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Distribution

Guillaume Paoli, Aramis Auto : "La crise sera grave mais la voiture reste un achat indispensable"

Publié le 30 avril 2020

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Aramis Auto est l'un des rares acteurs à avoir poursuivi son activité commerciale, grâce à la livraison à domicile, pendant la période de confinement. Son président et cofondateur, Guillaume Paoli, reste optimiste sur les opportunités de sortie de crise et la reprise du business.
Guillaume Paoli, président et cofondateur d'Aramisauto.

 

JA : Aramis Auto a été l'un des rares acteurs à poursuivre une activité durant la période. Comment avez-vous géré d'un point de vue commercial la crise sanitaire ?

GP. Comme tout le monde, nous avons dû fermer les points de vente et notre usine de reconditionnement basée à Donzères dans la Drôme. Mais nous sommes parvenus à poursuivre la vente à distance. Nous avons consacré les capacités de livraison à domicile pour les personnels soignants, les policiers ... Mais nous avons continué également à servir nos autres clients. Au total, nous aurons vendu près de 800 voitures pendant la période de confinement. 

 

Quelle organisation avez-vous mise en place pour atteindre ce volume ?

GP. Notre chance repose sur le fait que nous ne découvrons pas le principe de la livraison à domicile. Depuis 5 ans, près de 10 000 clients en ont déjà bénéficié. Nous ne sommes pas partis d'une page blanche. Aujourd'hui, nous attendons le 11 mai 2020, afin de pouvoir réouvrir nos agences. Nous nous sommes basés sur les documents du CNPA et de PSA. Mais nous avons également demandé à nos collaborateurs, localement, d'être force de proposition pour adapter les mesures sanitaires. 

 

A quel niveau jugez-vous la reprise de la consommation ?

GP. Nous ne pourrons pas compter sur un marché classique. La crise économique et sociale que nous allons vivre sera très importante. Cependant, je pense également que nous devons relativiser. D'un côté, les Français n'ont pas réellement conscience du niveau de soutien dont nous bénéficions. Car, finalement, le pouvoir d'achat sera maintenu, grâce aux mesures de chômage partiel. De l'autre, les consommateurs n'achètent pas une voiture uniquement par plaisir. L'achat automobile repose également sur un besoin, en cas de déménagement, d'arrivée d'un enfant dans un foyer... Sans compter que les deux-tiers des déplacements domicile-travail se font en voiture. Donc la crise sera grave mais la voiture va rester un achat indispensable. Et l'analyse de la reprise du business en Chine (le niveau est revenu à 80 % de la charge classique) me laisse relativement optimiste. 

 

Le marché s'attend à une déstabilisation des prix des véhicules d'occasion très récents, soit votre cœur de marché. Est-ce une opportunité ou une crainte pour une société telle qu'Aramis Auto ?

GP. Il est certain que les prix vont baisser mais impossible de dire aujourd'hui l'ampleur de cette baisse. Pour l'instant, nous n'observons pas d'énormes décalages entre l'offre et la demande. Les usines des constructeurs se sont arrêtées, les retours des loueurs de courte durée sont moindres et les acteurs de la longue durée prolongent leur contrat. Nous pourrons profiter cependant d'un effet d'aubaine sur les véhicules badgés 0 km, avec un ajustement des prix vers le bas. Ce sont les véhicules d'occasion récents qui vont le plus souffrir. Les modèles plus âgés résisteront. De plus, notre stock est sain. Il est important puisque nous nous étions préparés pour la saison du printemps mais nous ne sommes pas obligés de le brader pour reconstituer notre trésorerie, comme devront le faire les distributeurs surstockés.  

 

Êtes-vous favorables à un plan de relance pour le véhicule d'occasion comme le réclament les distributeurs automobiles ?

GP. Je pense qu'il faut être raisonnable car l'automobile n'est pas le seul secteur touché par la crise et les arbres -en l'occurrence, l'argent public- ne montent pas jusqu'au ciel. Un plan de relance, s'il est adopté, sera le bienvenu mais nous ne le réclamons pas à cor et à cri. Si ce plan de soutien est finalement présenté à l'automne, il serait intéressant qu'il se rapproche de la prime à la conversion de première génération qui était une excellente mesure. Tout d'abord, il était d'une réelle utilité pour les opérateurs. Ensuite, il apportait du pouvoir d'achat aux ménages les plus défavorisés. Enfin, son intérêt écologique était évident puisqu'il sortait du parc automobile des voitures très polluantes et très âgées. En revanche, s'il s'agit juste de renforcer le bonus sur les véhicules électrifiés, il n'aura pas grand intérêt. 

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