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Distribution

Distribution 2008 : zéro pointé

Publié le 14 mars 2008

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
A l'heure où le monde de l'automobile évolue sans cesse vers plus de différenciation, la distribution, elle, prône toujours l'uniformité et l'homogénéité. Une évolution rapide est nécessaire.La distribution automobile...
...vient peut-être du fond des âges, mais il est certain que pour le moment, elle ne va nulle part. En effet, l'outil de distribution, c'est-à-dire l'ensemble des entreprises qui exposent, vendent et livrent des automobiles, n'a pas évolué, sinon dans le mauvais sens, depuis un demi-siècle. Entre-temps, le marché, lui, s'est fait capricieux, voire franchement désagréable. Faut-il "espérer sans entreprendre" que le bon vieux temps revienne ? Il vaut mieux, nous semble-t-il, définir les caractéristiques d'un outil de distribution correspondant aux nécessités du premier quart de ce siècle, déjà bien engagé. Parmi ces caractéristiques, il en est une qui prédomine : c'est la capacité que doit avoir l'outil en question de survivre aux aléas de l'époque. Il lui faut donc résister aux fluctuations et autres soubresauts d'un marché anémique, aux cycles de l'offre et à l'explosion des segments, aux migrations des consommateurs, à la mutation des démarches d'achat, à l'apparition de nouveaux constructeurs et à la décrépitude inattendue de marques affirmées. Entre autres, et en attendant mieux, dirions-nous. Les outils actuels répondent-ils à cette exigence primordiale ? Que nenni. Il faut donc imaginer autre chose ; nous nous y essayerons au fil des chroniques, à commencer par celle-ci.

Les ennuis naquirent un jour de l'uniformité

Pour devenir une chose contemporaine, la distribution devra d'abord se débarrasser de ce qui constitue son véritable ADN : l'uniformité/homogénéité (dorénavant : U/H) des entreprises de distribution. Le système de distribution en vigueur repose, en fait, sur quelques principes éblouissants, que voici :
• Seules les concessions doivent distribuer des voitures neuves (VN), exception faite de la part que le constructeur réserve à ses propres ventes directes.
• Toutes les concessions doivent être structurées selon un schéma unique ; toutes doivent distribuer la gamme intégrale des modèles de la marque représentée, sauf quelques cas de présélection exercée par le constructeur. Toutes doivent pratiquer les mêmes politiques en matière de prix, remises, promotion, publicité, suivi clientèle et fidélisation d'icelle.
• Toutes les entreprises de distribution, y compris les succursales directes du constructeur, doivent contribuer à renforcer une seule et même image de la marque auprès du public, à travers leur aspect intérieur, leur organisation interne, le code de comportement de leur personnel, leur communication.
• Le constructeur se doit d'orienter (le mot est faible, parfois) les investissements des concessionnaires, afin de s'assurer du respect de l'U/H des concessions de la marque.
Un outil de distribution ainsi conçu avait un semblant de raison d'être à une époque lointaine, bien antérieure au déluge de 1992/93. Le marché était alors en expansion continue, les clients attendaient patiemment qu'on veuille bien leur livrer leur voiture, les prix ne bougeaient que vers le haut et les concessions jouissaient d'une rentabilité dont personne ne rêve plus aujourd'hui. Le monde a changé ; pas la distribution.

Cahier des charges essentiel d'un nouvel outil de distribution

S'il faut changer, que doit-on demander à un outil de distribution digne du siècle où nous vivons ?
A peu près ceci, au-delà de la vente e-livraison des VN :
• Contribuer de façon permanente à la réduction des coûts de distribution supportés par le constructeur.
• Assurer aux entreprises de distribution qui en font partie, qu'il s'agisse de concessions ou d'autres types d'affaires, une rentabilité durable de l'activité principale, susceptible d'attirer de nouveaux investisseurs vers la distribution automobile.
• Répondre aux attentes réelles, individualisées et fluctuantes, variables dans le temps, des consommateurs en chair et en os, lesquels se soucient de l'U/H comme de la pêche aux têtards.
• Etre flexible et adaptable face à une conjoncture heurtée, et à une offre en état de révolution permanente.   
• Laisser au marché le soin de sélectionner les entreprises de distribution.
Si l'outil de distribution actuel, uniforme et homogène, ne répond à aucune des nécessités que nous venons d'indiquer, c'est qu'il est l'otage d'une idéologie décrépite : celle-ci prône l'homogénéité dans un monde automobile où une offre hyper différenciée s'adresse à des consommateurs soucieux d'affirmer leur différence. Et ce souci fallacieux d'homogénéité a aussi un coût, en termes d'investissements (excessifs) et de rentabilité (insuffisante). Il faudrait, comme on dit, faire quelque chose.

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