Michel Depieds Groupe MBAS : “J’aime être à contre-courant”
...qui fait quelque chose, a contre lui, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire et surtout la grande armée des gens beaucoup plus sévères, qui ne font rien". Cette devise de Jean Clarétie, libre penseur du début du 20e siècle, est accrochée au mur du bureau de Michel Depieds, dirigeant du groupe MBAS, qui distribue la marque Volvo à Mantes et à Maurepas (78) en région parisienne. Pour lui, la phrase est celle qui correspond le mieux à sa personnalité et à sa façon de penser. Il n'hésite d'ailleurs pas à la faire lire à celui ou celle qui pénètre dans son bureau.
La personnalité et le charisme de l'homme en font quelqu'un d'attachant et sa façon de voir les choses le distingue comme un personnage à part dans la profession.
Il faut reconnaître que son parcours est atypique même s'il reconnaît qu'il "est un pur produit du milieu automobile". Au départ, Michel Depieds n'avait pas l'intention de faire carrière dans la distribution, puisqu'il entame un parcours de prothésiste dentaire ! "Mais au bout de deux ans, j'ai rapidement opté pour un poste de commercial dans un milieu qui me passionnait : l'automobile." Il multiplie alors les postes et les expériences. Il débute chez un concessionnaire Volkswagen en région parisienne en tant qu'aide vendeur puis devient à 27 ans chef des ventes. Le virus de la distribution automobile ne le quittera désormais plus. Il passe "de l'autre côté de la barrière" en rejoignant le réseau BMW comme chef de région à Lyon puis à Paris avant de d'entrer chez Alfa Romeo pour diriger la zone Ile-de-France. "Si j'ai beaucoup appris en travaillant chez les constructeurs, il me fallait revenir de ce côté-ci de la distribution", explique-t-il. Michel Depieds déménage et gagne la Picardie pour devenir directeur commercial au sein du groupe Gueudet. La mission qui lui est confiée n'est autre que "de lancer la concession de Paris Suffren" qu'il dirigera jusqu'à son rachat, en 1993, par le groupe Neubauer. A la tête d'un des plus grands sites parisiens, Michel Depieds découvre les affres de la profession : gestion du personnel, comptabilité, relation avec la clientèle, réalisation des objectifs… Il n'en faut pas plus à Michel Depieds pour lui faire prendre conscience qu'il peut se jeter à l'eau et s'installer à son compte.
EN BREFMBAS |
"J'ai augmenté les salaires de tout le personnel à mon arrivée"
Il ne choisira pourtant pas la voie la plus facile. Michel Depieds jette son dévolu sur la concession Volvo (MBAS) de Mantes-Buchelay (78). L'entreprise est en cessation de paiement et accuse un passif de 6,5 millions de francs à l'époque. Il obtient un plan de continuation sur 9 ans comportant la reprise de l'ensemble de l'effectif (25 personnes). Les dettes de l'entreprise ne seront épurées qu'en 2004, soit 10 ans après la reprise.
Michel Depieds se souvient de ses débuts : "Je n'avais pas choisi la zone la plus facile de la région parisienne : toutes les grandes marques et notamment nos concurrents y sont présents. En outre, le constructeur ne m'appuyait pas vraiment, mon image n'était pas très bonne. De plus, ma première initiative a été d'augmenter les salaires de tout le personnel de la concession. On pensait que Crésus était arrivé. J'ai été trop gentil dès le départ." L'homme est déjà à contre-courant.
