...PSA et Renault avaient chacun reçu 3 milliards de l'Etat français. Un prêt à un taux de 6 %, ce qui était plutôt avantageux dans le contexte de l'époque. Toutefois, les choses ont changé et les deux constructeurs français ont à nouveau accès au marché financier avec des taux plus bas, compris entre 4 et 5 %. Ce remboursement de 1 milliard chacun est l'occasion pour eux de réduire leurs frais financiers "de plus de 20 millions d'euros" selon un analyste de CM-CIC Securities. On comprend donc mieux pourquoi PSA et Renault ont choisi d'accélérer le remboursement de ce prêt qui devait s'échelonner, suivant l'accord initial, de 2011 à 2014. "Aujourd'hui, nous signons une convention de remboursement anticipé de ces prêts, s'est félicité
François Fillon, le 10 septembre dernier lors de sa visite sur le site PSA de Sochaux. Qui l'aurait imaginé il y a un an et demi, au cœur de la crise ?"
Cette anticipation doit principalement au fait que la santé des deux constructeurs s'est rapidement améliorée. En effet, avec des livraisons mondiales sur le premier semestre augmentées de 17 % pour PSA et 21,7 % pour Renault, les deux groupes ont surtout réussi à retrouver un niveau de liquidités permettant ce remboursement d'un tiers de leur dette vis-à-vis de l'Etat. Pour l'agence Fitch Ratings, Renault aurait 7,4 milliards de liquidités et PSA 10,2 milliards.
Si d'un point de vue comptable et financier ces remboursements sont plutôt une bonne chose tant pour le Gouvernement que pour les constructeurs, la CGT Métallurgie voit dans cette "précipitation" la volonté des constructeurs de "s'affranchir au plus vite des contraintes de ce prêt d'Etat : pas de licenciements, pas de stock-options, pas de dividendes pour les actionnaires." Ce syndicat noircit sans doute volontiers le trait car même une fois la totalité des prêts remboursés, l'Etat ne peut se désintéresser d'une industrie qui pèse environ 10 % des emplois français. Puis, l'Etat demeure un actionnaire important de Renault (avec plus de 15 % du capital) qui par ailleurs aura besoin de lui dans son défi électrique.
Photo : Christian Streiff, alors patron de PSA, et Patrick Pélata, patron de Renault, lors de la signature officialisant le prêt de 6 milliards aux deux groupes en 2009.