Rhône-Alpes.