En reprenant la concession de Mantes, il n'a rien imposé à ses nouveaux collaborateurs. Ses principes sont simples et se basent sur une confiance mutuelle. "Lorsque l'on dirige une entreprise, il faut savoir s'adapter à son environnement, être un caméléon. Le personnel était en plein doute, ma tâche était de le rassurer, de l'écouter, de prôner la transparence." Le site sort peu à peu du rouge et l'équipe reprend confiance. Le constructeur se met également à compter sur lui. "Longtemps, je demandais que l'on me confie un second site. Lorsque j'y ai renoncé, le constructeur m'a alors contacté." En 1999, en effet, on lui propose de reprendre la succursale de Maurepas. Six ans plus tard, les résultats sont là. L'entreprise MBAS a réalisé en 2004 un chiffre d'affaires de 11 millions d'euros en progression de 48 % par rapport à 2003, le bénéfice net est en hausse de 50 % et la marge brute commerciale de 12,8 % ! Quant aux ventes, elles progressent de 80 % toujours en 2004 (430 VN/VO) ! La performance n'est pas mince quand on sait que dans la région sévissent de grands distributeurs Volvo. A commencer par le groupe Priod qui réalise à lui tout seul 12 % des ventes de la marque, mais également le groupe Bidaud à Paris, le groupe Elance à Compiègne ou le groupe Elysée à Melun…
Une structure adaptée ? Des recettes appropriées ? A la première question, Michel Depieds répond "qu'il se contente de suivre les préconisations du constructeur très à cheval sur les procédures." A la seconde, il estime qu'il n'en a pas mais qu'il "fait de la gestion son domaine." Selon lui, la profession aujourd'hui a d'ailleurs évolué, un bon distributeur se doit d'être avant tout un bon gestionnaire. Même si le commerce tient encore une place de choix.
Axer le développement de l'entreprise sur le VO
Aujourd'hui, Michel Depieds axe tout sur le développement VO de l'entreprise. "Pour beaucoup de mes confrères, le VO est la bête noire de leur société. Or, au regard du marché VN, il me semble plutôt qu'il faille insister sur ce point notamment pour pallier la baisse de la rentabilité des affaires en général". Les résultats en la matière lui sont favorables. Michel Depieds commercialise annuellement 210 VO, des ventes en hausse de 134 % par rapport à l'exercice antérieur. Le distributeur compte accentuer son effort. A fin septembre, le chiffre d'affaires pour le VO représente près de 25 % du chiffre d'affaires total du groupe. En outre, le taux de rentabilité du VO atteint 5 % contre 0,6 % pour le VN sur un taux de rentabilité total de 1,6 % toujours à fin septembre. Michel Depieds n'a pourtant pas l'intention de s'arrêter là. Le dirigeant vient de consentir un investissement d'un million d'euros pour mettre sur pied un nouvel édifice spécifiquement dédié à l'activité VO. Pas question pour autant de laisser tomber l'activité VN. D'ailleurs, au regard de ses performances, il pourrait fort bien être courtisé par le groupe Ford en mal de représentation. "Je ne suis pas contre mais je ne suis pas demandeur non plus. La porte n'est fermée à personne", répond-il. En 12 années d'activité, Michel Depieds n'a jamais pensé investir dans une autre marque que Volvo. Il reste d'ailleurs l'un des rares concessionnaires Volvo exclusifs en France. "Il y a encore de la place dans la distribution automobile pour des concessionnaires comme moi. La profession a besoin de spécialistes et de structures à taille humaine. J'aime de toute façon être à contre-courant." Et il le fait bien.
Tanguy Merrien
ZOOMMeilleur partenaire de France Le 17 octobre dernier Michel Depieds a reçu le prix du "Meilleur Franchisé et Partenaire de France" organisé par la Fédération des Réseaux Européens de Partenariat et de Franchise (IREF). Le jury composé essentiellement d'avocats, de juristes et de chefs d'entreprises de tous horizons décerne annuellement depuis 18 ans ce prix à toutes les professions touchant de près ou de loin à la distribution au sens large. Lors de la remise du prix, Michel Depieds absent, a été représenté par Maria Stenström, directrice générale de Volvo France pour recevoir le trophée. Un trophée sur lequel compte communiquer le distributeur francilien auprès de ses clients lors de la présentation en showroom du nouveau coupé-cabriolet C70. |
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