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Distribution

Les enchéristes entament le second semestre sur le qui-vive

Publié le 24 août 2022

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Très prudents, les commissaires-priseurs ne se font pas d'illusion : l'exercice 2022 sera, au mieux, étale par rapport à l'an passé. Au terme du premier semestre, les tarifs des véhicules d'occasion vendus aux enchères compensent la perte de volume.
Selon le Conseil des ventes, le volume en salle a reculé de 1,8 % au premier semestre 2022.

"Toutes les strates ont été impactées à un moment depuis le début de l'épisode Covid, il était impossible qu'on y échappe". Par ces mots, l'un des commissaires-priseurs les plus en vue dans le secteur des voitures d'occasion dépeint la situation que traversent les maisons de vente aux enchères. Après une année 2021 record, elles ont été de toute évidence rattrapées par la réalité du marché.

 

A fin juin 2022, le volume se situent en-dessous des attentes. Selon les données consolidées du Conseil des ventes volontaires, les adjudications ont diminué de 1,8 % par rapport à l'an passé.  "Mais l'effet de base assez fort joue contre les maisons de vente, tempère légèrement Henri Paul, le président de l'institution. Nous observons que les enchères conservent une forme de dynamisme. La nette hausse des prix compense la baisse des volumes".

 

Les chiffres en attestent. A lui seul, le top 10 des opérateurs a cumulé 875,92 millions d'euros au premier semestre. Du jamais vu à ce stade de l'exercice. Alcopa Auction, BCAuto Enchères, VPAuto, EnchèresVO et Autorola occupent respectivement les cinq premières places de ce classement.

 

Indicateurs faussés

 

Chez le premier, Jean-François Maréchal, le directeur général, dit avoir compensé la baisse de véhicules présentés par client grâce, justement, à une densification de son carnet d'adresses. "Les concessionnaires conservent de plus en plus les VO sur leur parc, toutefois ils sont plus nombreux à nous faire confiance et à nous confier des véhicules", fait-il l'analyse de la situation semestrielle.

 

Dès lors Alcopa Auction garde le cap. Au terme des six premiers mois de l'année, le groupe espère toujours dépasser les 100 000 unités, voire faire jeu égal avec le bilan 2021 quand il totalisait autour de 107 000 unités. En revanche, il n'y aura pas de miracle du côté du montant d'adjudication.

 

"Nous venons de revendre plus de 73 000 euros une Tesla Model X qui était évaluée à 65 000 euros environ". L'anecdote de François-Laurent Guignard, le président de VPAuto, aurait pu paraître surréaliste, mais elle explique tout des conditions de marché. Entre l'avant-crise et aujourd'hui, le prix de vente moyen dans les salles du réseau affilié au groupe Cat est passé de 7 400 à 10 000 euros environ.

 

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Pour son homologue d'EnchèresVO, Guillaume Arnauné, "les indicateurs ne veulent plus rien dire". Entre le second semestre 2021 et le premier semestre 2022, les prix ont gonflé de 10 à 15 %, décrit-il. "Nous pensions réellement avoir atteint des sommets, mais il n'en est rien. La clientèle continue de payer au prix fort", rapporte le dirigeant toulousain.

 

Des acheteurs qui viennent de tous les horizons s'accordent à dire les commissaires. Cependant, cette hausse commence à devenir discriminante. Les commerçants les plus modestes ne peuvent plus prendre le risque de constituer des parcs à coup de grosses dépenses. "Seuls les concessionnaires parviennent encore à s'aligner et ont la légitimité pour justifier, ensuite, le prix auprès des consommateurs", observe Guillaume Arnauné. Ce qui fait peser un véritable risque sur l'avenir des petites structures.

 

Alerte en provenance d'Europe

 

"Si nous arrêtions le bilan cet été, nous serions heureux de ce que nous avons accompli en 2022. Mais il faudra composer avec le second semestre", grince Pierre-Emmanuel Beau, le directeur général d'Autorola. Entre janvier et juin 2022, le montant d'adjudication a pris 20 % sur sa plateforme. Il ne manque pas de souligner néanmoins que l'effet de base joue en faveur de cette évolution significative.

 

Peut-être est-ce dû à un phénomène estival, toutefois, Pierre-Emmanuel Beau relève que certains apporteurs d'affaires soumettent des listes d'à peine 50 VO quand il y avait encore 300 propositions quelques mois auparavant. Et le responsable d'Autorola France de dépeindre un tableau plus sombre : "les autres filiales du groupe font état d'un repli de 20 à 25 % sur leur marché respectif et cela pourrait nous frapper, car je vois mal la France faire exception dans le paysage européen".

 

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La rentrée se profile. Les défis resteront les mêmes. C'est tout du moins l'avis de la direction de VPAuto. Dans le but de s'établir comme une marque nationale, la maison de François-Laurent Guignard met de moins en moins de véhicules en vente dans l'Ouest de la France pour se recentrer d'un point de vue géographique. L'ouverture d'un centre de distribution dans l'Est attendra encore.

 

Chez Alcopa Auction, l'ambition est de faire aussi bien qu'en 2021 qui avait été un exercice record. "Maintenir le volume", tel sera définitivement le mot d'ordre dans les maisons de vente aux enchères. Beaucoup disent que cela sera accueilli comme une performance.

 

Sans volume, la créativité se cantonne au strict minimum. Peu de chance donc, selon plusieurs commissaires-priseurs, de voir de grandes nouveautés sortir du chapeau. Le terrain du financement des achats, notamment en LOA, pourrait voir pousser quelques bonnes surprises, mais la priorité restera, à en croire Guillaume Arnauné, de rester vigilant pour réagir au moindre mouvement de marché.

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