Volkswagen prêt à en découdre

A l’heure où la crise a reporté sine die certains plans de croissance et autres ambitions mondiales, le groupe Volkswagen poursuit sa route, sans dévier d’un iota, du plan Stratégie 2018 devant le conduire sur le toit du monde automobile. Et les chiffres de l’année 2010 en témoignent une fois de plus. En effet, avec 7,14 millions de véhicules vendus à travers le monde, le groupe allemand enregistre une croissance de 13,5 %. Si les traditionnels marchés matures ont apporté leur soutien, sauf l’Allemagne où le marché total a reculé de 23 %, la forte croissance est bien évidemment venue de l’Est et de l’Asie. Rien qu’en Chine, le groupe a vu ses ventes gagner 37,4 % pour atteindre 1,92 million d’unités.

Aux Etats-Unis, l’objectif 2018 pointant 1 million d’unités (800 000 VW et 200 000 Audi) est encore loin mais le constructeur travaille à cette croissance future avec cette nouvelle Passat spécialement développée pour le marché US. En attendant, en 2010, la marque Volkswagen a progressé de 20,3 % à 256 830 immatriculations. Les choses s’améliorent mais elles sont à mettre en perspective avec les chiffres de certains concurrents comme Toyota qui affiche 1,7 million ou Honda 1,23. Ce choix n’est pas un hasard car, avec son nouveau fer de lance américain, Volkswagen va lutter avec les modèles emblématiques de ces marques japonaises que sont les Camry, Accord ou autres Corolla et Civic si l’on prend en compte la Jetta, le best-seller actuel de VW aux US. Longtemps abandonné par les Américains, le marché des berlines est aujourd’hui ultra dominé par les constructeurs asiatiques, qu’ils soient japonais ou coréens.

1 million de Passat US d’ici 2018

L’arrivée de la Passat devrait donner le sourire à Jonathan Browning, patron de VW Group America, car ce modèle est appelé à devenir, avec la Jetta, l’un des plus gros volumes de la marque sur ce marché. Autre bonne nouvelle, la montée en puissance de ce modèle devrait aussi permettre à la filiale américaine du groupe de renouer avec les bénéfices. Jonathan Browning estime que ce devrait être le cas en 2014. L’augmentation des ventes l’y aidera tout comme le fait de produire sur place avec 85 % des pièces venant d’Amérique du Nord. Les coûts de transport et le problème de la parité euro/dollar n’auront forcement plus le même impact. D’ailleurs, pour Christian Klinger, membre du board du groupe, les fluctuations monétaires expliquent, en large partie, le déficit de la branche américaine.

L’atout Chattanooga

L’usine de Chattanooga devrait produire 46 000 Passat cette année, a indiqué Franck Fischer, son directeur. Une montée en cadence progressive qui pourra toutefois atteindre 150 000 unités les années suivantes si le succès est au rendez-vous. Et Volkswagen le pense. En effet, la marque estime que dans les 7 ans à venir, 1 million de Passat sortira de son usine du Tennessee. Bien qu’aucune annonce n’ait été faite en ce sens, le directeur du site confirme que cette possibilité existe et que l’usine est capable de produire 3 carrosseries différentes sur cette même plate-forme. Sur les 4 milliards de dollars qui ont été ou seront investis à court terme en Amérique du Nord, l’usine a demandé 1 milliard de dollars. Une aubaine pour Chattanooga puisque ce site va permettre de créer 12 000 emplois directs et indirects.