Renault : Luca de Meo agacé par les députés lors de son audition à l'Assemblée nationale
"J'ai répondu dix fois à cette question !" Luca de Meo avait du mal à dissimuler son exaspération lors de son audition par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Un à un, les députés ont concentré leurs attaques contre le directeur général de Renault sur le sort de la Fonderie de Bretagne. Les salariés de l'entreprise avaient organisé une manifestation sous les fenêtres du groupe automobile à son siège de Boulogne-Billancourt (92). En parallèle, une délégation était à l'Assemblée pour mettre les députés sous pression.
L'enjeu de la souveraineté industrielle de la France
Les députés ont tiré à boulets rouges contre le patron de Renault qu'ils accusent de renoncer à "ses obligations" en abandonnant une industrie nécessaire à la souveraineté nationale. Ils ont rappelé les investissements de l'État et de la région pour maintenir à flot la Fonderie de Bretagne. Ils ont également remémoré que cette même société était, autrefois, une propriété du même Renault avant que celui-ci ne décide de le céder au groupe allemand Callista fin 2022.
Luca de Meo a tenté de réitérer ses promesses : recapitalisation à hauteur de 35 millions d'euros et le reclassement de chacun des 300 salariés de la fonderie au sein du groupe Renault en cas de liquidation. Il a accusé le management de la fonderie d'erreurs stratégiques et a constaté que le free cash flow négatif de la société représentait la moitié de son chiffre d'affaires. "Cela fait quinze ans que la société perd de l'argent", a-t-il martelé face à des députés remontés.
Une responsabilité "collective", selon Luca de Meo
Le patron de Renault a vainement essayé de poser le problème de la Fonderie de Bretagne dans une perspective plus sectorielle : "Cette société est en train de payer une réalité qui n'a pas été anticipée", accusant les autorités publiques d'avoir manqué d'ambitions en matière de politique industrielle, laissant ainsi péricliter les petits fournisseurs. Autrement dit, le constructeur renvoie la responsabilité de la faillite de la Fonderie de Bretagne aux politiques qui, tout en imposant un rythme soutenu de transition énergétique, se sont dispensés de tout accompagnement des petites structures. "Renault ne peut pas porter seul la responsabilité d'un échec collectif", a-t-il lancé aux députés visiblement sourds à ses arguments.
"J'ai horreur qu'on me dise que je suis un donneur d'ordre, je suis un client", a souligné Luca de Meo, rappelant ainsi que Renault "a toujours respecté ses engagements auprès de la Fonderie de Bretagne".
"La question qui se pose ici, c'est celle de la compétitivité de notre tissu de fournisseurs, c'est de cela dont il faut parler ici", a insisté Luca de Meo qui n'en démord pas sur les risques de nouvelles faillites parmi les petites entreprises si rien n'était fait. "Renault a investi 14 milliards d'euros en France, s'est mis dans les conditions pour doubler sa production automobile dans le pays d'ici 2030 et a déjà recruté 8 000 personnes", a-t-il rappelé à plusieurs reprises, assailli par les questions des députés.
Enfin, le dirigeant a rappelé qu'une voiture électrique nécessitait moitié moins de fonte par rapport à une voiture classique. Selon lui, les députés "n'ont pas pris la mesure de ce qui se passe vraiment dans la filière automobile" qui est prise en étau entre la pression de compétitivité mondiale et celle de l'inflation réglementaire.
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