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Constructeurs

Patrice Lévy-Bencheton : "Dacia est reconnue pour sa clarté et cela va continuer"

Publié le 15 juillet 2024

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
À l'occasion de la présentation de la nouvelle Spring, Patrice Lévy-Bencheton, le directeur de la performance produit Dacia, est revenu sur les défis que doit relever la marque, à l'image de son électrification et de son entrée, en 2025, sur le segment C avec le Bigster.
Dacia Patrice Lévy-Bencheton
Patrice Lévy-Bencheton, directeur de la performance produit Dacia. ©Dacia-Yves Forestier-Olivier Martin-Gambier

Le Journal de l'Automobile : Après une belle année 2023 pour la Dacia Spring, avec 24 888 immatriculations en France, le premier semestre 2024 se limite à 2 928 immatriculations. Comment expliquez-vous cela ?

P. L-B : Plusieurs éléments expliquent ce recul. Avec la fin du bonus écologique pour notre modèle le 15 décembre 2023, il y a eu des anticipations et, de ce fait, en début d’année 2024, nous avions un très faible niveau de stock. De plus, durant cette même période, nous entrions dans une phase de transition vers le modèle lancé aujourd’hui.

 

J.A. : Fin 2023, la Spring, votre seul modèle électrique, représentait 19 % de vos ventes dans l’Hexagone. Cette part est tombée à 3,9 % à fin juin. Cette forte baisse remet-elle en cause la contribution de Dacia à la baisse des émissions de CO2 du groupe Renault ?

P. L-B : L’offre de véhicules électriques dans le groupe se développe fortement, notamment avec la marque Renault, donc je ne suis pas inquiet quant au respect de nos objectifs en matière d’émissions pour l’année 2024.

 

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J.A. : Depuis le 5 juillet 2024, l’Europe applique, à titre conservatoire, des taxes douanières sur les véhicules électriques importés de Chine. Avez-vous pu anticiper cela ?

P. L-B : Du fait des anticipations de 2023 et de la transition entre les modèles, nous n’avons pas constitué de stock. Puis, si le paiement de la taxe se fait au moment de l’arrivée en Europe, la Commission européenne a demandé un recensement des importations depuis le mois de mars avec la possibilité, après la décision définitive en novembre, d’appliquer les taxes jusqu’à trois mois avant le début de l’application provisoire. Donc les taxes pourraient concerner des modèles arrivés en Europe à partir du 5 avril. 

 

Nous travaillons pour réduire au maximum nos coûts afin de minimiser les conséquences

 

J.A. : Vos prix sont-ils appelés à évoluer selon la décision finale de l’exécutif européen en novembre 2024 ?

P. L-B : Pour l’heure, les tarifs que nous avons dévoilés en avril dernier ne vont pas évoluer. Ces taxes ne sont pas une surprise car le processus européen avait été lancé en novembre 2023. Je rappelle qu’en plus des 10 % déjà en vigueur, nous devons ajouter 20,8 %. Depuis des mois, nous travaillons pour réduire au maximum nos coûts afin de minimiser les conséquences.

 

J.A. : Dans ce contexte, cette nouvelle Spring peut-elle faire une carrière commerciale aussi bonne que la précédente ?

P. L-B : Bien malin qui pourra dire quel sera le projet de loi de finances français pour l’année 2025. Cependant, à l’échelle européenne, la problématique est différente. Par exemple, en Allemagne, où il n’y a plus d’aide gouvernementale depuis décembre 2023, nous proposons la Spring entre 16 900 et 19 900 euros et notre modèle reste le plus compétitif. Donc, sur ce type de marché, où il n’y a pas de distorsion, nous pourrions retrouver des niveaux semblables à ceux enregistrés dans le passé. De plus, avec cette nouvelle Spring, nous introduisons une offre direction à droite qui nous permet d'entrer sur de nouveaux marchés, comme le Royaume-Uni, ce qui représente un potentiel de volumes intéressant.

 

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J.A. : Des discussions sur un rapatriement de la production de la Spring en Europe existent-elles ?

P. L-B : Nous nous sommes évidemment posé la question, mais aujourd’hui, il n’y a pas de plan concret qui irait dans ce sens. Déplacer simplement la production, sans l’écosystème qui va avec, ne serait pas pertinent ni d’un point de vue économique, ni pour l’empreinte carbone globale. Pour autant, nous ne fermons pas la porte à cette idée. Pour le prochain modèle électrique de Dacia, la Sandero à l’horizon 2027-2028, nous avons déjà annoncé que nous nous appuierons sur nos grands pôles industriels actuels.

 

J.A. : Je pensais pourtant que la décision pour la Sandero électrique n’était pas encore prise ?

P. L-B : La prochaine génération de Sandero n’est pas encore totalement figée car nous parlons ici d’un horizon de sortie fin 2027 ou début 2028. Pour une définition complète, nous avons encore un peu de temps car, jusqu’ici, nous développions nos modèles en un peu plus de trois ans et maintenant nous visons deux ans ou à peine plus. Donc nous avons encore du temps pour définir certains aspects techniques et de production. Cela étant, il y aura bien une Sandero électrique. Cette future génération sera sans doute sur le marché jusqu’en 2035, date à laquelle la réglementation interdira la vente de véhicules thermiques. Même si aujourd’hui la trajectoire des ventes de véhicules électriques n’est pas celle qui avait été envisagée, les contraintes, à l’image des normes CAFE, induisent forcément une augmentation de la part de ces modèles. Même si Dacia n’est pas le pionnier de l’électrification dans le groupe, nous devrons avoir des propositions électriques durant cette période 2028-2035.

 

Nous voulons redéfinir les essentiels du segment C

 

J.A. : L’année prochaine marquera votre arrivée sur le segment C avec le Bigster. Le potentiel commercial est très important en Europe. Comment appréhendez-vous votre arrivée sur ce segment sans renier votre positionnement ?

P. L-B : Dans un premier temps, nous concevons cette arrivée sur le segment C comme une opportunité de croissance et de conquête pour Dacia. Le segment des C-SUV pèse plus de 2,8 millions de voitures en Europe. Le segment C est aussi un important contributeur aux marges d’un constructeur. Ce modèle ne remet pas en cause notre approche et notre positionnement. Avec le Bigster, nous voulons redéfinir les essentiels du segment C. Nous avons travaillé sur le contenu pour être tout à fait légitimes et bien centrés sur le cœur du segment. Il s’agira d’une proposition avec un rapport prix-équipement-qualité qui sera digne de ce que Dacia a toujours fait. Nous serons en phase avec la promesse de notre marque. Il ne serait pas pertinent de changer d’approche parce que l’on change de segment. Dacia est reconnue pour sa clarté et cela va continuer.

 

J.A. : Le segment C a une part plus importante de clients BtoB. Allez-vous travailler un peu plus sur ce canal avec l’arrivée du Bigster ?

P. L-B : Notre business model est effectivement centré sur les clients particuliers. Ils étaient encore près de 85 % l’année dernière. Si nous travaillons très peu avec certains canaux, car nous ne voulons pas faire de grosses remises, il y en a d’autres, notamment avec le Duster, où nous sommes présents sans dégrader notre profitabilité. Avec notre arrivée sur le segment C, nous devrions effectivement avoir une activité plus grande qu’à l’habitude sur ce canal des flottes, mais en restant sur la même politique.

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