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Constructeurs

Toyota, le Graal du DMS

Publié le 23 novembre 2010

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Tous les éditeurs ou presque se sont aventurés sur les terres des DMS Toyota. Mais au final, aucun ne peut se vanter d’avoir su trouver la bonne combinaison pour s’ouvrir les portes de toutes les concessions. Est-ce le résultat d’une mauvaise approche de leur part ou la logique du constructeur est-elle un coffre-fort inviolable ?
Alain Staricky, directeur informatique de Toyota.

Le cas Toyota est complexe. Mais avec un parc d’environ 190 points de vente, c’est un dossier potentiellement rentable pour les éditeurs. Historiquement, le constructeur n’a jamais désiré attribuer des homologations. La porte est donc restée ouverte pour qui voulait entrer. La concurrence a joué à plein. A en croire les services idoines du constructeur, 20 logiciels DMS équipent à ce jour les distributeurs du réseau. A noter que lors d’une très récente réunion européenne, les responsables de la filiale française ont pu constater qu’ils faisaient bande à part dans le domaine. Chez nos voisins, Toyota a su réduire à peau de chagrin le nombre d’intervenants, voire le limiter à un unique choix, fruit d’un travail de développement en interne.

Dans l’Hexagone, le “20-80” faisant régner sa loi, 5 éditeurs sortent du lot, Everlog et Eris Informatique en tête. Une domination valable sur le plan comptable, tout du moins, car en termes de réponses aux exigences du constructeur, les éditeurs sont tous logés à la même enseigne : il reste du travail. Toyota France a adopté, il y a 3 ans, un schéma propre. Celui-ci consiste à chapeauter l’ensemble des logiciels avec un outil maison, baptisé BAC (pour Bureau d’Activité Commerciale). Il s’agit d’un outil centralisé à destination des concessionnaires. Ils peuvent y suivre les stocks, les disponibilités, les bons de commande… Pour mémoire, le BAC prend pour base le logiciel Pivotal de la société canadienne CDC Software et se positionne tel un outil CRM dont l’intervention s’arrête après l’édition du bon de commande.

Pour Alain Staricky, directeur informatique de Toyota, l’enjeu est que “tout éditeur doit comprendre ce fonctionnement et l’intégrer dans ses process”. Or, il juge que ce n’est pas encore le cas. La problématique principale repose sur la reprise en temps réel des codifications établies par Toyota, celles qui font le pont avec le catalogue produits. “Il y a beaucoup de références croisées mais les éditeurs ne font jamais le lien avec nos codes et se contentent de reprendre les tarifs, accuse Alain Staricky. Ce qui perturbe le processus de commande de véhicule”, rappelle-t-il. D’après lui, le procédé de récupération est pourtant simplifié par la mise à disposition des informations sur un serveur FTP.

Que d’effets d’annonce

Le BAC est l’équivalent de WinSeller, l’un des produits commercialisés par Everlog. Si cela a posé quelques conflits dans les premiers temps, les deux partis ont trouvé un terrain d’entente. La société de Christophe Lahitte ne distribue plus que WinCar avec lequel elle s’est imposée dans le réseau.
S’il y a un modèle idéal de complémentarité entre les outils, “Eris Informatique est le plus avancé”, reconnaît Alain Staricky. Georges Fontaine, président de la société éditrice d’Eric Auto, a su faire fructifier son partenariat avec le groupe Hess (14 concessions Toyota dans l’Est), afin de perfectionner sa solution logicielle.
Le grand perdant reste Sage Cogestib, le fournisseur historique “qui aurait dû être le plus répandu”, analyse le directeur informatique. Mais l’éditeur n’est vraisemblablement jamais parvenu à transformer l’essai pour obtenir une préconisation du constructeur. “Il y a beaucoup d’effets d’annonce autour de Toyota, lâche Alain Staricky. Chaque année, un éditeur prétend qu’il va trouver la formule pour travailler avec nous”. Après WinCar, DSCNet de Reynolds&Reynolds tentera sa chance en 2011. Il y a eu une “rencontre” entre les deux acteurs. Mais rien de concret à en croire le directeur, qui suit toutefois de loin le dossier.
“Si les DMS sont multiples et variés à la vente, ils sont davantage uniformisés à l’après-vente, estime le responsable Toyota. Nous sommes dans un rapport de force avec les éditeurs qui va bientôt toucher à sa fin.”
Toyota se tourne en effet vers d’autres projets pour faire avancer les outils. Les équipes sont en train de plancher sur une interface, répondant à l’appellation commerciale eTSM, dont l’une des fonctions serait d’alerter automatiquement le vendeur du passage de son client à l’après-vente et sur laquelle Everlog serait positionné.

Que paye mensuellement une concession ?

Le Japonais n’a pas pour habitude de soutenir la R&D des éditeurs, sauf par transparence, bien sûr. D’où les disparités entre ceux qui ont les moyens financiers de s’aligner et les autres. Le constructeur finance le développement de ses propres projets, l’aménagement et les licences. Il en refacture une partie aux réseaux. Tous les trimestres, les concessionnaires payent l’équivalent de 130 euros par site et par mois pour l’ensemble des services (mini-sites, envoi de données, droits d’entrée du BAC, module reprise VO, maintenance et assistance, hébergement des 5 adresses Internet par site, la diffusion de circulaires, le portail pub et le Club Toyota). A ceci s’ajoutent les 15 euros mensuels par licence, le coût des SMS (20 à 30 euros/mois et par site en moyenne), l’eTSM (97 euros/mois et par site) et l’écran TV de l’après-vente (37,50 euros/mois). En somme, Toyota investit plus de 900 000 euros par an dans l’informatique en concession et les distributeurs contribuent à hauteur de 400 000 euros, hors VPN (réseau privé virtuel). Le constructeur leur épargne notamment le coût des remontées d’informations vers le siège européen.

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