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Distribution

La prime à la casse relancée sur les VO ?

Publié le 24 septembre 2013

Par Benoît Landré
4 min de lecture
Le gouvernement songerait à instaurer une nouvelle prime à la casse… sur l’achat de voitures d’occasion cette fois-ci.
Jack Brinet, dirigeant de BJH Auto à Milhaud.

La nouvelle est tombée sur les ondes de France Inter le jour où le gouvernement dévoilait les grandes lignes du projet de loi de Finances pour 2014. La radio a ainsi rapporté qu’il aurait pour volonté de rétablir un dispositif de prime à la casse sur l’achat de véhicules d’occasion. Le précédent gouvernement avait déjà introduit un tel dispositif en 2008 pour soutenir les ventes de voitures neuves. Cette nouvelle mesure, qui entrerait dans le cadre de la fiscalité verte, aurait pour finalité de remplacer les véhicules anciens et polluants par des modèles plus récents et moins nocifs pour l’environnement. L’Etat verserait alors un chèque aux acheteurs d’un VO récent, dont le montant n’est pas encore connu. Reste à savoir quels seront les véhicules éligibles : moins de 1 an ? moins de 2 ans ? Cette prime aurait également pour objectif de permettre aux ménages aux moyens financiers restreints d’acquérir plus facilement un véhicule. Si critiques ces dernières années envers les primes et les aides destinées à booster les ventes de VN, les professionnels du VO pourraient cette fois-ci y trouver leur compte. “Il est certain qu’une telle mesure serait bénéfique et tirerait le marché vers le haut. Mais je reste méfiant quant à son impact sur le long terme. Elle pourrait s’accompagner d’effets pervers, comme une surenchère marketing chez les concessionnaires ou encore une guerre sur les prix, qui ne ferait que réduire un peu plus les marges”, réagit Pierre Guinault, président de la société Appro Automobiles (01).

Des acheteurs de VO plus craintifs

Aux dires des professionnels, les affaires restent difficiles à concrétiser, peut-être même plus qu’avant. Les acheteurs de VO ne sont pas moins exigeants que les clients VN, et sont surtout devenus plus frileux. “Les attentes et les exigences des clients se sont démultipliées. Les décisions d’achat sont plus longues, plus réfléchies, car ils ont les outils pour élargir leurs recherches et la période est compliquée. C’est à nous, professionnels, de mettre le client en confiance, de lui dire que nous sommes dans le prix du marché, que les VO sont labellisés… Aujourd’hui, leur obsession est vraiment le prix du marché. En revanche, l’origine du produit reste moins importante qu’à une époque. Le marché est désormais européen et la vente de VO en provenance d’Allemagne ou d’Espagne s’est démocratisée”, observe Sébastien Buffeteau, chef des ventes VO au sein de DBF Montpellier (34). “Les clients ont un budget plus réduit, mais ne veulent pas de VO trop kilométrés. Ils fixent des conditions qui sont parfois irréalisables. En deux ans, leur attitude a vraiment changé. Nous observons notamment une crainte dans l’achat. Nous sommes obligés de nous justifier quand nous sommes moins chers que les concessionnaires, de les rassurer aussi”, témoigne Jack Brinet, dirigeant de BJH Auto à Milhaud (30), qui a rejoint le réseau Distinxion en mars dernier. A ce jour, la mise en place de cette prime n’a pas été confirmée ni même détaillée, mais elle pourrait intervenir le 20 septembre, à l’occasion de la conférence environnementale. A la lecture des statistiques, le marché de l’occasion n’est pas franchement celui qui souffre le plus actuellement en France. Il n’est pas certain qu’une telle initiative soit au goût des constructeurs, dont la réaction ne devrait pas se faire attendre.

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L'avis de... Olivier Lamirault, président de la branche des concessionnaires VP du CNPA

“Nous avons eu vent de ce projet, qui reste encore très flou à ce jour, mais nous n’avons pas été approchés par le gouvernement sur ce sujet. Initialement, nous n’étions pas favorables à l’instauration d’une nouvelle prime à la casse car le marché VN, qui a touché le fond, finira bien par repartir un jour. Nous estimons qu’il n’y a pas d’urgence à mettre une aide qui risque de déréguler le marché. En revanche, si elle concerne le VO, c’est différent. Sur le plan écologique, l’idée est intéressante, et elle part d’un bon sentiment sur le plan économique. Si elle vise à renforcer l’activité des professionnels, je dis pourquoi pas, en revanche il ne faudrait pas qu’elle favorise les annonces frauduleuses ou les arnaques. Si elle devait aboutir, nous aimerions être associés à sa mise en musique”.

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