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Constructeurs

Smart y croit For

Publié le 18 juillet 2014

Par Christophe Jaussaud
7 min de lecture
Avec les nouvelles ForTwo et ForFour lancées le 22 novembre prochain en France, Smart revient sur le devant de la scène et sort à nouveau de la monoculture.

C'est avec un enthousiasme non feint qu'Annette Winkler, la directrice de Smart, a dévoilé les deux nouveaux modèles de la marque le 16 juillet dernier, à Berlin, devant plus de 700 personnes. Elle a également remercié le board de Daimler pour son aide et son soutien. Il faut dire que la survie de la marque est effectivement largement liée à la volonté de Mercedes de la conserver puisque Smart n'a, depuis son lancement en 1998, jamais dégagé le moindre bénéfice.

Cela étant, Dieter Zetsche, le patron de Daimler, a montré à la tribune toute sa détermination pour que Smart trouve enfin sa place. Il a même illustré le parcours de la marque avec un conte de Grimm, Le lièvre et le hérisson. Smart étant le hérisson de l'industrie automobile, souvent sous-estimé, mais qui finit toujours par battre le lièvre. Plus sérieusement, le président a rappelé que l'urbanisation de la planète aidant, les voitures sont et allaient être de plus en plus nombreuses en ville et que Smart était une réponse aujourd'hui, comme depuis 1998, à cette problématique. Smart a finalement peut-être eu raison trop tôt, semble penser Dieter Zetsche, mais compte aujourd'hui prendre toute sa part dans la croissance annoncée des ventes mondiales de micro-citadines. En effet, ce segment de marché devrait progresser, selon lui, de 38% entre 2014 et 2020.

L'équation économique résolue avec Renault

Après cinq années de travail, voilà donc les nouvelles Smart ! Pour résoudre l'équation économique, cette génération de citadines partage donc 70% de ses pièces (la quasi-totalité restant invisible pour le client) avec la nouvelle Renault Twingo. Cela étant, techniquement, c'est la petite Renault qui s'est adaptée à la petite Allemande (qui est en fait française). En effet, les trois modèles utilisent la même plate-forme propulsion, avec des moteurs trois cylindres à l'arrière. Des blocs d'origine Renault, avec notamment un 1l atmosphérique de 71ch (une variante 60ch arrivera en 2015) et le 0,9l Tce turbo de 90ch. Surtout, la Smart gagne enfin des boîtes ! Naturellement il faudra attendre les essais dynamiques, mais avec une boîte manuelle 5 rapports et une à double embrayage (Getrag) 6 rapports, parions que l'agrément sera bien meilleur.

Quant à l'ADN Smart, il reste intact avec ces nouvelles venues, notamment grâce à la cellule tridion au service de cette filiation et du style, mais aussi de la sécurité que Smart a voulu irréprochable. Avec ses 2,69m et un rayon de braquage de seulement 6,95m, la nouvelle ForTwo conserve son gabarit si pratique en ville. Elle gagne simplement 10cm en largueur pour une meilleure habitabilité. Quant à la nouvelle Forfour, avec ses 3,49m, elle demeure un petit modèle, sachant que les potentielles concurrentes comme la Fiat 500 et la Mini affichent respectivement 3,55m et 3,82m. Comme à la parade, les nouvelles Smart misent désormais sur la personnalisation avec plus de 800 variantes possibles. "La personnalisation n'est plus aujourd'hui une simple tendance, a indiqué Dieter Zetsche, c'est un véritable business." Smart en veut donc toute sa part.

Une ForTwo plus que jamais "Made in France"

Daimler se montre donc ambitieux avec ces nouvelles Smart même si aucun chiffre ou objectif n'a été avancé par l'état-major, hors le fait que l'usine de Hambach, en Moselle, qui fabrique la ForTwo a les moyens de faire plus que les 100000 unités par an enregistrées ces dernières années. Rappelons que, depuis 1998, plus de 1,6 million de Fortwo sont sorties des chaînes du site français à destination de 46 pays. Les principaux étant l'Italie (plus de 22000 unités par an), les Etats-Unis, la Chine, l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Pour produire cette nouvelle génération de ForTwo dans le nord de la France, Smart a investi 200 millions d'euros sur le site mosellan dirigé par Joakim Betker. Tout le process a évolué pour accueillir ce nouvel opus, mais aussi l'ancien, car la Smart électrique conservera encore les traits de la génération actuelle. Lancée il y a seulement deux ans, elle a jusqu'ici été produite à 10000 exemplaires.

