Quand le réseau Saab s’interroge

...sont venues témoigner de la délicatesse dans laquelle se trouvent les distributeurs Saab. Guy Marcandier à Reims et Michel Schuller à Cergy (95), deux acteurs de poids, ont en effet baissé pavillon. "Des fermetures prévues de longue date", nous dit-on. Le mois prochain, ce sera au tour de Jean-Paul Lempereur, à Liévin (62), de quitter le réseau. Pourtant l'un des premiers à avoir suivi le constructeur dans le développement de son ambitieux réseau "Unlimited", en 2001. "On vit avec deux produits. Une 9.3 obsolète et une 9.5 en stand-by. Je ne peux pas faire vivre 6 employés en vendant 2 VN par mois", explique le distributeur. A défaut de trancher, d'autres partenaires s'interrogent. "Depuis le retrait de Koenigsegg, nous sommes dans l'expectative", témoigne Guy Bouvier qui, avec le groupe Vulcain, représente la marque à Lyon. "En attendant une issue, nous travaillons à l'économie. Tant que la marque est dans le giron de GM, au titre de nos relations avec le constructeur, nous ne bougeons pas", commente-t-il encore. "S'il y a un événement majeur, nous nous organiserons en conséquence", reconnaît lui aussi Pierre Chassay, opérateur à Tours, et plus important distributeur en France. "Mais aujourd'hui, nous restons dans un schéma positif. Saab a toujours eu un renouvellement produit très lent et nous avons toujours été plus pauvres en gamme que la concurrence. Sur le marché, nous restons très compétitifs", poursuit-il. A l'instar, de Pierre Chassay, nombre de distributeurs tentent de relativiser.

Des pertes en 2009

"Depuis 10 ans que je suis distributeur de la marque, c'est la 1re fois que je ne suis pas satisfait. Habituellement, nous avons environ 2 % de profitabilité de notre chiffre d'affaires, avec 3,8 % les meilleures années et 1,5 %, les mauvaises années. En 2009, nous aurons des pertes. Je suis donc inquiet, mais je reste mobilisé. C'est de l'optimisme raisonné. Car nous avons toujours un vrai fond de commerce. L'après-vente tourne bien. J'ai un parc de 700 à 800 voitures sur ma zone et une clientèle fidèle", détaille-t-il. Une analyse tout aussi valable pour les distributeurs Unlimited. "Le concept exige des investissements importants. Mais n'oublions pas que, si on y adhère, le constructeur nous accorde une prime additionnelle de 533 euros par véhicule", explique-t-il. "Un distributeur Unlimited s'engage sur un programme de 5 ans. Pendant ces 5 années, nous l'aidons sur l'amortissement des prêts liés aux modifications de l'immobilier et lui accordons en effet une aide supplémentaire pour chaque véhicule vendu. Sur ce modèle, cela fonctionne bien. Sortis de cette période d'accompagnement, certains préfèrent rendre le panneau. C'est dommage, surtout quand la marque est bien représentée", explique pour sa part Philippe Van Der Meulen, directeur des ventes et marketing Saab France, qui salue pourtant l'attitude de son réseau. "Beaucoup sont inquiets. Et c'est légitime, car ils ont besoin de juger sur pièces pour prendre des décisions", reconnaît-il. En effet, comme les clients, les distributeurs restent attachés à la marque. Tous, préfèrent relever des signes plus positifs. "La chute de nos ventes est due aux effets de l'incertitude sur la valeur résiduelle de nos véhicules et donc à la baisse de nos ventes société", explique Philippe Van Der Meulen. Alors que la nouvelle 9.5 vient d'entrer en production, la décision quant au futur de la marque devrait se décider très prochainement : avant la fin 2009 ! De quoi rassurer tout le monde ?

Photo : A l'instar de Jean-Paul Lempereur, qui rendra son panneau Saab de Liévin le 31 décembre prochain, les incertitudes quant à l'avenir de la marque pèsent sur les résultats du réseau.