Peugeot fait sa mue

...Sa nouvelle signature en guise de leitmotiv commercial, la marque entend séduire par l'image et l'émotion qu'elle suscite. Et qu'importe la conjoncture. Le constructeur repart en conquête. "Nous lançons une offensive produits sans précédent car, malgré la crise, nous avons maintenu l'ensemble de nos programmes R&D. Nous lancerons ainsi 14 modèles entre 2010 et 2012, dans le monde", annonçait Vincent Rambaud, directeur général de la marque Peugeot, lors de sa prise de fonctions, en début d'année. Six mois après, les résultats commerciaux tendent à soutenir la stratégie de la marque. Sur le premier semestre, le constructeur a en effet enregistré une croissance de ses ventes de 16,7 % au niveau mondial, à 1 093 000 unités, sur un marché global en progression de 13 %. La marque vient ici de réussir son meilleur semestre historique. Le développement de Peugeot à l'international (hors Europe), représentant désormais 42 % de ses ventes mondiales au 1er semestre 2010. Par ailleurs, avec le lancement réussi de ses derniers modèles 3008 (65 000 ventes), 5008 (40 000 ventes), RCZ (5 000 ventes), Peugeot semble avoir réussi la phase initiale de son retour en force. Un motif de satisfaction qui légitime et renforce les ambitions de la marque au niveau international. "Nous sommes actuellement à la 9e place du classement mondial mais nous souhaitons rapidement gagner trois places", confie même Vincent Rambaud.

La stratégie des partenariats comme vecteur de croissance est en phase de déploiement

Bien évidemment, si Peugeot continue de "grappiller" des parts de marché sur le vieux continent (+ 0,6 % en VP, + 0,5 % en VUL), chacun sait que l'avenir de la marque s'écrit loin de ses bases. "Historiques", tout au moins. Car c'est précisément la politique que mène actuellement Peugeot afin de profiter de la croissance des marchés émergents. Multiplier les bases, par le biais de partenariats avec des industriels locaux.

En Amérique du Sud, où Peugeot vient d'enregistrer une progression de ses ventes de 10,3 %, la marque compte sur le Hoggar, lancé en mai dernier, pour renforcer ses positions. Produit à l'usine de Porto Real, dans l'état de Rio de Janeiro, au Brésil, le pick-up compact vise ainsi une part de marché de 10 % de son segment.

En Russie, l'ouverture de l'usine de Kaluga, en partenariat avec Mitsubishi, arrive elle aussi à point nommé. Alors que Peugeot a subi un recul de 7,6 % depuis janvier sur le marché russe, l'inauguration, en avril dernier, de ce nouveau site de production de la 308 et de la 4007 devrait aider la marque à retrouver la voie du succès. Produits ainsi localement, les véhicules échappent en effet aux 25 % de droits de douane. Notons qu'à terme, le site devrait également accueillir une ligne pour la production de la 408.

En Chine, le constructeur assemble justement la 408, conjointement avec son partenaire Dongfeng, dans l'usine de Wuhan dans la province du Hubei. Et Peugeot fonde de grands espoirs sur ce modèle pour atteindre une visibilité porteuse sur un marché dans lequel elle a progressé de 32,7 % en six mois. Notamment grâce à l'effet 408. Lancée en avril, la berline a déjà été vendue à 17 000 exemplaires. La marque espère en vendre 100 000 unités en année pleine, dès 2011. Puis il y aura bientôt des VUL suite à l'accord signé avec le Chinois Chang'An.

De plus, en Asie du Sud-Est, le constructeur vient de signer une lettre d'intention avec Naza Group, un des principaux constructeurs malaisiens, pour l'assemblage de la 408. Notons que depuis 2006, Peugeot a des accords avec cet industriel local pour la production de la 206 et, depuis peu, celle de la 207 tri-corps, dont la commercialisation est prévue pour la fin de l'année. La 408 sera quant à elle produite à partir du deuxième semestre 2011 dans l'usine de Gurun située à 400 km au Nord de Kuala Lumpur. L'accord porte sur l'assemblage et la commercialisation d'une série de 70 000 véhicules. Là encore, l'assemblage de ce véhicule en Malaisie doit permettre à Peugeot de bénéficier des accords douaniers au sein de l'ASEAN (Associations des nations d'Asie du Sud Est), pour exporter sur les autres pays de cette zone (Thaïlande, Indonésie…), ainsi que dans plusieurs pays du Pacifique et de l'Afrique, en conduite à droite.

Perspectives électrisantes

Image revisitée, projets industriels déployés, sortie produits auréolées d'un certain succès, Peugeot a le vent en poupe, alors que se profilent de nouveaux virages à l'horizon. Celui de la mobilité, d'abord. Un plan sur lequel la marque a choisi de prendre les devants. Implanté dans certaines succursales françaises (Rennes, Nantes, Lyon, Paris…) Mu by Peugeot gagnera bientôt Berlin, Madrid, Milan, Barcelone, Bristol, Bruxelles, puis Londres. Peugeot City, inauguré à Paris voilà quelques semaines, le concept de représentation urbaine chic, verra bientôt naître un nouveau point à Abu Dhabi. L'autre enjeu essentiel des mois à venir, pour le constructeur, est d'ailleurs lié à cette "consommation de mobilité". C'est évidemment celui de l'électrique. Avec la iOn, notamment, dont l'arrivée dans les showrooms est prévue pour décembre prochain. Quinze lettres d'intentions ont aujourd'hui été signées avec de grands opérateurs européens pour la vente, ou la location du véhicule 100 % électrique. De quoi expérimenter la chose avant une commercialisation plus large qui devrait voir la marque écouler, si elle remplit ses objectifs, 50 000 unités d'ici 2015, dont la moitié en France. Mais de manière générale, Peugeot s'apprête à voir l'électrique prendre une part de plus en plus importante au sein de sa gamme. A commencer par la future 508, qui sera dotée de la nouvelle génération de moteurs HDi, couplé à un système de micro hybridation. Le modèle sera présenté au Mondial de Paris, en octobre prochain. En même temps que le 3008 HYbrid4, le fameux véhicule hybride Diesel que le constructeur promet depuis 2005. C'était presque un autre temps pour Peugeot.

Photo : Lancée le 8 avril dernier en Chine, la 408 a déjà été vendue à 17 000 exemplaires. Peugeot en espère 100 000 dès 2011.