Une complémentarité plus forte

Quant à la ForFour, qui sera produite dans l'usine slovène de Renault à Novo Mesto, son rôle est tout aussi important. Elle prendra la direction des mêmes marchés que sa petite sœur, à l'exception des Etats-Unis où, pour l'heure, une homologation du modèle n'est pas prévue. A l'image de la Mini pour BMW, la ForFour va occuper un terrain où Mercedes n'ira pas. En effet, Dieter Zetsche a confirmé que la Classe A resterait la plus petite des véhicules frappés d'une étoile. Elle devra donc faire mieux que la  première ForFour qui n'a vraiment pas été un succès en restant sur le marché seulement deux ans, de 2004 à 2006. Ce ne devrait pas être difficile. D'autant que Daimler semble avoir choisi un positionnement prix bien plus pertinent avec une entrée de gamme à environ 11500€. Soit environ 600€ de plus que pour la nouvelle ForTwo qui devrait débuter à 10900€. Les tarifs officiels seront connus fin juillet en France et cela marquera aussi l'ouverture des commandes.

25 nouveaux points de vente en France

En France, depuis 1998, environ 60000 ForTwo ont pris la route et le parc roulant est encore important. Ce qui n'est plus le cas pour la ForFour. Si la ForTwo va rester la reine des villes, avec la ForFour la marque peut toucher une autre clientèle. D'ailleurs, cela se matérialise dans le réseau de distribution qui a légèrement évolué pour l'occasion. En effet, si les grandes villes demeurent stratégiques, Smart sera représentée quasiment partout. Dès le mois de décembre dernier, la grande majorité des distributeurs découvrant ces nouveaux modèles ont souhaité disposer de ces armes dans leurs showrooms. Ainsi, de 85 points de ventes en début d'année 2014, le réseau Smart en comptera 25 de plus au moment du lancement en novembre prochain. Marc Langenbrinck, le président de Mercedes France, a indiqué que chaque plaque de distribution Mercedes aura, en moyenne, deux sites Smart sur son secteur. Il a également insisté sur le fait qu'avec l'arrivée de ces modèles, le souhait d'une force de vente réellement dédiée à Smart avait été accepté et mis en place dans le réseau. Quant aux filiales Smart de Lyon, Nice et Bordeaux, qui représentaient jusqu'ici 18% des ventes de la marque, pas de changement en perspective.

Como : la pierre angulaire

A Paris, plus gros potentiel Smart de France, la continuité sera de mise. En effet, le groupe Como, dirigé par Oussama Kaddoura, demeure le distributeur privilégié de la marque en Ile-de-France avec neuf sites. Un partenaire plus qu'important pour Smart puisque Como a représenté jusqu'à 35% des ventes de la marque dans l'Hexagone ! Oussama Kaddoura, d'ailleurs présent à Berlin pour cet événement, n'a pas caché son enthousiasme et estime naturellement que les ventes seront plus nombreuses. Durant les belles années de la ForTwo, Como flirtait avec les 2800 unités par an et le dirigeant estime aujourd'hui que les ventes annuelles de cette troisième génération pourraient grimper jusqu'à 3500 unités sur sa zone. Quant à la ForFour, il juge que le potentiel est bien là, grâce aux qualités intrinsèques du produit, mais aussi à un positionnement prix plus intéressant.

Smart ouvre donc un nouveau chapitre de sa courte histoire. Une histoire mouvementée qui ne semble pas avoir lassé Dieter Zetsche : "Je suis fier que l'équipe Smart fasse partie de Daimler." Maintenant, pour qu'il soit pleinement satisfait, il faudrait que Smart gagne enfin de l'argent. Sans doute la condition sine qua none pour des développements futurs.

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