PSA met la pression sur ses réseaux Peugeot et Citroën pour une reprise rapide
A chaque marque, sa philosophie, sa stratégie et sa politique commerciale. Dans les réseaux Peugeot et Citroën, le moral n'est pas au beau fixe et pas uniquement à cause du confinement et des perspectives de marché qui ne s'annoncent pas joyeuses.
"A la mi-mars, lors du confinement de la population, nous étions soulagés du soutien des captives financières du groupe qui ont véritablement joué le jeu", affirme ce distributeur Peugeot. "Mais visiblement, le soutien n'a pas fait long feu face à la pression de la direction du groupe. Dès le mois d'avril, la marque nous imposait de réaliser un objectif de livraison correspondant à 25 % du volume réalisé l'année passée à la même époque. La majorité des opérateurs a dû céder, car cet engagement était lié au portage financier gratuit. Si les objectifs n'ont pas été atteints sur avril, le report sur le mois de mai est automatique. C'est vraiment très tendu et c'est une forme de chantage."
Les distributeurs des deux marques sont unanimes : PSA était sans doute le constructeur le plus "punchy" pour une reprise forte dès le mois d'avril. "La pression pour la reprise de l’activité est énorme mais ce n’est pas ce qui nous freine le plus. A la limite cette pression est normale pour un constructeur. PSA a déployé des outils pour que nous puissions mieux nous organiser, des guides de déconfinement… Toutes ces actions sont positives mais ce qui l’est moins ce sont les contrôles réalisés par les marques pour vérifier notre travail", avance ce concessionnaire.
Ainsi chaque jour, comme nous le relate cet opérateur, le constructeur envoie à l'ensemble de son réseau un classement appelé "les Tops et les Flops", qui positionne les 5 meilleurs groupes et les 5 moins bons. "Peugeot contrôle notre portefeuille de clients et vérifie si nous les appelons correctement, si nous suivons les préconisations du constructeur sur ces appels, ce qui constitue ce classement des bons et mauvais élèves. Mais les clients ont réellement autre chose à penser pendant la période de confinement !", prévient ce professionnel qui ne décolère pas.
Une pression doublée par l'envoi, durant ces dernières semaines du contrat de distribution de la Citroën Ami, qui ne prévoit que 50 euros de rémunération pour le distributeur qui va faire essayer le véhicule, le livrer, alors que la vente se fera essentiellement à la Fnac ou chez Darty. "Ce ne sont pas de bons signaux pour le réseau qui a vu arriver en parallèle le dispositif de vente en ligne directe du constructeur", complète ce directeur de site. Un mauvais calcul selon ce professionnel. Le coût de la distribution certes atteint 10 % une fois les remises ôtées. Mais les constructeurs qui se lancent dans la vente directe doivent porter eux-mêmes leurs stocks, vendre avec une marge très faible voire nulle et surtout sans produit périphérique. Résultats : les constructeurs vont perdre beaucoup d'argent sans les réseaux.
Si la période est difficile pour tout le monde, les réseaux Peugeot et Citroën relèvent un état psychologique déplorable, regrettant que PSA ait ajouté une crise à la crise.