Un plan qui fait déjà débat
Alors que nombre de mesures ne sont encore que des projets et devront être discutées lors du prochain budget à l'automne prochain, le plan présenté par Arnaud Montebourg et Michel Sapin fait déjà des vagues. Notamment parmi la classe politique.
"En un mot, le président de la République a qualifié le plan de cohérent, de global et dont il a salué l'inscription dans la durée puisque c'est à la fois un plan d'application immédiate et qui, en même temps, s'inscrit dans l'avenir" a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
Logiquement Martine Aubry, la première secrétaire du PS, s'est "réjouie" du plan gouvernemental de soutien à la filière auto, estimant qu'ainsi "un nouveau cap porteur d'espoir et d'avenir a été fixé pour l'industrie automobile, celui de la mutation technologique et écologique". Même son de cloche, toujours à Gauche, avec Bruno le Roux, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, qui a fait savoir via un communiqué que : "Avec ce plan, nous sommes bien loin du laisser-faire de la Droite qui se contentait de verser des aides sans contrepartie".
Puis on assite aussi au retour de la Gauche plurielle avec Nöel Mamère et Marie-George Buffet qui semblent moins enthousiastes. En effet pour le député de la Gironde, "Il faut se méfier des effets d'annonce qui peuvent être trompeurs", a-t-il déclaré à l'AFP. "Même si on peut se réjouir du volontarisme politique du gouvernement, il se contente de mesures qui ne changeront pas la question du CO2, qui concernent une partie plus que marginale des automobiles, électriques et hybrides (1,2 % des immatriculations)". La députée PCF de Seine-Saint-Denis, Marie-George Buffet, a lancé, depuis les couloirs de l'Assemblée, a peu près la même critique car selon elle il s'agit d'un "plan partiel". "Il faut développer ces voitures hybrides électriques, mais ce n'est qu'une partie. Et avant que cette partie prenne l'ampleur d'un véritable marché, cela va prendre des années et des années", a-t-elle encore déclaré.
Et Noël Mamère d'enfoncer le clou : "75 % des voitures françaises fonctionnent au Diesel qui est cancérigène : renforcer le bonus, c'est encourager le Diesel, alors qu'il faudrait encourager l'efficacité énergétique de l'essence", a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas un plan basé sur la transition énergétique", a-t-il encore ajouté, tout en estimant positives les mesures en faveur de la recherche et du développement.
A Droite, en revanche, tous tirent dans le même sens bien qu'il y ait des variantes. Ainsi Christian Estrosi, ancien ministre de l'Industrie, a déclaré via un communiqué : "Ce plan est un aveu d'impuissance (...) C'est un mauvais copier/coller du plan que nous avions mis en place à l'époque avec Nicolas Sarkozy. Nous avions mis en place la prime à la casse qui a bénéficié à 1 150 000 Français, transformée par la suite en bonus écologique. L'actuel gouvernement, qui avait vivement critiqué notre plan de sauvetage, propose aujourd'hui une légère augmentation du bonus écologique. Ce plan automobile n'est qu'une énumération de mesurettes vaguement inspirées du plan que j'avais mené sous la Présidence de Nicolas Sarkozy".
Hervé Morin, président du Nouveau Centre, interrogé sur RFI, a été plus direct et laconique : "Qui peut croire que c'est simplement avec les véhicules hybrides, c'est-à-dire sur des niches, qu'on va améliorer la situation de l'industrie automobile globalement".
Pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, et promoteur d'un retour des droits de douane : "Le plan de soutien à l'automobile n'est qu'un pansement sur un blessé grave. Il ne résout absolument rien aux problèmes de compétitivité de notre industrie (...) On peut faire tous les bonus-malus possibles, multiplier les promesses d'investissement d'avenir, mais toutes ces mesures dérisoires n'auront aucun effet tant que les ouvriers de l'automobile française seront mis en concurrence avec des ouvriers de pays où les salaires sont bien inférieurs et où surtout la filière est protégée par des droits de douane. Voilà la cause de l'hémorragie".
Face à ce flot de commentaires politiques, d'autres ont également commenté ce plan. Et notamment Guillaume Cairou, P-dg Fondateur de Didaxis, président du Club des Entrepreneurs, membre de CroissancePlus.
Pour lui, l'industrie automobile est "une industrie qui refuse le changement mise sous perfusion étatique !" "Nous constatons que l'Etat ne tire pas les leçons de ses erreurs passées en continuant à mettre le secteur automobile sous perfusion (…) L'Etat vient donc de cautionner le refus d'innover et d'exporter de ce groupe et vient de lancer une nouvelle fois un appel d'air tirant notre économie vers le bas menaçant les emplois de centaines de milliers de salariés, déjà en difficulté, de l'industrie française alors qu'en dix ans, près de 100 000 postes ont disparu dans l'automobile."
Toujours pour Guillaume Cairou, "le vrai problème de l'industrie automobile est le coût du travail. Le prêt de 3 milliards d'euros en 2009 et la prime à la casse d'un milliard d'euros jusqu'en 2010 n'ont conduit le groupe qu'à se reposer sur des acquis dépassés et à ne pas se renouveler."
Qui a dit que l'automobile ne déchaînait pas les passions !
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