Rupert Stadler placé en détention provisoire et remplacé à la tête d'Audi
Au printemps 2018, le salaire de 10 millions d'euros pour l'année 2017 versé à Matthias Müller, l'ancien patron du groupe VW, avait créé l'émoi en Allemagne. Pour le justifier, ce dernier avait notamment évoqué les responsabilités et risques reposant sur ses épaules. "A ce titre, on a en permanence un pied en prison […] Vu ces responsabilités, nos salaires se justifient", avait-il déclaré à l'époque.
Matthias Müller n'a pas encore un pied en prison, au contraire de Rupert Stadler, le patron d'Audi, qui a été placé en détention provisoire le lundi 18 juin par la justice allemande. Aux manettes de la firme d'Ingolstadt depuis onze ans, ce dernier avait été mis en cause fin mai pour "fraude" et complicité d'"'émission de faux certificats" par le parquet de Munich, qui avait ordonné la perquisition de son domicile. Dans ce dossier, soit l'un des volets du "dieselgate" qui empoisonne l'automobile allemande depuis près de trois ans, il a été arrêté et écroué lundi en raison d'un "risque de dissimulation de preuves", a indiqué le parquet dans un communiqué. Audi a de son côté confirmé à l'AFP l'interpellation de son dirigeant sans donner plus de détails, rappelant simplement "la présomption d'innocence" dont bénéficie M. Stadler.
Cela étant, le conseil de surveillance de Volkswagen a décidé lundi de suspendre le patron de sa filiale Audi, pour le remplacer par le Néerlandais Bram Schot, selon l'agence allemande DPA. Le conseil de surveillance d'Audi, présidé par le patron de Volkswagen, doit encore entériner la décision de sa maison mère d'ici la fin de la journée, a précisé l'un de ses porte-parole à l'AFP. Entré chez Audi en 1990, et PDG depuis 2007, Rupert Stadler avait gardé jusqu'à présent la confiance des actionnaires principaux, les familles héritières Porsche-Piëch.
Depuis le commencement du dieselgate en 2015, la facture s'élève à plus de 26 milliards d'euros pour le groupe Volkswagen et a plombé l'image de la branche automobile, fleuron de l'industrie allemande, et du diesel, sa technologie phare. Tardivement rattrapé par ce dossier, Audi a dû rappeler début juin quelque 60 000 A6 et A7 après la découverte d'un "logiciel illicite" capable de fausser les niveaux d'émissions de gaz polluants.
Mais la marque haut de gamme, dont les ingénieurs sont soupçonnés d'avoir contribué à l'élaboration des logiciels en cause, intéresse depuis longtemps le parquet de Munich. Jörg Kerner, ex-responsable des moteurs de Porsche arrivé en 2011 de chez Audi, ainsi que Wolfgang Hatz, qui a notamment été chef du développement des moteurs chez Audi de 2001 à 2007 avant de prendre une fonction similaire pour l'ensemble du groupe Volkswagen, ont été incarcérés en avril 2018 et septembre 2017.
Plusieurs perquisitions avaient eu lieu ces derniers mois aux domiciles et lieux de travail de responsables d'Audi, notamment au siège du constructeur à Ingoldstadt, en Bavière. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, la mise en cause de M. Stadler est en partie liée à un courriel adressé "fin 2015" au dirigeant, le mettant au courant de l'utilisation de logiciels irréguliers.
Volkswagen s'efforce toujours de tourner la page du dieselgate, alors même que l'amende d'un milliard d'euros récemment infligée par la justice allemande n'a pas mis fin à toutes les procédures en cours. Plusieurs hauts dirigeants de VW, dont l'ancien patron Martin Winterkorn, font l'objet de différentes enquêtes pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère.
Aux Etats-Unis, en tout, huit anciens et actuels dirigeants de Volkswagen ont été inculpés, accusés notamment de "fraude" et de "conspiration". Un cadre d'Audi y a également été mis en examen. En Allemagne, le successeur de M. Winterkorn, Matthias Müller, mais aussi le chef du conseil de surveillance du groupe, Hans Dieter Pötsch, et l'actuel président de VW Herbert Diess, sont également dans le viseur des enquêteurs. (Avec AFP).
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