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Distribution

Autoplaza ou la révolution espagnole

Publié le 25 janvier 2008

Par David Paques
4 min de lecture
Le 21 novembre dernier, en lisière de Saragosse, un gigantesque centre commercial a ouvert ses portes au public avec des commerçants inattendus : des concessionnaires. Sur 25 000 m2, les 18 marques, représentées par des distributeurs ou des filiales, se côtoient...

...en effet comme de simples boutiques.

A quelques encablures de la frontière pyrénéenne, un promoteur vient de faire germer un parc d'attractions commerciales qui risque de bouleverser les habitudes de la distribution automobile. Situé au cœur de Plaza Imperial, un complexe pharaonique (il s'étend sur plus de 260 000 m2) qui accueille centre commercial et centre de loisirs dans la périphérie de Saragosse, Autoplaza inaugure le concept de galerie automobile, dans un univers inédit. "C'est une sorte de Salon permanent, une vision moderne du commerce automobile dans laquelle le choix des visiteurs est une question centrale. Je pense que c'est très intelligent", confie Bruno Courtois, président de l'association européenne des concessionnaires Peugeot, qui s'est rendu sur place et entretient certaines relations avec le promoteur. Ce parc commercial est pourtant loin d'être une simple foire dominicale. C'est une véritable cité de l'automobile qui s'étend sur 25 000 m2.

700 000 visiteurs et 11 500 VN par an

Dix-huit marques sont pour l'heure représentées. Des concessionnaires locaux, des importateurs, des filiales mêmes. Avec Renault Retail Group et Peugeot, notamment. "C'est un lieu tout à fait intéressant avec beaucoup de flux et un fort développement en prévision. Nous y sommes allés pour des raisons de business mais aussi d'image", commente-t-on chez Renault Retail Group. Entre son espace VN, son showroom VO et son atelier, le constructeur français a par exemple signé un contrat portant sur près de 1 500 m2. Comme la marque au Losange, tous les distributeurs y sont locataires. Pas de standardisation, la taille des espaces est négociée avec chaque investisseur. Le plus petit showroom, celui du distributeur Honda, est par exemple de 275 m2. Et tous ont en effet le choix de développer plusieurs pans d'activité. Derrière les concessionnaires VN, un espace de 3 550 m2 a été mis sur pied pour la vente de véhicules d'occasion. Ils sont aujourd'hui dune dizaine à s'y être installés : cinq constructeurs ainsi que des loueurs longue durée et des spécialistes VO. En dessous, les marques disposent également d'une zone de 8 000 m2 pour les livraisons et, pour ceux qui le souhaitent, d'un espace après-vente pour y installer leurs ateliers. Au milieu de la galerie de showrooms, des organismes de financement, des assureurs, des assisteurs. Des fournisseurs de services, mais également des laveurs de voitures, des pneumaticiens, des spécialistes audio, des boutiques de tuning, des centres-autos. La direction du centre évoque une affluence de 700 000 visiteurs par an sur le complexe. De quoi ravir les concessionnaires. A terme, le promoteur prévoit d'ailleurs que 50 % du marché de la distribution automobile de Saragosse (soit environ 11 500 véhicules par an) se fasse dans les allées d'Autoplaza.

Quel impact pour la France ?

"Si j'étais distributeur dans une grande ville, j'étudierais vraisemblablement la question". Patrick Bailly, président de la branche concessionnaires du CNPA, se fait ici le relais des enjeux que suscite la naissance d'une telle structure. Car, autour d'Autoplaza, la question du Block Exemption se fait en effet sentir. Et face à l'arrivée des mastodontes de la distribution, chaque concessionnaire peut craindre pour son commerce. "A Saragosse, beaucoup de concessions sont tout à fait aux normes des constructeurs. Pourtant, elles y sont toutes allées. Sans doute, que tout le monde a eu peur de ne pas prendre le train en marche, ou que ce soit le concurrent du secteur d'à côté qui ne le prenne à leur place", témoigne Patrick Bailly, en forme de confirmation. La démarche ne peut en effet laisser l'organisation professionnelle insensible, notamment à une distance si proche de la frontière française. "Il faudra voir dans quelle mesure cela peut impacter l'activité des concessionnaires frontaliers", confirme Patrick Bailly. Une interrogation d'autant plus légitime que le promoteur annonce déjà une implantation en région parisienne…

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