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Constructeurs

Un coin de ciel bleu ?

Publié le 20 novembre 2012

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Les marques françaises essaient notamment de monter en gamme pour assurer leur avenir. Citroën a ouvert la voie avec sa ligne DS, avec succès. Renault tente le pari Alpine. Ces projets sont intéressants mais sont-ils suffisants ?
Carlos Ghosn et Tony Fernandes, le 5 novembre dernier, officialisant le retour de la marque Alpine en partenariat avec Caterham.

Le retour d’Alpine, un élément de la montée en gamme de Renault, semble enfin sur les bons rails. Mais étant un adepte de Saint-Thomas, j’attends de voir la future petite Dieppoise sur nos routes avant d’ouvrir le champagne. Car même si le partenariat signé entre Renault et Caterham (tous les détails en cliquant ici) semble enfin offrir toutes les conditions nécessaires à cette résurrection, des éléments extérieurs peuvent encore la contrarier. En effet, dans la volonté ambiante des constructeurs français de monter en gamme, un grain de sable pourrait venir bloquer la machine. La fiscalité automobile version 2013 ne laisse que peu de place à cette volonté car le haut de gamme, quel qu’il soit, doit reprendre plusieurs ingrédients dont certains sont menacés. En plus des matières nobles que peuvent être le cuir ou le carbone, des courbes du modèle qui doivent exprimer cette appartenance, il faut ajouter l’ingrédient essentiel, le cœur, c’est-à-dire la mécanique. Elle n’a certes pas besoin d’afficher une puissance colossale mais un minimum est tout de même requis. Imaginons donc quels pourraient être les défis de la future Alpine.

Le temps automobile s’adapte mal au temps ­politique

La future Berlinette devrait coûter entre 35 000 et 40 000 euros et le business plan table sur 5 000 à 10 000 ventes annuelles. A l’échelle mondiale s’entend, mais Alpine reste un phénomène franco-français même si certains pays, comme l’Angleterre, raffolent des petites sportives. Renault devra donc écouler la majorité de sa production dans l’Hexagone où le modèle pourrait être taxé d’un malus conséquent. En effet, prenons l’exemple des Clio et Megane Renault Sport, les étendards sportifs actuels. La Megane RS avec ses émissions de 174 g de CO2 est aujourd’hui synonyme d’un malus de 750 euros et ce dernier passera à 1 500 euros le 1er janvier prochain. Quasi rédhibitoire. Quant à la Clio 3 RS, qui n’est plus au catalogue, ses 190 g de CO2 faisaient grimper la facture de 1 300 euros. En 2013, elle aurait même eu droit à un malus de 3 000 euros, mais heureusement la 4e génération arrive avec un positionnement CO2 qui s’annonce plus intéressant. En effet, en troquant son 2 litres atmosphérique contre un 1,6 litre turbo, la Clio 4 RS devrait, selon Renault, consommer 2 litres de moins et ainsi réduire ses émissions de CO2 de 25 %, soit environ 140 g/km ce qui serait synonyme d’un malus de 100 ou 300 euros. Mais cet équilibre, pour rendre un véhicule compétitif dans cette optique d’émissions, reste fragile car, en général, il ne dure pas plus d’un an et les constructeurs développent leur programme sur plusieurs années. Et autant dire que la grille du malus 2015, date d’arrivée probable de la nouvelle Alpine, sera sans doute encore plus sévère que celle annoncée pour 2013. Les constructeurs ont besoin de temps pour s’adapter, mais aussi de marges solides pour investir en R&D. Et pas seulement dans les électriques et les hybrides car le moteur thermique est encore loin de disparaître. Malheureusement, les marges les plus intéressantes proviennent des produits qui manquent aujourd’hui dans les gammes françaises. Certes, Citroën a montré la voie avec sa ligne DS, mais une montée en gamme est un long et difficile chemin serpentant sur plusieurs dizaines d’années. Audi est aujourd’hui montrée en exemple, mais le travail sur la marque et ses produits a commencé à la fin des années 70. Pas sûr que les constructeurs français disposent de 30 années pour réussir leur mutation. Et si en plus on leur met des bâtons dans les roues… les coins de ciel bleu risquent d’être rares.

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