Stéphane Labous, directeur général de Chrysler France.
Journal de l'Automobile. En début d'année, votre ambition était de consolider votre position après une année 2008 difficile. A fin août, le groupe affiche un recul de près de 50 %, quelles sont les raisons de cette contre performance ?
Stéphane Labous. Déjà, le mouvement de fond qui avait débuté en 2008, s'est encore accéléré en 2009. Ainsi, la chute de certains segments, comme ceux des SUV compacts et supérieurs ou des grands monospaces, a continué et s'est même amplifiée sous l'effet de la crise économique. Puis, dans ce contexte, nous avons également réduit de 50 % nos ventes directes à loueurs et autres notamment pour ne pas créer un futur problème de VO. De plus, la situation de notre maison mère nous a également impactés. En janvier, jamais nous n'aurions pensé que le premier semestre serait aussi difficile. Certes, nous connaissions les difficultés du groupe, notamment concernant sa trésorerie, mais jusqu'au placement sous Chapitre 11, nous avons vécu quatre mois vraiment très compliqués avec un enchaînement de rumeurs sur notre avenir.
JA. Comment avez-vous géré, en France, avec votre réseau et vos clients, ce passage sous chapitre 11 ?
SL. Nous avons été très pédagogues aussi bien avec le réseau qu'avec nos clients, notamment avec des courriers afin de bien expliquer cette procédure américaine tout en leur rappelant que nos activités françaises continuaient. Mais l'impact de cette procédure a été indéniable en particulier sur la marque Chrysler. D'autant, que durant cette période nombre d'usines ont tourné au ralenti, certaines étaient même fermées, donc nous avons également eu des problèmes d'approvisionnements sur des produits porteurs comme la Wrangler ou le Grand Voyager notamment.
JA. Après cette tempête, comment voyez-vous cette fin d'année ?
SL. Maintenant, avec le réseau, nous travaillons pour améliorer notre performance sur les trois derniers mois de l'année. Nous souhaitons revenir à 450 commandes par mois contre 250 à 300 jusqu'ici. Cela ne se fera pas en un jour, mais depuis mi-septembre, nous avons mis des actions en place sur la Caliber, le Journey mais aussi le nouveau Compass qui est aujourd'hui proposé avec un nouvel intérieur. Nous avions d'ailleurs décalé son lancement afin d'éviter tout problème d'approvisionnement comme je l'évoquais précédemment. Nous devrions donc connaître une fin d'année plus positive.
JA. Quel est le potentiel du groupe en France après cette situation exceptionnelle ?
SL. Sur la base du plan produits actuel, nous pensons pouvoir réaliser entre 4 et 5 000 unités par an. C'est d'ailleurs la tendance pour l'année 2010 avec notamment la Caliber équipée d'une nouvelle mécanique Diesel et d'un nouvel intérieur. Cependant, d'ici la fin de l'année nous pourrons communiquer davantage sur notre avenir à moyen terme. L'interrogation principale étant de savoir avec quelle rapidité les nouveaux produits vont arriver dans nos gammes.
JA. Vous aviez annoncé votre soutien au réseau, notamment pour perdre le moins possible de ces représentants. Comment a-t-il vaincu ce début d'année et y a-t-il eu des défaillances ?
SL. Depuis le début de l'année, nous nous sommes séparés de trois partenaires représentant 5 points de vente. Aujourd'hui, l'heure est à la stabilité même si la situation reste compliquée, comme dans de nombreux réseaux d'ailleurs. La bonne tenue de l'activité après-vente mais aussi le maintien d'un support sur l'activité VO, car tous nos VO sont revendus par le réseau, ont permis de compenser, dans une certaine mesure, les pertes sur le VN. Puis comme je vous l'avais indiqué en début d'année, nous avons réalisé un gros travail sur les charges fixes conduisant les distributeurs à réduire la voilure. Certains ont déménagé, d'autres ont intégré une activité complémentaire ou une autre marque. De notre coté, nous continuons, par exemple, à réduire les stocks demandés ou les VD afin de leur faciliter la vie. Nous avons par ailleurs maintenu, en plus de moyens commerciaux et marketing élevés, les aides à l'investissement qui étaient prévues. Nous avons eu une approche très pragmatique que nous poursuivons aujourd'hui afin de nous adapter au mieux pour passer ce cap.
JA. Compte tenu de l'ensemble de ces actions, quelle pourrait-être la rentabilité de votre réseau cette année ?
SL. En 2008, environ 50 % du réseau était dans le vert avec une rentabilité moyenne de 0,11 % et même 0,6 à 0,7 % sur les ventes. Bien qu'il soit encore tôt pour juger de l'année 2009, contrairement à l'exercice précédent, le réseau ne va plus subir l'effet des sur-stocks puisque leur niveau a été divisé par 3 par rapport à janvier 2008. Une période où les frais financiers étaient très élevés et les encours ont coûté très cher. Ajoutez à cela notre objectif de 450 commandes mensuelles, une activité après-vente stable conjuguée à l'allégement des frais fixes et je pense que la rentabilité du réseau ne se dégradera pas davantage cette année.
JA. Enfin, pour conclure, la nouvelle organisation du groupe Chrysler mise en place après l'arrivée de Fiat dans le capital a-t-elle déjà un impact sur votre quotidien en France ?
SL. A l'échelle du groupe, pour l'heure, on évalue les synergies possibles. En revanche, du côté opérationnel, il y a déjà des domaines sur lesquels nous avons déjà avancé. Ainsi, à partir du 1er octobre, en France et dans plusieurs autres pays d'Europe, FGA Capital va financer les activités Wholesale et Retail. Il s'agit d'un gros dossier où nous travaillons avec FGA Capital, avec Daimler mais aussi avec le réseau sur la mise en place de ce nouveau programme qui devrait nous permettre de redynamiser certaines activités et d'être plus dynamiques et plus agressifs sur le financement Retail.
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