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Distribution

Carlos Gomes, Cosmobilis : "La structure financière est un des éléments fondamentaux de la distribution"

Publié le 17 juillet 2024

Par Catherine Leroy
8 min de lecture
Après une levée de fonds de 285 millions d'euros et la vente de Marcel, le groupe Cosmobilis poursuit sa feuille de route stratégique. Carlos Gomes, son directeur général, peaufine le modèle logistique et financier de ses futures offres de mobilité.
Carlos Gomes - Cosmobilis
Carlos Gomes, directeur général de Cosmobilis. ©Mélanie Robin

Le Journal de l’Automobile : Dans quel cadre s’est effectuée la levée de fonds de 285 millions d’euros auprès de sept groupes bancaires européens ? Est-ce une restructuration de la dette ?

Carlos Gomes : Il faut placer cette opération dans le cadre de tout ce que nous avons réalisé depuis ces cinq dernières années et de ce que nous allons organiser dans les mois à venir. Nous n’étions pas obligés de réaliser cette levée de fonds mais nous souhaitions avoir devant nous un horizon de tranquillité, tout en gardant notre capacité à développer notre plan. Donc, c'est ce qui explique que nous avons, en partie, restructuré notre dette. Ce qui nous a permis globalement de compléter l'ensemble des engagements que nous avions pris dans les acquisitions précédentes et de renforcer encore notre trésorerie pour nous donner tous les moyens pour continuer à nous développer et dérouler notre plan stratégique. Cette opération nous permet d’abaisser notre endettement, en particulier pour 2024 et 2025 et de nous placer dans une très bonne situation pour continuer d’écrire notre histoire. Dans notre groupe, notre dette brute ne pèse pas plus que 2,5 fois notre Ebitda. C’est extrêmement bas.

 

A lire aussi : Cosmobilis boucle le financement de son plan stratégique

 

J.A. : La finance est-elle plus que jamais un élément fondamental de la distribution automobile ?

C.G. : La structuration financière est effectivement un des cinq éléments fondamentaux des groupes, avec la performance, la stratégie, la vision et bien sûr le talent de nos équipes. Ces cinq éléments font la réussite des groupes et il faut travailler tous ces critères en même temps. Cosmobilis s’y attache. Aujourd’hui, notre feuille de route est claire pour tout le monde.

 

J.A. : Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre 2024 ?

C.G. : Nous terminons ce premier semestre de l'année avec une croissance de 29 % de notre chiffre d’affaires. Ucar enregistre une croissance de 20 %. En Voiture Simone connaît une progression de 105 % de son chiffre d'affaires et celle de Bee2Link atteint 16%. BYmyCAR enregistre 1,8 milliard d’euros de CA par rapport à 1,4 milliard d'euros sur la même période, l’année précédente. Nous sommes donc très satisfaits d’autant que les marchés n’enregistrent pas de bonnes performances. Les derniers mois affichent plutôt une contre tendance dans la dynamique, que ce soit dans la segmentation électrique ou dans le canal des sociétés… La situation n’est pas donc pas simple et le contexte reste très chahuté avec des marchés qui ne sont pas porteurs, des contraintes au niveau des taux d’intérêts, et des incertitudes politiques qui restent fortes. Donc terminer cette première période de l’année sur ces belles progressions signifie une énorme robustesse opérationnelle. Cette opération de restructuration qui a été pilotée par le Crédit Agricole et la BNP, que je remercie d'avoir encore été à nos côtés, est la preuve que ces critères de performance sont analysés finement. Notre vision répond à la demande tout comme notre performance opérationnelle et notre politique de ressources humaines.

 

J.A. : Comment évolue la demande des clients sur le marché automobile neuf ?

C.G. : Nous devons faire face à une baisse de la demande. Nous pensons d’ailleurs, que le marché 2024 devrait s’établir au même niveau que l’année dernière. Ce qui représente quand même 500 000 voitures en moins par rapport au pic de 2019. C’est un élément essentiel qui fait que les clients, particuliers et professionnels, ont des contraintes financières qui les poussent à acheter moins de voitures. Ces clients délaissent l’achat de voitures neuves. Au-delà de l’achat, 5 % des Français estiment qu’ils n’ont pas les moyens de passer le permis de conduire. Nous sommes face à un appauvrissement du marché, associé à un renchérissement du prix des voitures. Le marché français est donc en difficulté ; ce qui pose un problème à l’ensemble de la filière, en commençant par les constructeurs.

 

J.A. : Quelle lecture avez-vous de la baisse des ventes des véhicules électriques ?

