Renault et Nissan ajustent une nouvelle fois l'Alliance

Renault et Nissan ne coupent pas les ponts mais, de toute évidence, les rapports ne vont pas dans le sens d’une alliance sur le long terme. Les deux constructeurs, alliés depuis plusieurs décennies, détricotent peu à peu à leur collaboration.
Cela étant, les annonces d'aujourd'hui peuvent être interprétées comme une aide de Renault pour que Nissan retrouve du cash, nécessaire à son redressement. Ce nouvel accord instaure la possibilité de revoir à la baisse les participations croisées entre les deux parties. Renault et Nissan ont convenu de fixer à 10 % l’obligation de conservation de leur participation chez l’un et chez l’autre, contre 15 % actuellement.
Nissan n'investira pas dans Ampere
Il a été convenu que toute cession d’action devrait être réalisée dans le cadre d’un "processus organisé et coordonné avec l’autre société, et dans lequel ladite société ou un tiers désigné bénéficierait d'un droit de première offre".
L’autre coup de canif dans le contrat de l’Alliance est que Nissan va être libéré de son engagement à investir dans Ampere. Un accord d’investissement avait été conclu le 26 juillet 2023. Celui-ci sera résilié d’ici fin mai 2025.
Renault et Nissan se limitent de plus en plus à une coopération pour la production de certains produits. Des accords qui relèvent plus du moyen terme que du long terme. Un dispositif plutôt à l’avantage de la marque au losange.
Le groupe dirigé par Luca de Meo, qui produit déjà les utilitaires Nissan pour le marché européen, se chargera d’assembler la future Micra à Douai (59), sur la même plateforme AmpR Small que la Renault 5.
Renault va produire une Twingo pour Nissan
Le même schéma a été acté pour la future citadine électrique de Nissan. Le groupe Renault a été choisi pour développer et produire un véhicule dérivé de la future Twingo. Ce modèle, conçu par Nissan, verra le jour en 2026.
"Cet accord-cadre, bénéfique pour les deux parties, démontre l’état d’esprit agile et efficient de la nouvelle Alliance. Il confirme l’attractivité de nos produits avec Twingo ainsi que notre volonté de faire croître notre activité sur les marchés internationaux", déclare Luca de Meo.
Sur ce dernier point, le directeur général du groupe Renault fait allusion à un autre volet du nouveau visage de l’Alliance. Le constructeur français s’apprête à prendre le contrôle à 100 % de Renault Nissan Automotive India Private (RNAIPL), grâce à l’acquisition de la participation de 51 % actuellement détenue par Nissan.
Pour Luca de Meo, "l’Inde est un marché clé pour l’automobile et Renault Group va y déployer un écosystème et une organisation industrielle efficaces". Nissan ne disparaîtra pas pour autant de l’équation, puisque RNAIPL continuera à produire des modèles sous sa marque, dont la nouvelle Magnite.
Nissan mise toujours sur l'Inde
"Nous restons engagés sur le marché indien, avec des véhicules adaptés aux besoins des consommateurs locaux tout en garantissant des ventes et un service de premier plan pour nos clients actuels et futurs, assure Ivan Espinosa, le nouveau n°1 de Nissan. L'Inde restera une plaque tournante pour nos équipes de recherche et de développement, nos services digitaux et autres entités d’experts. Nos projets de nouveaux SUV pour le marché indien sont toujours d’actualité et nous poursuivrons nos exportations de véhicules vers d'autres marchés."
Pour Renault, cette opportunité internationale aura un impact sur le free cash-flow 2025 d’environ 200 millions d’euros. "En prenant en compte cet impact, Renault Group confirme sa perspective financière pour l’exercice 2025 visant à atteindre un free cash-flow supérieur à deux milliards d’euros, incluant la consolidation de RNAIPL", annonce le constructeur.
La rentabilité de l’opération devrait être vite assurée au regard des développements à venir. L’usine RNAIPL basée à Chennai, dotée d’une capacité de production de plus de 400 000 unités par an, exploite actuellement les plateformes CMF-A et CMF-A+. Elle accueillera en 2026 la plateforme CMF-B, ce qui lui permettra de produire quatre nouveaux modèles.
Plus globalement, ce nouveau visage de l’Alliance se dessine dans un contexte compliqué pour Nissan. Le géant japonais doit faire face aux plus grandes difficultés de son histoire et sort d’un projet de fusion avorté avec Honda.
"Fort intérêt à voir Nissan redresser sa performance"
"Nissan s’engage à préserver la valeur et les bénéfices du partenariat stratégique au sein de l’Alliance tout en mettant en œuvre des mesures de redressement pour améliorer son efficacité. Notre but est de créer un modèle économique plus agile et efficace qui nous permettra de réagir rapidement à l’évolution des conditions de marché et de conserver les liquidités pour nos investissements futurs", justifie Ivan Espinosa.
De son côté, Luca de Meo estime que Renault, "partenaire long terme de Nissan au sein de l’Alliance et principal actionnaire […] a un fort intérêt à voir Nissan redresser sa performance le plus rapidement possible. Dans un esprit pragmatique et orienté vers le business, nous avons discuté des solutions les plus efficaces pour soutenir son plan de redressement et développer des opportunités créatrices de valeur pour Renault Group."
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