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Constructeurs

Qui est Chery, ce nouveau groupe chinois à l'assaut de l'Europe ?

Publié le 4 avril 2024

Par Nabil Bourassi
4 min de lecture
Le groupe automobile chinois a réaffirmé ses ambitions d'internationalisation, dix ans après une première tentative avortée. Mais Chery pourrait rencontrer des difficultés à rattraper ses propres compatriotes déjà bien installés en Europe.
Chery
L'Omoda 5 est un SUV de segment B et s'est déjà vendu à 200 000 exemplaires en 2023. ©Chery

Qui se souvient de Qoros ? Au début des années 2010, cette marque faisait la tournée des salons automobiles européens pour dévoiler une gamme de modèles censés conquérir le Vieux Continent. Elle devenait alors le premier chinois à s’implanter en Europe, si on exclut l’anecdotique Landwind en 2005 qui n’a pas survécu aux évaluations catastrophiques des crashtests. Las, Qoros, fruit d’une coentreprise entre le chinois Chery et un fonds israélien, finit par jeter l’éponge devant les difficultés financières de sa maison mère. Depuis cette tentative avortée, Chery s’est faite plutôt discrète et a laissé d’autres de ses compatriotes attaquer le Vieux Continent comme SAIC avec MG ou BYD. 

 

Un rythme de croissance de 10 à  20 % par an

 

Mais c’est terminé. Le groupe automobile est déterminé à relancer sa stratégie d’internationalisation. Elle vient de le répéter avec le lancement de "la stratégie 2024". Les dirigeants ont annoncé un objectif de croissance ambitieux de 10 à 20 % par an avec un énorme levier sur les exportations.

 

En 2023, Chery Holding a vendu 1,8 million de voitures, soit une progression de 53 %. Les exportations ont, elles, augmenté de 101 % avec 940 000 voitures. Au premier trimestre, la courbe confirme sa trajectoire exponentielle avec une hausse de 60 % des ventes, dont une hausse de 40 % des exportations.

 

Opportuniste, Chery s’est précipitée en Russie pour profiter du vide laissé par les marques occidentales, japonaises et coréennes depuis la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales. En 2023, elle a raflé près de 19 % du marché, devenant le deuxième groupe automobile derrière Avtovaz (fabricant de Lada). Elle devance largement Great Wall Motors (12 %) et Geely (7 %). Chery a vu ses ventes exploser de 300 % en un an en Russie.

 

Des moteurs thermiques prévus au catalogue

 

L’Europe occidentale est la nouvelle cible du groupe qui veut s’appuyer sur trois marques : Omoda, Jaecoo et Exlantix. L’Omoda 5 a représenté 200 000 voitures l’an dernier dans le monde et devrait débarquer en Europe cette année. Le groupe interviendra également à travers la marque Jaecoo qui commercialisera un SUV tout-terrain du segment C. Et Chery veut aller très vite… Il annonce un portefeuille de six modèles avant la fin 2025.

 

Et contrairement à ses compatriotes, Chery ne veut pas être concentré sur l’électrique puisqu’il annonce cinq variantes de groupes motopropulseurs. L’Omoda 5, un SUV de segment B, sera ainsi équipé d’un quatre cylindres de 1,6 litre à un prix "nettement inférieur" à 30 000 euros, d’après le communiqué de presse de Chery. Sa version toute électrique est annoncée à moins de 40 000 euros. Exlantix sera, elle, entièrement consacrée à la propulsion électrique dans une approche haut de gamme.

 

En 2019, Chery a installé son centre de recherche et développement à Raunheim, près de Francfort. Il a quitté Munich où il avait précédemment installé les bureaux de Qoros. Il cherche désormais un site pour construire une usine. Le groupe serait en discussion avec le gouvernement italien. Il avait également été question de reprendre le site abandonné par Nissan près de Barcelone, et ainsi de profiter des subventions de réindustrialisation. Chery aurait également déjà engagé des discussions avec des distributeurs. D’après nos informations, le groupe viserait une centaine de points de vente en France.

 

Chery confronté aux marques chinoises

 

Chery est un groupe relativement récent. Il a été fondé en 1997 à Wuhu et est essentiellement contrôlé par le gouvernement local de la région d’Anhui. Le groupe ambitionne très tôt de s’exporter, mais il va rapidement être rattrapé par des difficultés financières et est contraint de réduire la voilure en 2013… Ce qui avait alors précipité la fin de Qoros. Il bénéficie en 2012 d’une joint-venture avec une marque occidentale, Jaguar Land Rover, ce qui lui permet d’accéder enfin à des technologies venues d’Europe.

 

Pas certain toutefois que cela soit suffisant pour s’imposer sur le continent. Finalement, le principal obstacle de Chery en Europe pourrait être ses propres compatriotes qui ont déjà installé un réseau et une gamme extrêmement compétitive.

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