C.G. : Malgré le volontarisme des constructeurs de répondre aux exigences réglementaires et d’éviter les pénalités liées aux émissions de CO2, le prix des voitures électriques reste trop élevé par rapport aux voitures thermiques. Et la manière de répondre à ce besoin croissant de vendre des véhicules électriques en appliquant des taux de valeurs résiduelles élevées pour descendre le montant des loyers crée un autre problème. Car les voitures reviennent après location à des valeurs parfois supérieures par rapport au prix du neuf. C’est une grande complexité du marché. Des temps difficiles s’annoncent. Le VO ne permet pas aux distributeurs de se rattraper. L’après-vente reste une force motrice. Mais le parc va, par la force des choses, diminuer progressivement.

 

J.A. : Vous avez revendu la société Marcel à Le Cab. Est-ce que cela veut dire que le modèle de la mobilité tel qu'imaginé il y a quelques années n'est pas au rendez-vous ?

C.G. : Non, je pense que la mobilité va continuer d’augmenter et que la voiture restera au centre de la mobilité. Le dispositif global reste rentable même si certaines briques peuvent ne pas l’être à un moment donné. Nous avions acheté cette entreprise en 2020 et c’était notre première acquisition dans un projet de diversification. Nous l’avions fait aussi pour parfaire notre connaissance sur cette activité. Mais nous l’avons cédée parce que sur le sujet de la mobilité la notion de taille est très importante. Or, sur celui du VTC, Uber est l’acteur le plus colossal sur ce secteur. Challenger Uber est très difficile. Mais pour continuer à faire progresser Marcel, il fallait y mettre des ressources très importantes. Nous avons préféré céder Marcel pour consacrer ces ressources à développer les autres briques de notre stratégie qui, elles, sont rentables avec des plans de croissance significatifs.

 

A lire aussi : Cosmobilis réajuste sa stratégie de diversification et cède Marcel à LeCab

 

J.A. : Comment évolue votre vision de la mobilité groupée et flexible ?

C.G. : Nous continuons à peaufiner notre modèle logistique et financier de notre vision de la mobilité flexible. Nous allons d’ailleurs bientôt proposer dans nos agences Ucar+, situées en concession, des offres de location moyenne durée. Les premiers contrats commencent à être compétitifs. Nous avions fait des tests dans les concessions BYmyCAR avec un produit qui s’appelle GOA. Nous adressons donc des offres de location courte, moyenne et même longue durée sur ces agences. Nous travaillons avec la BNP sur cette offre.

 

J.A. : Quels sont les résultats d'Ucar ?

C.G. : Nous sommes sur une trajectoire de deux millions de jours de location, contre 1,7 million en 2023 avec près de 9 000 véhicules en gestion contre 8 000 en 2023 sur 550 agences et nous ouvrons en Europe, à Bruxelles, à Madrid et prochainement à Barcelone.

 

J.A. : Quelle est la typologie des clients qui sont intéressés par cette offre de location moyenne durée ?

C.G. : Ce sont des entreprises à plus de 50 %. Et l’offre est quand même moins onéreuse que la location courte durée. En parallèle, nous travaillons sur notre plateforme qui va regrouper toutes les formes de location. Le client pourra manipuler toute son offre de mobilité au travers d’une application.

 

J.A. : Que devient Elite Auto dans la sphère Cosmobilis ?

C.G. : Nous voulons recentrer Elite Auto plutôt sur une offre de véhicules d’occasion, au service des agents économiques de la distribution. Nous voulons revenir aux origines de la création d’Elite. Mais nous en parlerons plus tard.

 

J.A. : En Voiture Simone devient-elle une porte d'entrée des clients dans l'environnement Comosbilis ?

C.G. : En Voiture Simone est une entreprise très intéressante qui connaît une très forte progression. Notre objectif est de réaliser 100 millions d’euros de chiffre d'affaires à terme contre 30 millions environ qui seront enregistrés cette année. Ce sera effectivement un point d’entrée de notre clientèle à qui nous pourrons proposer des offres de mobilité avant tout le monde. Notamment avec des offres de véhicules d’occasion à petit prix. Nous sommes très clairs sur la feuille de route d’En Voiture Simone qui sera rentable pour la première fois cette année. Lors de son rachat en 2022, la société enregistrait 7 000 permis de conduire. Comme je l'indiquais précédemment, nous devrions compter près de 35 000 permis cette année. Nous sommes donc désormais la deuxième plateforme, derrière Ornicar. Notre feuille de route 2024 est respectée.

 

J.A : Vous êtes en train de finaliser une opération pour devenir importateur. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C.G. : Nous sommes dans la phase de finalisation. Nous en reparlerons un peu plus tard.

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