Le marché français retrouve des couleurs
Travailler plus pour… vendre plus. De voitures en l’occurrence. Après le coup d’arrêt enregistré en mai (- 4 %) consécutif aux nombreux jours fériés, le marché tricolore a repris le cours positif de son année 2015. Et de quelle manière ! Selon le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), 225 645 immatriculations ont été comptabilisées le mois dernier en France. Un chiffre équivalent à une progression de 15 % en données brutes et de 4,5 % à nombre de jours ouvrables comparables à juin 2014 (deux jours en plus), qui s’inscrit dans la tendance européenne (+ 13 % en Allemagne, + 14 % en Italie, + 23,5 % en Espagne). Fort de ce bilan, le marché hexagonal termine le premier semestre avec un volume VP en progression de 6,1 % sur un an, à hauteur de 1 017 500 unités. Une dynamique qualifiée de “robuste” par le CCFA, mais qui n’a cependant pas incité l’organisation à revoir ses estimations annuelles. “Il y a apparemment de quoi remonter un peu la prévision, mais nous avons choisi de ne pas le faire aujourd’hui”, a ainsi déclaré son président, Patrick Blain, lors d’une conférence de presse, expliquant ce choix par “des aléas macroéconomiques en ce moment, notamment en Grèce”.
Le Cactus ne suffit pas à Citroën
Quoi qu’il advienne, ce dernier mois aura permis à la plupart des constructeurs de présenter un bilan positif leur offrant dans certains cas l’opportunité de corriger un début d’année décevant et dans d’autres de consolider une position acquise de haute lutte. Une fois n’est pas coutume, l’ensemble des représentants tricolores voit ses volumes augmenter durant cette période.
Entre tous, Peugeot ressort comme le grand gagnant du mois de juin en ayant écoulé 37 846 véhicules, soit 20,4 % de plus qu’il y a un an. Directeur commerce de la marque, Xavier Duchemin y voit là “des résultats satisfaisants, surtout sur un marché qui repart à la hausse”. Ce dernier s’est également félicité “des progressions de la marque, aussi bien sur le canal des particuliers que des entreprises. Cela confirme aussi que nos choix de gamme et de motorisations sont bons”. Sur l’ensemble de l’année, la marque au lion totalise près de 176 000 immatriculations, contre 13 000 de moins lors du premier semestre 2014. Quelques jours après avoir encaissé les propos de Carlos Tavares, le président du Directoire de PSA, qui estimait à son sujet qu’il y avait “une fragilité, on doit faire mieux avec Citroën, qui n’a pas encore réussi son nouveau positionnement sur le marché”, la marque aux chevrons a réussi à croître de 11,3 % le mois dernier. Insuffisant toutefois pour boucler les six premiers mois au-dessus de la ligne de flottaison (- 0,5 %). Malgré ce chiffre et malgré la sortie de son président, Philippe Narbeburu, le directeur Commerce France de la marque, ne souhaite retenir que le meilleur et se félicite du succès du C4 Cactus, écoulé à environ 25 000 unités depuis son lancement voilà douze mois. Quant au troisième larron du groupe, DS, celui-ci a connu un léger sursaut le mois dernier, sans doute provoqué par le lancement de la nouvelle DS 5, mais demeure très en retrait au global annuel.
Un second semestre chargé chez Renault
Leader en forme depuis le début de l’exercice 2015, Renault poursuit sur sa lancée, mais voit sa croissance se tasser quelque peu. Ses ventes n’ont ainsi progressé “que” de 9,9 % en juin, sans pour autant affoler les têtes pensantes du groupe. “Nos résultats prouvent la vitalité de la marque, sachant qu’il va aussi falloir compter avec l’appui de Kadjar ces prochaines semaines, sans oublier la montée en puissance de l’Espace et bientôt de Talisman. Ce qui augure un second semestre bien rempli”, a commenté Philippe Buros, directeur Commerce France de Renault. Ce dernier peut de surcroît se réjouir en observant son Captur reprendre quelques unités d’avance sur la Peugeot 308 dans le duel intense que se livrent les deux modèles pour le troisième strapontin national. En revanche, Philippe Buros a tenu à minimiser les résultats déclinants de Dacia, jugés “attendus compte tenu d’un surplus de portefeuille en Duster jusqu’à fin mai. Mais la marque va repartir au second semestre”. Malgré un honnête mois de juin (+ 2,3 %), la seconde marque du groupe a perdu plus de 4 000 immatriculations sur les six premiers mois (- 7,5 %). Au total, les constructeurs français auront vu leurs ventes croître de 12,3 %, soit à un rythme inférieur à leurs concurrents étrangers (+ 18,9 %).
Quand Nissan avance vite
Parmi ceux-ci, signalons la belle homogénéité des résultats enregistrés par le groupe Volkswagen en juin. Avec sa progression de 8,4 % qui en ferait rêver plus d’un, Seat fait ainsi pâle figure eu égard à la progression de 29,3 % affichée par Skoda, de celle de 26,4 % de VW ou encore de celle de 23,1 % d’Audi. Sur l’ensemble de l’année, le groupe de Wolfsburg gagne 4,6 points, mais voit toutefois sa part de marché s’éroder légèrement (12,62 % contre 12,80 % il y a un an), en raison du rythme, parfois effréné, de la concurrence. Si la performance de Ford, deuxième marque importée en France, n’a rien d’indigeste (+ 9,9 % en juin, + 8,9 % en 2015), celle-ci se trouve terrassée par les résultats de Nissan. La firme japonaise a ainsi progressé de presque 20 % le mois dernier, frôlant au passage les 8 000 unités, et boucle le premier semestre à + 12,2 % alors que sa PDM monte à présent à 3,97 % (+ 0,22 %). A l’heure où chaque centième de point nécessite de nombreux efforts, la performance n’a rien d’anodine. De même, sur le seul mois de juin, il est intéressant de mettre en exergue les probants résultats de Toyota (+ 20,2 %), Fiat (+ 31,8 %) ou Opel (+ 14,4 %) ainsi que ceux particulièrement encourageants de Kia (+ 13,8 %). En souffrance lors de l’exercice 2014 et au début 2015, la firme sud-coréenne présente pour la première fois depuis le 1er janvier un bilan annuel positif, quand bien même de peu (+ 0,2 %), alors que sa marque sœur, Hyundai, vit une véritable résurrection avec un bond de 54,2 % de ses ventes. Enfin, au rayon des Premium, Mercedes a connu un sérieux coup de moins bien le mois dernier. La marque à l’étoile a ainsi perdu plus d’un millier d’immatriculations, faisant quelque peu reculer son beau bilan annuel, établi désormais à 25 904 unités et 9,5 % de croissance. Derrière Audi, dont l’avance et le leadership du genre sur le marché français semblent acquis avec près de 29 300 immatriculations, la bataille pour la deuxième place s’annonce terrible au cours des six prochains mois, BMW n’ayant à présent plus que 300 immatriculations de retard sur Mercedes. Fort de son retour au premier plan, le marché français nous garantit ainsi du suspense à tous les étages.
Romain Baly et Tanguy Merrien
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